Dans la foulée du rééchelonnement de sa dette auprès de Glencore et de la remontée des cours du brut, l’État multiplie la mise en production de nouveaux gisements. Avec des perspectives encourageantes.

 

Le calcul « intégral » d’Idriss Déby Itno.

 

«Le Tchad va connaître un deuxième âge d’or pétrolier entre fin 2019 et 2025. » Ministre du Pétrole et de l’Énergie d’août 2016 à mai de cette année, Me Béchir Madet sait plaider pour son secteur. C’est lui qui a obtenu le rééchelonnement de la dette contractée auprès de Glencorepour racheter les parts de l’exploitant du bassin pétrolier de Doba. Une dette dont le remboursement plombait le Trésor tchadien, déjà mis à mal par la baisse des cours pétroliers et dont les recettes sont constituées à 70 % des exportations de brut. Il a fallu toute l’opiniâtreté des autorités tchadiennes, soutenues par le FMI, pour obtenir un moratoire de deux ans sur les remboursements. Une véritable bouffée d’oxygène pour les finances publiques, au moment même où les cours du brut commençaient à retrouver des couleurs. Le Tchad et ses partenaires privés ont profité de l’embellie pour ressortir des cartons les projets imaginés lors de son premier boom pétrolier.

 

Des projets tous azimuts

 

Le pays compte toujours sur son pétrole pour faire carburer son économie. Il n’a pas vraiment d’autre choix dans l’immédiat. En octobre, N’Djamena a lancé la construction d’un mini raffinerie à Rig – Rig, dont les produits seront exclusivement destinés à la consommation nationale. Dans la foulée, sept nouveaux champs ont été attribués à la CNPCIC, dans le bassin de Bongor, où la compagnie chinoise est déjà à l’œuvre depuis 2009. Dans la brousse du Logone-Occidental, Opic Africa achève sa plateforme d’exploitation en même temps qu’il construit un pipeline de 82 km prévu pour être connecté au centre de collecte de Komé, d’où part le brut tchadien en direction du terminal pétrolier de Kribi, au Cameroun. Toujours dans la même région, Petrochad, qui a mis au jour des puits à Krim-Krim, devra lui aussi les connecter à Komé. « L’avenir est devant nous, estime Béchir Madet. Exxon, avec sa technologie polymère, va augmenter sa production dans le bassin de Doba. La CNPCICfera de même à la suite de l’ouverture de ses nouveaux puits dans le Bongor. Quant à Opic, il va démarrer sa production en 2019 au Logone-Occidental, dans le Sidigui, autour du lac. Et si le pipeline Niger vient à passer par le Tchad, nos installations seront saturées. » Pour le développement du champ de Sidigui, la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) a signé un contrat avec un consortium anglo-chinois qui s’occupera aussi de la construction du gazoduc, du dispositif de purification du gaz ainsi que du terminal gazier de Djarmaya, aux portes de N’Djamena. Le Niger prévoit, lui, de construire un pipeline de 600 km, raccordé au réseau tchadien, pour exporter son brut via le port camerounais de Kribi. Une opération synonyme de ressources supplémentaires pour le Tchad.

 

Un baril à 52 dollars

 

Pour l’heure, la santé retrouvée des cours n’a pas influé sur les volumes de production, qui restent de l’ordre de 100 000 barils par jour. Cela devrait néanmoins avoir peu d’impact sur les finances publiques, puisque le ministère des Finances a élaboré son budget 2018 avec un baril à 52 dollars. Une prudence qui pourrait se révéler payante si la tendance actuelle se maintenait. Au ministère du Pétrole, Béchir Madet se montre optimiste. De nouveaux opérateurs, parmi lesquels United Hydrocarbon, sont aujourd’hui au travail dans la région du Lac, ainsi que dans le bassin des Erdis, situé dans le Grand Nord. Enfin, les équipements de forage qui viennent d’être acheminés commencent à prendre leur service pour faire jaillir l’or noir du champ de Dosséo.

 

OPEP africaine

 

Le 31 mars, N’Djamena a accueilli la 35e session des ministres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole africains (Appo). Basée à Brazzaville, l’Appo entend, à terme, devenir le principal interlocuteur de l’Union africaine (UA) en matière d’énergie. « Les enjeux sont importants, car notre économie ne peut se développer avec une consommation énergétique aussi faible », estime son secrétaire exécutif, le Nigérien Mahamane Lawal Gaya. L’organisation exhorte donc les pays exportateurs et ceux qui ont le potentiel pour le devenir, soit 52 sur les 54 membres de l’UA, à se donner la main « pour, ensemble, peser sur l’échiquier mondial », souligne Valérie Commelin, représentante du Tchad à l’Appo.

 

Par Madjiasra Nako

Jeune Afrique économie

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