Nommé directeur de cabinet du président tchadien le 4 janvier, Idriss Youssouf Boy est le plus proche collaborateur de Mahamat Idriss Déby Itno. Appelé à devenir un Premier ministre bis, il ne manque ni de soutiens ni d’adversaires. 

Idriss Youssouf Boy n’aura pas mis longtemps à rebondir. Démis de ses fonctions de secrétaire particulier du président de la transition en juin 2022, soupçonné d’avoir pris part à des détournements de fonds publics à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), remis en liberté puis ayant bénéficié d’un non-lieu en juillet, il a été nommé, ce 4 janvier, directeur du cabinet civil de Mahamat Idriss Déby Itno, le chef de l’État. Un retour au sommet qui ne surprend personne. Idriss Youssouf Boy et le fils d’Idriss Déby Itno sont en effet très proches depuis des années.

Rivalité avec certains hauts gradés

Dès le début de la transition, à la mi-2021, Idriss Youssouf Boy s’est en effet imposé comme le principal collaborateur de Mahamat Idriss Déby Itno, suscitant la réserve de plusieurs personnalités du Conseil militaire de transition (dissous depuis), à commencer par celle de l’influent général Hamada Youssouf Mahamat Itno, qui est pourtant son cousin.

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Idriss Youssouf Boy se heurte occasionnellement à certains hauts gradés zaghawas, ex-fidèles du défunt Idriss Déby Itno, comme le propre frère de ce dernier, Salaye Déby Itno. Ses détracteurs n’hésitent pas à instrumentaliser contre lui ses origines goranes (communauté à laquelle appartient sa grand-mère), lui prêtant l’intention de favoriser cette ethnie au détriment de celle des zaghawas, dont il est pourtant issu par son père.

Plusieurs vidéos du nouveau directeur de cabinet s’exprimant en gorane ont ainsi récemment suscité quelques tensions. « Cela alimente la crainte, chez certains Zaghawas, que Mahamat Idriss Déby Itno, qui fait partie des deux communautés, choisisse de favoriser les Goranes », confie un proche du palais présidentiel. Assertion vivement démentie par l’ancien officier des Douanes.

Dans l’armée, Idriss Youssouf Boy peut s’appuyer sur ses frères généraux, dont le plus influent, Tahir Youssouf Boy, préside la Commission mixte de désarmement. Il a également tissé sa toile au sein du Mouvement patriotique du salut (MPS, ancien parti au pouvoir), où il reste proche de Jean-Bernard Padaré, ministre à la présidence, et de Haroun Kabadi, président du Conseil national de transition.

Des services de renseignements au business

Avec ces réseaux politiques, il avait d’ailleurs participé, en coulisses, au renouvellement des instances du MPS et à l’éviction du secrétaire général du parti, Mahamat Zen Bada, en 2021. En outre, Idriss Youssouf Boy entretient de bons rapports avec Tahir Hamid Nguilin, le ministre des Finances, l’un des poids lourds du gouvernement actuel et de l’entourage de Mahamat Idriss Déby Itno.

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En fin stratège politique, il a également discrètement participé aux négociations avec les groupes politico-militaires, à Doha et à N’Djamena, avant et pendant le récent dialogue national, au cours duquel il a mis à profit son expérience passée à l’Agence nationale de sécurité (ANS, les services de renseignements tchadiens).

En 2020, il en avait brièvement été le numéro deux, auprès d’Ahmed Kogri, le directeur général, toujours en poste. Il avait ensuite été nommé consul au Cameroun. Ayant lui-même monté des entreprises dans le domaine des transports, il avait profité de son poste à Douala pour étoffer son carnet d’adresses dans le monde des affaires.

Jeune Afrique

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