Il ya, plusieurs jours,  circulaient sur face book deux correspondances du Représentant du Sultanat du  Ouaddaï à N’Djamena Cheikh Ahmat Abakar.

L’une a l’ allure d’une mise en garde adressée au président du conseil supérieur des affaires islamiques, l’imam Hassan Hissène pour des  propos d’extrême gravité tenus à l’égard de la communauté Ouaddaienne. L’autre n’est rien d’autre  qu’une plainte contre ledit Hassan Hissène soumise à l’appréciation de  sa hiérarchie théorique qu’est  le ministère de l’intérieur  et de la sécurité pour « complot, outrage et diffamation  à l’endroit des Ouaddaiens ».

 
L’auteur de ces deux missives  Cheikh Ahmat Abakar semble indigné de la conduite  du président du conseil supérieur des affaires islamiques à l’égard des membres de sa communauté. Selon les termes de ces deux  correspondances,  l’imam Hassan Hissène, pour des raisons inavouées, mène  une politique d’exclusion des Ouaddaiens dans la gestion des affaires islamiques  d’une part, et de chercher à créer des confusions dans les esprits en présentant la communauté Ouaddaienne  comme source du terrorisme rampant et leur terroir un probable sanctuaire d’extrémisme religieux d’autre part.


L’attitude de l’imam Hassan Hissène n’est pas un fait nouveau. Elle découle d’un objectif visant à aligner et à asservir religieusement  l’ensemble des musulmans,  à commencer par leurs leaders d’opinion à différent degré et niveau,  à adopter dans leurs comportements  une sorte de « folklore politico-religieux » tendant, si  l’on ose  croire, à invoquer, -si ce serait possible – pendant les cinq prières quotidiennes, l’éloge du tout puissant chef de l’Etat pour qu’éternellement dure son règne arbitraire. Et pour y parvenir, cet hystérique Mollah du MPS faisant de l’Islam une arme politique au service de son  maitre absolu de Djambangato ne s’offusque guère de piétiner des valeurs culturelles, traditionnelles et coutumières qui fondent l’identité de diverses composantes de la nation. Il n’hésite pas non plus à fouler au pied le principe de la laïcité qui consacre au citoyen la liberté de croire ou de ne pas croire,  et qui détermine par conséquent le consensus d’une cohabitation pacifique et harmonieuse pour la société tchadienne diversifiée. Tout cela fut enfreint  dans le fait  et la volonté du pouvoir voudrait que les musulmans sous la houlette d’Hassan Hissène soient formatés dans une seule pensée. Hérétiques sont les réfractaires à ce principe de pensée unique. Ceux-ci peuvent être considérés comme des potentiels terroristes.  Cela  fut attesté cependant  dans  de nombreuses  fiches expédiées  confidentiellement à un haut niveau du pouvoir par cette officine religieuse du régime.


Et comme  le pays devenu champion  dans le combat contre le terrorisme dans ce monde, brandir un tel slogan suppose à creuser une fosse commune pour ceux qui sont considérés indésirables  à l’ère de ce que le MPS convient d’appeler  « ‘la  renaissance du Tchad »


L’usage de l’argumentaire du terrorisme est un prétexte souvent appliqué fallacieusement, ces dernières années, par le pouvoir de N’Djamena  pour solliciter d’une certaine manière l’appui des occidentaux  et parallèlement  justifier une répression  contre  des populations ciblées ou bien même chercher à dénigrer,  comme ce fut le cas de certains  mouvements  armés  en  les qualifiant de pratiquer «  un islam militant » .


L’on se rappelle des révélations faites par Wikileaks  qu’ il y a quelques  années, des hautes autorités du  pays  se sont permis d’ aller divulguer  à l’ambassade des Etats Unis au Tchad  que « les  Kréda  sont en liaison avec Al-Qaïda  » . C’est à se demander est- on dans quel pays où ceux qui sont chargés de  protéger  leurs citoyens sont prêts à les jeter en pâture  dès que leurs intérêts égoïstes le commandent ?  Y a-t-il une différence entre eux et les chefs locaux de l’ancienne Afrique qui avaient échangé contre des pacotilles  leurs prochains en esclavage pendant la triste traite négrière ?

 
Toujours est il qu’en vingt trois ans de règne  , le régime d’Idriss Deby a usé à outrance  des subterfuges  dans l’usage de la force pour blâmer , incendier , aplatir  et réduire son petit peuple à l’état de » fureteur des fourmilières » peinant  à trouver quelques graines pour sa subsistance et ce,  en dépit des richesses colossales provenant des rentes pétrolières.


Et pour revenir sur les divergences qui opposent les Ouaddaiens  au Président du conseil islamique, dans la correspondance adressée au ministre de l’intérieur et de la sécurité, Cheikh Ahmat Abakar exhorte ce dernier à prendre ses responsabilités  devant les dérives répétées de l’imam Hassan Hissène, en le rappelant à l’ordre pour qu’il cesse immédiatement de jeter de l’huile sur le feu. Mais qui dira que depuis quand  le président du conseil  des affaires islamiques est sous tutelle  du  ministre de l’intérieur ? N’est il pas  dans le fait au dessus de l’ordre gouvernemental ?


Autre point culminant de discorde demeure la question d’une ONG islamique pilotée par Dr Yahya Abdallah, interdite d’activités actuellement au pays. Cette organisation caritative évoluant de façon indépendante, en dehors de giron du conseil des affaires islamiques n’est pas au goût de l’imam Hassan Hissène, qui voit en la personne de Yahya un homme à abattre par tous les moyens. Accusé d’être le cerveau de la manipulation des Ouaddaiens contre  l’imam Hassan Hissène, le Dr Yaya est perçu comme un terroriste déguisé parce que le financement de son ONG ne passe pas par le couloir  bancaire du conseil supérieur des affaires islamiques.


Dans cette guerre larvée, l’imam  Hassan Hissène a remporté une victoire quand le chef de l’Etat Idriss Deby lui-même a tranché en sa faveur lors de la présentation des vœux de la fête de Tabaski.


Reste aux Ouaddaiens de faire recours à l’Eternel afin d’éviter de tomber dans le piège de ‘’crématorium ‘’  du terrorisme qui leur est manifestement tendu, comme le démontre ce complot en cours d’exécution.


Leur salut tout comme celui de l’ensemble du peuple tchadien réside dans le choix d’un changement global et définitif  du pouvoir en  place.


L’on ne cessera  donc de dire que  c’est avec un retard qu’ils ont compris la dangerosité de l’imam Hassan Hissène. Faudrait il être emporté par une irrémédiable idiotie pour ne pas se rendre compte que ce personnage aurait été quelque chose lors des événements du 8 août 1993 ayant occasionné le massacre des ressortissants du Ouaddaï à N’Djamena, bien qu’il eût toujours assisté à l’époque, comme un de leurs ,dans toutes les réunions  dites « préparatoires pour la commémoration  des sacrifices en mémoire des victimes de Gniguilim »  .


Qui aurait en son temps adoubé puis encadré l’imam Hassan Hissène quand celui ci, en bon tourabiste-djihadiste débarquait à N’Djamena en 1990 dans le convoi libérateur du MPS ? Y a-t-il péril en la demeure ?


Alors quiconque élève chez soi un serpent ne doit pas se plaindre de ses morsures si venimeuses soient elles !

Ahmat Yacoub Adam

 

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