La grande question est : à qui appartient le terroir rural du point de vue juridique ?

Du point de vue des paysans, les limites de leurs terroirs sont bien circonscrites et, dans les zones méridionales, il ne viendrait pas à l’esprit de l’habitant d’un village X d’aller défricher sur le terroir d’un village Y, quoique voisin, quoiqu’appartenant au même groupe ethno culturel. Et, je crois savoir qu’il en est de même sur l’accès aux pâturages, aux sources d’approvisionnement en eau et aux espaces agricoles, dans les régions septentrionales. Mais il me semble que de cela, il n’est point tenu compte quand il s’agit de la survie des cheptels aux dimensions de plus en plus démesurées qui font du surpâturage sur des terres, autrefois exclusivement consacrées à l’agriculture. Parce que, si les choses se passent comme s’il était du droit des éleveurs de disposer des terres agricoles y compris des champs cultivés, c’est bien parce que derrière, il y’ a une volonté politique qui encourage, y compris grâce à des textes cousus de fils blancs, à la dépossession des paysans méridionaux de leurs terres.

Pour ceux qui feignent de l’ignorer, la tradition de la transhumance avait ses règles et son espace dont les limites les plus au Sud bien délimitées. Bref, tant que les règles de cohabitation restent injustes et prédisposent les agriculteurs à être des victimes, les éleveurs se sentiront toujours en droit d’envahir leurs champs.

Car si le calendrier agricole est souple et astreint aux cycles des pluies, celui de l’alternance des éleveurs sur les champs (supposés récoltés) fixe le début delà période des pâturages en novembre. Et nous sommes en novembre.

Les éleveurs ont donc l’autorisation officielle de détruire les champs même s’ils ne sont pas encore récoltés. C’est Hakouma qui l’a dit. »

Nadjikimo Benoudjita.

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