Idriss Deby a de sérieux problèmes ; non seulement au niveau de la santé, mais aussi des problèmes de sécurité pour son pouvoir, conséquences de la vacance temporaire du pouvoir .

En 24 h, deux têtes sont tombées : le Chef d’Etat Major et le Commandant de la Garde Présidentielle ont été limogés. Idriss Deby et son entourage ont eu à constater leur grande impopularité et la ville de N’djamena était traversée de tous les côtés, par une immense vague d’espoir que ce régime va finir enfin. Cette impopularité palpable, dans tous les coins et recoins, explique pourquoi, dès que l’on parle d’Idriss Deby malade, cela fait le buzz parce que tout le monde est fatigué d’un règne de presque 30 ans et d’un homme qui ne compte pas partir de manière démocratique.

Pire, Idriss Deby, s’il estime qu’il est en situation d’incapacité de gouverner compte mettre au pouvoir un des siens : quelque chose qui ne s’est jamais passé au Tchad. Dans sa conception, le pouvoir s’arrache, non pas, par le résultat des urnes mais par la force des armes. On peut rêver ou faire croire à autre chose, mais la réalité est bien celle -ci.

Aujourd’hui, sa gestion familiale et clanique du pays d’une part, et la confiscation des revenus pétroliers et des richesses minières entre les mains de son clan, d’autre part, ont ruiné tous les espoirs d’un développement pour le pays qui a perdu toutes les occasions de sortir de l’ornière.

Faut-il alors s’étonner, dans ces conditions, que la fin du cauchemar de son long règne, synonyme de tant de souffrances, de désastres, soit liée à sa disparition physique ? Que les espoirs des uns et des autres se croisent parce que c’est le système Deby, imposé par lui même qui l’a voulu.

Dans sa tête, il n’est pas Président de la République. Il est SULTAN ; et les sultans meurent au pouvoir.  C’est pour cela qu’il cherche aussi à mettre son fils pour lui succéder.

En France, François Mitterrand avait caché au peuple français qui l’a élu qu’il avait un cancer. Il a mobilisé tous les services de renseignement, de sécurité intérieure et extérieure pour imposer un Secret Défense Absolu sur sa maladie. Il a fait cela pendant 14 ans. Autre exemple, Jacques Chirac avait fait un petit AVC ,  dès que l’annonce de son hospitalisation est donnée ; c’en était fini pour son éventuelle candidature aux Présidentielles .

Autrement dit, santé et sécurité du pouvoir sont intimement liés. Les malades qui nous gouvernent, veulent continuer à le faire sans être interrogés sur leur capacité à diriger le pays.

Au Tchad, la situation est comparable, la santé d’Idriss Deby se dégrade sans arrêt et pose automatiquement la question de sa succession dans un système dictatorial qui refuse totalement un schéma démocratique de transmission du pouvoir. Voilà ce qui crée le buzz à chaque fois qu’il chute.

Alors, le système se protège en mobilisant tous ses services, en sonnant l’alerte auprès de ses alliés, en distribuant de l’argent à tout va, pour contrecarrer ceux qui veulent lever le voile. Baharadine Berdeï a failli être tué parce qu’il a osé parler de la maladie de Deby. Ou encore, c’est la rengaine trentenaire consistant à taxer les personnes de nostalgiques de l’ère Habré. Une chose est sûre ; être nostalgique, c’est quand même mieux que d’être une pourriture corrompue et incompétente.

Idriss Deby a vu son pouvoir vaciller en même temps que lui. Il a dégagé deux piliers importants de son pouvoir : le Chef d’Etat Major des forces armées et le Commandant de la Garde Présidentielle. C’est bien la preuve qu’ayant perdu le contrôle du pays pendant plusieurs jours, il a vu des dangers, menacer son pouvoir d’où les sanctions prises au plus haut niveau du pouvoir, au sein même du carré des fidèles. Une autre chose est importante, c’est la rapidité des mesures et la volonté de faire comprendre que la disgrâce des responsables est liée aux récents événements où il était totalement out.

Il faut s’attendre donc à un véritable durcissement du régime considérablement affaibli par la diminution des conditions physiques de Deby mais aussi par les fissures au niveau de la cohésion du clan au pouvoir. Désormais, beaucoup vont cogiter pour un schéma de succession.

Conséquences de la fragilité d’un pouvoir qui tangue quand celui qui le détient, tombe malade, sur le plan international aussi, des questions vont se poser sur sa capacité à rester à la tête de l’Etat compte tenu de son implication dans la sous région et ailleurs. Paradoxalement, la recherche de la stabilité dans les pays où les forces armées tchadiennes sont impliquées, va pousser à la recherche d’un plan de succession à Deby sans difficultés, ni chaos pour le Tchad.

Idriss Deby s’est investi militairement partout, pour avoir une présidence à vie auprès de ses parrains français. Aujourd’hui, la nouvelle donne, de son état de santé défaillant va jouer contre lui. Il urge de régler la succession de Deby pour le bien des populations tchadiennes et pour la stabilité de la sous région.

 

La Rédaction de ZoomTchad.

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