Les négociations entre un géant pétrolier et ses employés butent sur des intrigues.

Les négociations entre Esso-Tchad et son personnel sont à l’arrêt depuis le début de la semaine. La direction générale de la société pétrolière et ses employés ne s’entendent pas sur l’un des points de revendication, la prime de séparation. Esso-Tchad propose, à chacun de ses quelque 360 employés, 1000 dollars américains (soit environ 650.000 FCFA), sur le prix de vente de ses actifs (qui sont en réalité des bénéfices), estimés à quelque 2 milliards de dollars US, soit 1 200 milliards FCFA, en plus de 3,5 milliards de bénéfices, réalisés pendant ses 18 ans d’exercice au Tchad.

Le personnel, qui réclame 50 à 72 mois de salaire brut, précise que les moyens pour satisfaire ses revendications ne représentent même pas les 2% de la valeur de la vente. Pour le personnel, la proposition de 1000 dollars américains à chaque employé tchadien frise l’indécence et constitue une insulte.

La direction générale d’Esso-Tchad utilise toutes les manœuvres pour conduire une équipe de la société Savannah, qui séjourne depuis quelques jours dans le pays, sur le site pétrolier de Doba, en vue de conclure la dernière étape de la vente. D’autres sources confirment qu’une nouvelle équipe, qui doit gérer la phase transitoire, est à N’Djamena. L’équipe de la direction générale actuelle quittera une fois que cette étape aura été franchie.

Le personnel oppose son refus catégorique à cette visite, sans aucune garantie pour son cas, de l’équipe de Savannah. Pendant que le personnel réclame une garantie écrite signifiant que cette étape n’est pas la dernière, la direction générale d’Esso-Tchad continuerait de chercher plutôt d’autres possibilités pour conduire l’équipe de Savannah Energy sur le terrain. Au champ pétrolier de Doba, les employés sont très remontés contre les agissements de leur employeur.

Des sources au ministère du Pétrole et de l’Énergie alertent, effectivement, que cette étape est la dernière, à l’égard de laquelle le gouvernement doit impérativement agir. « Si on laisse Esso-Tchad conclure sa vente avec Savannah, même le Tchad n’entrera dans ses droits qu’au tribunal arbitral de Paris, en France. En effet, le gros problème reste plutôt entre l’État tchadien et Esso, qui devraient, normalement, s’entendre préalablement sur un certain nombre de points. Il y a des engagements qu’Esso doit respecter avant tout départ. Un calcul rapide permet de comprendre que pas moins de 1 000 milliards américains doivent être versés au Tchad », analyse un juriste, spécialisé dans les dossiers pétroliers.

En effet, depuis leur reprise du 9 août 2021, ayant suivi une suspension d’une semaine, sous l’égide d’un inspecteur du travail dûment mandaté et de représentants des ministères du Pétrole et de la Fonction publique, pour déboucher à un dénouement heureux du différend opposant le géant pétrolier à ses employés, les négociations n’ont donné aucun résultat escompté. L’on en est, jusque-là, au seul point, relatif au plan d’épargne retraite, évacué à l’issue de six précédentes sessions.

Parmi les cinq autres points de revendication du personnel qui restent à négocier, le comité de négociations a aussi suggéré que le point lié à la convention sanitaire pour les retraités d’Esso soit suspendu pour communiquer avec les concernés avant d’en débattre.

Des experts confient qu’Esso-Tchad, détenant 41% des actions et exploitant le champ pétrolier de Doba depuis 2003, après avoir rentabilisé son investissement depuis 2012, n’engrange plus que des bénéfices d’activités assurés à plus de 97% par des employés tchadiens.

La satisfaction des revendications des employés d’Esso, rassurent-ils, ne sortira ni de la caisse de l’État, ni de ses actions dans le consortium. En réalité, la société Esso vend plutôt une part de ses bénéfices, dont elle refuse de partager une infime partie avec le personnel qui les a réalisés. Le personnel d’Esso-Tchad réclame la restitution intégrale du plan épargne retraite, une prime de séparation, une régularisation des droits sociaux, le solde de tout compte, un plan médical, un remboursement de solde de crédit des employés et une convention sanitaire pour les retraités.

Par Djikoloum Frédéric Ngardodim

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