Le président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby, pourrait donner davantage de temps aux pourparlers du Qatar entre groupes politico-militaires afin qu’ils aboutissent.

La question fait l’objet d’un débat au sein du premier cercle du président de la transition au Tchad : Mahamat Idriss Déby, dit « Kaka« , doit-il se rendre à Doha, au Qatar, où se tiennent depuis le mois de mars des discussions entre groupes politico-militaires ?

Une possible rencontre entre l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, la première semaine de mai, après l’Aïd el-Fitr, a même été évoquée avant d’être finalement repoussée. Le jeune général a séjourné jusqu’au 30 avril en Arabie saoudite où, à l’instar du président sénégalais Macky Sall et du chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara, il a effectué son pèlerinage à La Mecque.

Le 22 avril, Mahamat Idriss Déby et l’émir du Qatar ont déjà longuement conversé par téléphone de l’avancée du pré-dialogue avec les politico-militaires en cours. Quelques jours plus tôt, Kaka avait réaffirmé, lors d’un discours à la télévision nationale, la date du 10 mai pour la tenue du dialogue avec la société civile, les rebelles à l’ancien régime et les partis politiques à N’Djamena. Le président serait désormais convaincu de la nécessité d’un report du dialogue.

La déclaration de Kaka avait cependant contribué à mettre Doha dans l’embarras, alors que la diplomatie qatarie n’est toujours pas parvenue à mettre d’accord ses hôtes – 52 mouvements – sur les modalités d’un accord politique. Jusqu’à présent, « Kaka » a pris soin de se tenir à distance – officiellement – des discussions de Doha et a laissé la main à son chef de la diplomatie, Mahamat Zène Chérif. Au moment de l’ouverture du dialogue à Doha, le président de la transition avait ainsi mis en scène une grande tournée dans le sud du Tchad.

Rêve de milliards des rebelles et du gouvernement

Si les discussions de Doha s’étirent, un point est tout particulièrement l’objet d’achoppements : le financement du programme dit « DDR » (désarmement, démobilisation et réintégration). En effet, le gouvernement tchadien compte beaucoup sur les fonds du DDR, qui seraient débloqués par le Qatar et pourraient dépasser les centaines de millions de dollars.

Le retard pris dans les discussions pourrait par ricochet décaler l’ouverture du dialogue national initialement prévu le 10 mai. Le ministre tchadien de la réconciliation nationale, Acheikh ibn Oumar, lui-même ancien rebelle, est favorable à un report du dialogue au Tchad afin de donner encore un peu de temps aux discussions de Doha. Il en a fait part au président lors d’échanges privés.

N’Djamena marche en effet sur des œufs et ne souhaite pas non plus froisser le Qatar. L’envoyé spécial chargé des médiations du ministère des affaires étrangères, Mutlaq bin Majeb al-Qahtani, s’est particulièrement investi depuis plusieurs mois sur le dossier (AI du 20/04/22).

Africa intelligence

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