Mahamat Idriss Déby Itno a repris le chemin du Nord. Le 18 août, il s’est rendu à Bardaï, dans le Tibesti, le fief de sa famille paternelle, à plus de 1000 kilomètres au nord de N’Djamena. Quelques jours plus tôt, dans la nuit du 9 au 10 août, l’armée avait subi dans la région les attaques d’un groupe rebelle, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR, l’un des mouvements les plus actifs du pays, basé dans le sud de la Libye).

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Ces attaques ont fait « plusieurs morts », selon les rebelles, qui ont aussi affirmé avoir « capturé vivants » 23 soldats, détruit neuf véhicules blindés et dérobé divers équipements militaires. Le 12 août, plusieurs vidéos montrant les otages ont été diffusées sur internet, symbole d’une forte montée des tensions et d’une multiplication des incidents liés au CCMSR ces derniers mois dans le nord du pays. L’armée tchadienne s’était d’ailleurs lancée dans une opération « de ratissage » de la région afin de repousser les rebelles vers la Libye.

« Je suis bien vivant »

Ces événements interviennent alors qu’un autre mouvement armé, le Front pour l’alternance et le changement au Tchad (FACT), a quant à lui annoncé dans un communiqué rompre son cessez-le-feu avec N’Djamena, en représailles au bombardement de l’une de ses bases par l’armée. « Malgré notre bonne volonté pour trouver une solution pacifique à la crise qui mine le pays, la junte militaire au pouvoir vient de nous déclarer la guerre », a assuré le FACT, qui utilise aussi le sud de la Libye comme base arrière pour mener ses actions au Tchad.

SI VOUS VOULEZ LA PAIX, LA PORTE EST GRANDE OUVERTE

Mahamat Idriss Déby Itno, qui s’active à N’Djamena pour préparer la future élection présidentielle, a donc de nouveau endossé ses habits de chef de guerre dans le Tibesti – région stratégique car peuplée en partie des Zaghawas, l’ethnie de son père, feu Idriss Déby Itno. Affirmant se tenir prêt à envoyer ses troupes en Libye, dans la zone frontalière prisée des rebelles, il a souhaité envoyer « un message » à ses adversaires déclarés, en répondant au passage à une rumeur qui, ces derniers jours, le disait mort ou grièvement blessé.

Ce 22 août, le président de la transition a poursuivi sa tournée dans le Tibesti. « Je suis bien vivant et je veux envoyer ce message aux rebelles : vous avez deux options. Si vous voulez la paix, la porte est grande ouverte. Elle n’est pas fermée. Mais si vous voulez le contraire, si vous voulez la guerre, je suis ici à Kouri et je vous attends », a-t-il déclaré dans une vidéo tournée au milieu de plusieurs haut gradés. Sur place, il a rencontré les autorités locales et militaires. Une façon, là encore, de galvaniser les troupes.

Jeune Afrique

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