Au moins 5 personnes, dont quatre représentants de la société civile et de syndicats, ont été arrêtées au cours d’une manifestation qui s’est tenue samedi 14 mai à N’Djamena. La coalition Wakit Tama, à l’initiative de ce rassemblement, protestait contre la présence militaire française au Tchad et le soutien de la France au gouvernement de transition. L’association Survie dénonce ces arrestations ainsi que l’appui apporté par la France au régime illégitime de Mahamat Idriss Déby.
Aux cris de « France Barra ! France dégage ! », les manifestant.e.s s’en sont pris aux symboles de la présence française dans le pays. Plusieurs stations-service Total ont ainsi été vandalisées. Depuis, des militaires quadrillent la capitale et les manifestations, qui se sont étendues à plusieurs villes du pays, sont violemment réprimées. Les leaders de Wakit Tama qui regroupe des partis politiques, des syndicats et des organisations de la société civile, font l’objet d’intimidations croissantes de la part des autorités. Ce 17 mai en fin de matinée, c’est le coordonnateur de Wakit Tama et président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), Me. Max Loalngar, qui a été arrêté par des hommes non identifiés se présentant comme des policiers.
Wakit Tama, dénonce le soutien français au Conseil Militaire de Transition (CMT), présidé par Mahamat Idriss Déby, mais aussi un « faux dialogue national », alors que celui-ci vient de nouveau d’être repoussé. Le président auto-proclamé marche en effet dans les pas de son père : arrestations arbitraires, répression de l’opposition, manipulation des clivages intercommunautaires. Le soutien de la France au régime tchadien ne s’est pas démenti depuis la mort d’Idriss Déby Itno : réception de Mahamat Idriss Déby à l’Élysée l’été dernier, maintien de la coopération militaire et notamment de la formation. Marque publique de cet appui, le 6 mai 2022, lors d’un entretien téléphonique avec Mahamat Idriss Déby, Emmanuel Macron « a salué l’engagement de son interlocuteur pour la tenue du dialogue national dans des conditions inclusives et dans un calendrier rapproché », rapporte l’Élysée (le Figaro, 06/05/22). Quelques jours plus tard, le CMT a annoncé un report de ce dialogue.
Wakit Tama craint l’installation de nouvelles bases militaires françaises dans le pays, ce que l’ambassade de France au Tchad dément. Pour Emma Cailleau, membre de l’association Survie, « ces craintes sont surtout révélatrices de la défiance populaire vis-à-vis de l’armée française, présente au Tchad depuis 1986.
Ce sentiment anti-français exprime en réalité un refus de la Françafrique. C’est ce qui pousse certaines manifestantes à lever des drapeaux russes. Les autorités françaises continuent, quant à elles, à se voiler la face ».

Contact presse : Mehdi Derradji 06 52 21 15 61 mehdi.derradji@survie.org

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