Nouveau terrain d’affrontement entre l’Arabie saoudite et les Émirats, d’une part, et le Qatar et la Turquie d’autre part, le Tchad tire parti de cette concurrence pour faire monter les enchères. Avantage Riyad.

Outil stratégique de l’influence de Riyad sur le continent africain, le Fonds saoudien de développement a envoyé une délégation au Tchad, début juillet, afin de signer en toute discrétion une série d’accords financiers d’un montant de 200 millions $. La Lettre du Continent révèle les montants et les projets.

Riyad lance l’offensive

Négocié en marge du premier Forum international pour l’investissement Tchad-Monde arabe qui s’est tenu du 24 au 26 juin à N’Djamena, l’accord de financement conclu avec le fonds saoudien prévoit notamment plus de 150 millions $ pour le seul secteur routier. Un projet de construction de quatre gares routières à N’Djamena, Abéché, Sarh et Moundou doit être financé sur cette enveloppe. Les 50 millions $ supplémentaires seront investis dans des programmes hydrauliques.

Sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui s’inquiète de l’explosion de la dette intérieure du pays, Idriss Déby cherchait depuis des mois à capter les fonds des pays du Golfe, afin de financer son programme de diversification économique.

Dirigée par le Saoudien Ahmad Mohamed Ali et détenue à hauteur de 23% par Riyad, la Banque islamique de développement (BID) s’est, quant à elle, engagée avec le gouvernement tchadien sur un programme pluriannuel de 275 millions $ sur trois ans. Le ministre des infrastructures, Abdramane Mouctar Mahamat, a notamment proposé à la banque islamique de financer la création d’une compagnie aérienne privée « Tchad Directayr » ainsi que d’intervenir dans le domaine ferroviaire. En plus de ces 275 millions $, la BID cherche par ailleurs à se positionner sur l’axe routier Abéché-Abou Goulème. Près de 150 millions $ devraient être décaissés par l’institution sur le projet. Allié stratégique de Riyad, les Emirats ont conclu un accord de prêt fin juin avec le gouvernement tchadien d’un montant de 150 millions $. Côté émirat, cet accord a été piloté par Mohammed Saif al-Suwaidi, patron du Fonds d’Abu Dhabi pour le développement (ADFD).

Ankara et Doha en embuscade

Ces investissements saoudo-émirati visent à conforter leur position dans le pays au moment où Ankara et Doha multiplient les projets. Idriss Déby joue habilement de la concurrence entre Riyad et Doha pour faire monter les enchères. Côté turc, plusieurs groupes restent positionnés dans le pays, à l’instar du fonds Barer Holding ou de l’entreprise de BTP Summa ( LC n°794). Cette dernière doit signer dans les prochaines semaines un protocole d’entente avec l’Etat tchadien pour la construction du nouvel aéroport de Djermaya.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du continent

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