Alors que la transition se poursuit à N’Djamena, l’ancien patron du Mouvement patriotique du salut, fondé par Idriss Déby Itno, brille toujours par son absence.

Selon nos informations, Mahamat Zen Bada vit aujourd’hui en France. L’ancien secrétaire général du Mouvement patriotique du salut (MPS, l’ex-parti au pouvoir) partage son temps entre Paris et Montpellier, près des rives de la Méditerranée, où réside une partie de sa famille.

Mahamat Zen Bada est en réalité en séjour en France depuis le début du mois de juin, officiellement pour y recevoir des soins médicaux – ce qu’il a l’habitude de faire depuis plusieurs années.

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Il ne s’est pas rendu au Tchad ces deux derniers mois et ne s’est guère impliqué dans les affaires du parti, dont il n’a pourtant pas été exclu.

En rupture

L’ancien patron du MPS a surtout choisi de se mettre en retrait de la vie politique tchadienne après la mort du maréchal-président Idriss Déby Itno à la fin du mois d’avril. Selon nos informations, Mahamat Zen Bada n’a en effet guère apprécié de ne pas être associé de près à la formation de l’actuel gouvernement de transition.

Il estimait ainsi que le MPS, qu’il dirigeait alors, n’avait pas obtenu suffisamment de postes au sein des équipes ministérielles. Surtout, il n’a pas digéré la nomination à la primature d’Albert Pahimi Padacké, rival d’Idriss Déby Itno et du MPS lors de la dernière présidentielle.

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Selon nos sources, il s’est surtout heurté de plein fouet à la volonté de Mahamat Idriss Déby, l’actuel président de la transition, et de son cabinet de provoquer un renouvellement des instances du MPS.

Retour en septembre ?

Alors que Zen Bada séjournait en France depuis quelques jours déjà, Ruth Madjidian Padja, première secrétaire générale adjointe de la formation, avait ainsi convoqué un congrès extraordinaire. Ce que Zen Bada avait interprété comme une tentative de passage en force destinée à l’évincer.

« Il aurait pu valider la convocation du congrès et approuver l’effort de redynamisation du parti après la mort d’Idriss Déby Itno. Mais il s’est braqué, il a voulu annuler le congrès et les militants l’ont mal pris », explique un membre du bureau national. Haroun Kabadi, le président de l’Assemblée nationale et ancien secrétaire général du MPS, a ainsi été appelé pour lui succéder.

Position fragilisée

Or, selon nos sources, les deux hommes entretiennent des relations très tendues et si Zen Bada bénéficiait du soutien du financier Abakar Tahir Moussa – un important pourvoyeur de fonds pour le parti – et surtout de l’appui d’Idriss Déby Itno, qui l’avait encore nommé directeur de campagne lors de la dernière présidentielle, sa position est aujourd’hui très fragilisée.

Prépare-t-il un retour au premier plan depuis la France ? Certains proches du MPS évoquent le début du mois de septembre. « Il prend le temps du repos et de la réflexion », estime une source le connaissant bien.

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Selon nos informations, il pourrait bénéficier du soutien de membres de la famille du président de la transition, notamment de Daoussa Déby Itno, le frère de l’ancien chef de l’État qui voyage régulièrement en France, mais aussi du gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, Abbas Mahamat Tolli.

Jeune Afrique

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