En amont du dialogue national, le président de la transition a approuvé ce 29 novembre deux projets de loi portant amnistie pour 296 personnes, dont 257 liés aux groupes armés du pays. En voici les détails.

L’annonce était attendue : ce 29 novembre, en conseil des ministres, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement officialisé l’adoption de deux projets de loi d’amnistie générale portés par le ministère de la Justice. Le premier concerne 39 personnes, accusées d’atteinte à l’intégrité de l’État et de délits d’opinion ou condamnées pour ces mêmes motifs.

Le second est de plus grande ampleur, puisqu’il concerne plus particulièrement les groupes politico-militaires et les opposants en exil avec lesquels le président de la transition a entrepris de négocier avant le dialogue national, prévu dans les prochains mois au Tchad. Il doit s’appliquer à 257 membres de groupes armés accusés d’actes de terrorisme ou d’enrôlement de mineurs de moins de 18 ans, ou détenus pour ces mêmes faits.

Le FACT également concerné

Selon une source proche de la présidence, cette amnistie générale concerne les principaux chefs de groupes politico-militaires, notamment Timan Erdimi, actuellement en exil et en résidence surveillée au Qatar, Mahamat Nouri, Abakar Tollimi ou Bichara Idriss Haggar. Contacté par Jeune Afrique, Timan Erdimi a confirmé devoir « en principe » faire partie de la liste des bénéficiaires, mais dit prudemment attendre la publication du décret. Quant à Abakar Tollimi, également sollicité, il affirme être également concerné.

D’après un proche du cabinet du chef de l’État, la liste des bénéficiaires de ces mesures intègre également les membres et chefs du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), groupe rebelle dirigé par Mahamat Mahdi Ali et ayant tenté de conquérir N’Djamena en avril 2021. Idriss Déby Itno, père de l’actuel chef de l’État et président d’alors, avait trouvé la mort dans des combats avec ces combattants rebelles.

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Cette liste est issue des négociations entre le comité technique présidé par Goukouni Weddeye et les groupes politico-militaires. Celles-ci avaient pour but d’aboutir à la tenue (potentiellement au Qatar) d’un pré-sommet tchadien précédant le dialogue national prévu ensuite à N’Djamena. Les chefs des mouvements d’opposition avaient placé l’amnistie générale comme condition numéro un à leur participation.

« Droit à l’oubli »

Selon les termes d’un collaborateur du comité Weddeye, Mahamat Idriss Déby Itno a accepté d’accorder cette amnistie au nom d’un « droit à l’oubli » et d’un « avenir commun ». Le chef de l’État a ainsi donné son accord concernant les responsables de « toutes les infractions, lointaines ou récentes, y compris celles ayant abouti au décès du maréchal » Idriss Déby Itno.

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De même source, le gouvernement tchadien a également prévu de demander à la France de surseoir aux poursuites engagées par la justice française pour crimes contre l’humanité contre Mahamat Nouri. Le chef de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), un temps détenu en France, a été remis en liberté par Paris en mars 2020 pour raisons sanitaires.

Jeune Afrique

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