Un peu plus d’un mois désormais que le pré-dialogue tchadien est en cours au Qatar. Les négociations rassemblent 200 délégués et représentants du pouvoir tchadien et plus d’une cinquantaine de groupes politico-militaires. On attend depuis plusieurs jours que Doha présente un document de synthèse censé reprendre les conditions posées par les différentes parties.
Ce jeudi 14 avril 2022, le médiateur qatari a reçu à nouveau les parties et présenté les propositions venues de Ndjamena. Un document de quatorze pages, 26 articles. À première vue le document dans son entière globalité n’est pas à la hauteur de l’enjeu global d’un accord de paix.
Si les propositions du gouvernement disent vouloir « jeter les bases d’un Tchad nouveau, réconcilié avec lui-même, en vue d’une stabilité durable », rien ne prend en considération le 1 tiers des revendications de l’ensemble des politico-militaires.

Le document ressemble plus à une reddition diplomatique.

Dans l’essentiel du document de N’Djamena, il est promis une amnistie aux signataires, ce qui fut fait depuis un moment pour plusieurs leaders des politico-militaires condamnés.
Un arrêt des opérations visant les groupes politico-militaires alors que depuis un bon moment il y a une accalmie générale sur l’ensemble du territoire. La libération des prisonniers de guerre promise du bout des lèvres, et la restitution de leurs biens saisis, qui restent à définir puisque le comité ad hoc mis en place sous le CTS n’existe plus, et plusieurs usurpateurs des biens confisqués demandent d’être indemnisés par l’État avant de quitter les maisons occupées.
Le pouvoir leur garantit une totale liberté de circulation et le droit de participer à la vie publique et politique, en créant des partis ou en se présentant aux élections. En échange, les groupes politico-militaires devront renoncer à la violence, cesser le recrutement, et accepter un processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Un DDR qui passera par un cantonnement des rebelles avec la réalisation d’un recensement biométrique de chaque combattant.

Côté politico-militaire, avant toute analyse profonde, la pilule semble difficile à avaler.

Si la délégation du gouvernement a passé l’après-midi à travailler en réunion, côté politico-militaires et alliés, on est en train d’étudier ce document qui d’emblée crée des réactions plus que mitigées, et la dimension de la réelle volonté du régime CMT de vouloir faire la paix se pose pendant les échanges au dîner.
Si tout le monde se pose la question sur le retard accumulé, le médiateur cherche la bonne formule pour que Doha ne soit pas un échec. Mais c’est aussi là que les Qataris doivent définir leur expertise en matière de négociation pour arrimer les deux entités. Ils verront jusqu’à où la ligne rouge que suppose la partie gouvernementale à ne pas depasser, et que c’est que les politico-militaires ne doivent pas aussi accepter.
Une mesure de jauge cependant est observée, quand côté gouvernement on lâche que le dialogue national inclusif et souverain pourrait remettre en cause l’accord global de paix que Doha pourrait obtenir. Cette phrase fait réfléchir l’ensemble des groupes, et se demande si tel est le cas, qu’est-ce que tout le monde est venu faire à Doha ?
Toutefois, même si le scepticisme est submergeant, il faut continuer à faire confiance aux Qataris, et se dire aussi que pour arriver vers la paix, le gouvernement tchadien doit revoir ses documents.
Sinon, rien ne semble encore joué.

Tchadanthropus-tribune

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