Un mot prononcé par Idriss Déby lors de son premier meeting de campagne pour la présidentielle du 11 avril, samedi dans un stade de Ndjamena, a mis le feu aux poudres. L’opposition et la société civile dénoncent un terme en arabe local qualifié d’« insultant » et que l’on ne peut décemment traduire selon elles. Le camp présidentiel parle lui d’un procès de mauvaise intention.

L’opposition ne décolère pas depuis deux jours. Elle dénonce des propos « insultants et méprisants » — « Ni Ori lekou hak !!! Damboula hanakou (« Je vous envoie chier ! Je vous en*** ») avait clamé Idriss Déby —, qui rejaillissent sur tout le peuple tchadien, selon elle. « Ce n’est pas croyable, un chef d’État ne peut pas dire des choses pareilles. Ils nous insultent tous. Moi, je prends ça sur moi, je me lave la main avec. Ça ne se dit pas », commente Ngarléjy Yorongar.

Mahamat Ahamat Alhabo, lui, parle d’une tentative de diversion de la part d’Idriss Déby afin de faire oublier trente années d’échec passées au pouvoir.

« Pendant qu’il faisait son meeting, la ville était dans le noir. On n’avait pas d’eau dans le robinet. Voilà le vrai bilan. Il devait en parler, il devait expliquer aux gens ce qu’il a fait de tout l’argent de l’exploitation et de la vente du pétrole. Au lieu de parler de ces choses-là, cette vulgarité. Je trouve ça pitoyable. »

Réaction du camp présidentiel : « il ne faut pas sortir ce terme de son contexte », explique Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du parti présidentiel et de la campagne électorale d’Idriss Déby. Il rappelle que le maréchal-président parlait des opposants en exil.

Ce n’a rien d’insultant pour quiconque a vécu ou vit au Tchad. Donc ces apatrides, ou ces antipatriotes-là font feu de tout bois pour salir l’image du Tchad. Le président de la République, candidat du consensus, a voulu simplement dire en ces termes : « arrêtez de fantasmer, le Tchad n’est pas à vendre ».”

Mais rien à faire pour le moment, des centaines d’internautes continuent de se déchainer sur la toile depuis dimanche.

Mais en vérité, Idriss Déby est à court d’arguments constructifs pour convaincre les Tchadiens de le porter à la tête du pays pour un 6e mandat.

D’abord pour remplir le stade Mahamat Ouya de N’Djamena, il a fallu acheter la conscience des jeunes et de ceux qui sont réticents afin de venir figurer au stade et faire du bruit. Plusieurs jours plutôt, le cabinet civil fut instruit en coordination avec la sensibilisation du MPS pour filer des sous aux jeunes nécessiteux afin que le stade soit rempli à bloc.

Des hommes d’affaires et une partie de l’argent retiré au trésor, budgétisé, a servi de venir à bout des personnes réticentes.

Le Damboula au pluriel

Ce terme de rue, enfantin n’est pas à la hauteur d’un candidat qui veut le bien des Tchadiens pour 6 ans de plus. Le manque de propositions concrètes, et le réchauffé des projets proposés, mais jamais réalisés poussent Déby à faire de la diversion.

En président mal élu pendant tous les scrutins passés, il se sait qu’il a trop menti aux Tchadiens, au risque de faire de vraies propositions. Son Damboula au pluriel va lui revenir comme un effet de boomerang, car en définitive, Déby doit convaincre dans les lacunes que son régime n’a pu endiguer.

Que fait-on des problèmes des enseignants en grève qui touchent l’éducation nationale, et qui fait le constat d’échec pendant plusieurs années actuellement. Que dit-il des détournements des deniers publics qui minent l’administration tchadienne et qui freine tout développement. Que dit-il de l’absence d’une santé publique décente pour les Tchadiens ? Où en sommes-nous sur les salaires des fonctionnaires, et les revendications de l’UST. Sans compter des problèmes qui endiguent les provinces, les problèmes de l’eau, de l’électricité, des chômeurs vers l’emploi entre autres.

Se sachant mal aimé par la population, son Damboula au pluriel résonne comme un slogan de campagne pour les Tchadiens et ce 6e mandat qu’il brigue malgré l’absence de certains partis de grande envergure.

Mais il est clair que s’amuser à insulter son opposition ne grandit pas un président sortant qui voit son étoile s’éteindre dans les cendres de sa dictature.

Pauvre Tchad

Pauvre MPS

Pauvre Déby

Tchadanthropus-tribune

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