Seules dix candidatures à l’élection présidentielle ont été retenues par le Conseil constitutionnel. Celui-ci a validé celle du chef de l’État et du Premier ministre mais a rejeté celles de Nassour Ibrahim Neguy Koursami et de Rakhis Ahmat Saleh.

Dix candidatures validées. Et dix autres rejetées. Au Tchad, les participants à la prochaine élection présidentielle, dont le premier tour doit se tenir le 6 mai prochain, sont désormais connus. Parmi eux, le président et le Premier ministre de transition, Mahamat Idriss Déby Itno et Succès Masra, mais aussi l’ancien titulaire de la primature Albert Pahimi Padacké.

Dix candidatures ont en revanche été retoquées, dont celles de deux opposants, Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh, par le Conseil constitutionnel, a annoncé ce dernier le 24 mars. Leur dossier, tout comme celui de huit autres candidats issus de petites formations politiques, a été jugé « non conforme » et « irrecevable », en raison notamment d’irrégularités dans les pièces administratives requises.

Doutes sur la crédibilité du scrutin

« Le pouvoir ne veut pas faire face à une opposition crédible dans les urnes », s’est insurgé Nassour Ibrahim Koursami, qui avait été investi par le GCAP, l’une des principales plateformes de l’opposition au Tchad. Le Conseil constitutionnel « n’a fait que valider la liste de candidats qui va accompagner le chef de la junte lors de l’élection présidentielle », a ajouté l’opposant.

L’organe a annoncé l’ouverture à son encontre « d’une enquête préliminaire en vue de poursuite pénale » pour « faux et usage de faux », en raison de suspicions sur des pièces justificatives fournies dans son dossier de candidature.

« Tout l’argumentaire utilisé ne tient pas la route », a déclaré de son côté Rakhis Ahmat Saleh, qui était le candidat du Parti pour le renouveau démocratique au Tchad (PRDT), en dénonçant « une véritable forfaiture » et des « manœuvres » du Conseil constitutionnel pour écarter des candidats « sans raison valable ».

L’opposition a dénoncé la participation de Succès Masra comme une « candidature prétexte » destinée à donner un semblant de pluralité à un scrutin qu’elle considère gagné d’avance pour Mahamat Idriss Déby Itno. « Le Conseil a fait la stricte application des dispositions de la Constitution et du code électoral, on ne peut pas contester notre impartialité » a rétorqué un membre du greffe du Conseil constitutionnel sous le couvert de l’anonymat.

Appel au boycott

Une autre des grandes plateformes de l’opposition au Tchad, Wakit Tamma, a appelé le 23 mars à boycotter l’élection, en fustigeant une « mascarade » destinée à perpétuer une « dictature dynastique ». Wakit Tamma avait notamment qualifié l’Agence nationale de la gestion des élections (ANGE) et le Conseil constitutionnel d’ »organes de fraude », « entièrement inégalitaires et inféodés à la junte ».

Cet appel au boycott intervient dans un contexte troublé à N’Djamena, notamment après le décès de l’opposant Yaya Dillo Djerou, tué le 28 février dans l’assaut du siège de son Parti Socialiste sans Frontières (PSF). Human Rights Watch a réclamé début mars une « enquête indépendante », avançant que « sa mort soulève de graves questions sur le climat politique dans le pays à l’approche de l’élection ».

Le Premier ministre tchadien Succès Masra a promis qu’une « enquête de type international » serait menée par son gouvernement pour « déterminer les responsabilités » dans cette affaire.

(avec AFP)

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