10 décembre 2012 TCHAD: POINT DE PRESSE INVITANT A LA VILLE MORTE A N’DJAMENA LE MARDI 11 DECEMBRE 2012.
Droits de l’Homme Sans Frontière (DHSF)
Association pour les Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT)
Action des Chrétiens Pour l’Abolition de la Torture Section du Tchad
(AC AT/TCHAD)
Alliance des Associations des Défenseurs des Droits Humains et de l’Environnement au Tchad (ADHET)
Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de L’Homme (ATPD)
Association Sociale des Jeunes pour la Défense des Droits Humains (ASJDH),
Convention Tchadienne pour la Défense des Droits Humains (CTDDH),
Association des Femmes pour le Développement et la Culture de la Paix au Tchad (AFDCPT)
Association des Femmes Juristes (AFJT)
Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL)
Union des Syndicats du Tchad(UST)
Tchad Non- Violence (TNV)
Commission Nationale Justice et Paix (CNJP)
Groupe Citoyen (GC)
Citoyennes, Citoyens,
Point n’est besoin de vous dire que l’immense espoir tant suscité par l’exploitation de notre pétrole et surtout son raffinage sur notre territoire s’est prématurément volatilisé. Le tchadien lambda qui aspirait à un mieux-être a commencé à désenchanter. Et au point où nous sommes parvenus, rien n’augure ne serait cequ’un début d’amélioration de ses conditions de vie. Ceux qui sont sensés nous assurer protection, sécurité et bien-être prennent plutôt le loisir de nous infliger impitoyablement une peine sociale inédite pendant qu’une frange minoritaire de la population vit imperturbablement dans une opulence insolente. Nos gouvernants, nonobstant cette vérité brute et brutale qui crève les yeux, s’obstinent désespérément à nous empêcher de réagir, de réfléchir et de dénoncer cet état de fait peu enviable, au point où même le moindre gémissement du citoyen meurtri dans son âme et dans sa chaire est interprété, à tort et à travers, comme une incitation à la haine, une atteinte à l’honneur, un trouble à l’ordre public, une provocation, pour ne citer que ces interprétations erronées et outrancières de toutes revendications sommes toutes légitimes du bas peuple. Des raccourcis simplistes qui tendent à vouloir vaille que vaille formater le citoyen tchadien dans une logique de pensée unique pour faire de lui ni plus ni moins qu’un mouton de panurge, mis au pas par des mesures manifestement impopulaires, inconséquentes et incohérentes.
Il nous semble absolument surprenant que pendant que les prix des produits de premières nécessités grimpent de façon vertigineuse sur les marchés, paradoxalement le Gouvernement rompt unilatéralement les protocoles d’accord le liant aux syndicats des travailleurs avec toutes les conséquences qui y découlent, tout en augmentant de façon inattendue et injustifiée les prix de certains produits pétroliers qui sont pourtant vitaux pour la survie de nos ménages. Ces funestes mesures ont inévitablement pour corollaires des revers sociaux, financiers et économiques incalculables sur la vie des salariés, de leurs nombreuses familles et partant sur le quotidien de la majeure partie de la population qui croupit déjà dans une misère indescriptible.
Bien plus, mettant à rude épreuve le sacro-saint principe de la liberté syndicale reconnue par d’innombrables instruments juridiques nationaux et internationaux, pendant que les tchadiens attendaient une sortie honorable dans l’intérêt des parties prenantes, à savoir le Gouvernement et les Syndicats, nos plus hautes autorités ont, contre toute attente, choisi d’adopter la posture la plus inélégante et à la limite belliqueuse qui soit en rompant brutalement les accords antérieurs et en proférant même de graves menaces sur l’Union des Syndicats du Tchad (UST), lui intimant l’ordre de lever purement et simplement le mot d’ordre de grève, et tenez-vous bien, dans un délai de 15 (quinze) jours, et cela par une lettre datée du 29 Novembre 2012, émanant du Ministre de l’Administration du Territoire qui, en vérité, est dépourvu de toute qualité pour agir en l’espèce dans un conflit qui est purement social. Pour dire autrement, c’est une sorte d’épée de Damoclès que le Gouvernement fait planer sur un syndicat qui n’a eu pour tort, si tort il y a, que de revendiquer des droits légitimes en usant d’une prérogative constitutionnelle reconnue qui lui confère le légitime droit d’inviter ses membres à cesser collectivement le travail pour appuyer ses revendications diverses, à savoir le droit d’aller en grève.
C’est inadmissible, et nous sommes en droit de dire que ces fébriles agissements, à la limite, anticonstitutionnels portent dangereusement atteinte à la liberté syndicale, à la liberté d’association, d’expression et d’opinion qui sont entres autres des droits fondamentaux inaliénables, reconnus à tous citoyens non seulement par la constitution notre pays mais aussi et surtout par des instruments juridiques internationaux.
Nul ne doute que les peuples ne peuvent pleinement gouter les fruits de la prospérité que là où s’exerce la liberté et la démocratie. La démocratie doit être vécue comme une réalité ouverte et dynamique et non comme une manifestation sociale chargée des intolérances et des incompréhensions. La violence sociale est dangereuse, car elle engendre à son tour d’autres violences qui peuvent conduire à des révolutions intolerées.
La politique est le lieu d’investissement par excellence, l’espace où se condensent les problèmes d’une société. Il n’est donc pas étonnant qu’elle suscite à la fois des enthousiasmes et des répulsions, du dédain et de l’espoir. Elle fonctionne souvent sur le mode de l’urgence et du court terme. Mais la vraie qualité des hommes politiques se mesure à leur capacité à régler les problèmes urgents tout en restant éveille sur les questions à long terme.
Citoyennes, Citoyens,
Au regard de ces graves entraves qui tendent inévitablement à asphyxier la société civile et les forces vives de la Nation, nous, Associations de la Société Civile, à savoir : Droits de l’Homme Sans Frontière (DHSF), Association pour les Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT),Action des Chrétiens Pour l’Abolition de la Torture Section du Tchad (ACAT/TCHAD), Alliance des Associations des Défenseurs des Droits Humains et de l’Environnement au Tchad (ADHET), Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de L’Homme (ATPD),Association Sociale des Jeunes pour la Défense des Droits Humains (ASJDH),Convention Tchadienne pour la Défense des Droits Humains (CTDDH),Association des Femmes pour le Développement et la Culture de la Paix au Tchad (AFDCPT),Association des Femmes Juristes (AFJT),Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL),Union des Syndicats du Tchad(UST),Tchad Non- Violence (TNV),Commission Nationale Justice et Paix (CNJP)et le Groupe Citoyen(GC),appelons toute la population de N’Djamena à observer une JOURNEE VILLE MORTE le Mardi 11 Décembre 2012.
A travers ce geste civique et citoyen, la population tchadienne voudrait exprimer clairement à nos plus hautes autorités sa soif de vouloir aussi profiter un tant soit peu des richesses issues de l’exploitation des ressources naturelles et minières communes de notre pays. Le souhait le plus ardent de la population tchadienne est celle plus simple d’aspirer, à égalité de chance et de droits, au mieux-être par une distribution équitable des richesses de notre chère Patrie. Et cela, à travers la subvention des produits de première nécessité, des matériaux de constructions pour les rendre accessibles à tous, l’augmentation substantielle et régulière des salaires pour une vie descente et la prise des mesures efficaces et efficientes pour mettre fin à la surenchère organisée et entretenue par certains commerçants véreux qui occasionne la vie chère qui condamne le citoyen lambda à végéter désespérément dans une misère qui heurte de façon frontale la conscience humaine.
Par cette action citoyenne pacifique, le peuple tchadien voudrait demander aux protagonistes, à savoir le Gouvernement et les Syndicats, d’entamer un dialogue sincère, dépourvu de toute passion, pouvant aboutir à une solution idoine dans l’intérêt de tous et surtout de la population qui subit atrocement les contrecoups de cette crise sociale qui perdure et semble inévitablement s’enliser par la fatale décision tendant à rompre unilatéralement des conventions légalement signées et ayant conférées des droits acquis aux travailleurs.
Aussi, s’inscrivant dans la logique d’une justice équitable et indépendante, nous invitons instamment le Gouvernement, à mesurer, avec un recul, la portée de ces poursuites judicaires fantaisistes, initiées contre les leaders syndicaux et le Directeur de Publication de N’Djamena Bi-Hebdo et de reconsidérer cette décision, sinon l’aboutissement de cette procédure judiciaire par la confirmation de la décision d’instance corroborera, à n’en point douter, l’idée selon laquelle se trouvant en panne de stratégie de gouvernance, le pouvoir judiciaire semble être aujourd’hui le bras armé de l’exécutif pour étouffer toutes celles ou tous ceux qui osent bousculer l’orthodoxie stéréotypée de ceux semblent nous gouverner à tâtons.
Citoyennes, citoyens ;
Au regard de ce qui précède, par les gestes suivants : refus de voyager, d’acheter de carburant, d’ouvrir ton bar, ton café, ton restaurant ou le refus d’y aller, le refus d’ouvrir ta boutique, d’aller au marché, de faire circuler ton clando, ton taxi, de travailler ce Mardi 11 Décembre 2012, pour ne citer que ces attitudes pacifiques, tu réussiras à changera le cours de l’histoire, tu briseras le paradigme en faisant évoluer la mentalité de nos gouvernants. Par ce geste, tu exigeras d’eux la reconnaissance de tes droits fondamentaux et tes libertés qui sont sacrés et te sont expressément conférés par la Loi Fondamentale, à savoir la Constitution.
Tout en comptant sur votre sens civique et citoyen pour la survie de notre jeune démocratie et le bien-être social de tous, nous vous invitons à faire ce geste pour la reconnaissance de vos droits et partant votre survie.
Nous vous remercions.
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