Le fonctionnement, la gestion et le management de missions diplomatiques tchadiennes s’éloignent de plus en plus de leur mission initiale, à savoir être au service du Tchad et de sa population. C’est une évidence de dire que le fait de représenter, négocier, protéger, informer, coopérer aux niveaux bilatéral et multilatéral exige des compétences particulières pour la gestion et le management des représentations diplomatiques en vue d’un fonctionnement optimal, efficace et profitable aussi bien au pays en termes d’image qu’à sa population en termes de développement.
 

Malheureusement, Ces dernières années, le fonctionnement de plusieurs ambassades tchadiennes, notamment celles en Europe (Suisse, Belgique, Allemagne etc.) s’apparente plus à une entreprise familiale où la notion de la chose publique, les règles élémentaires de l’administration publique, les usages diplomatiques et la vision collective et à long terme sont relégués aux oubliettes. Les pratiques qui prédominent  relèvent de la cooptation clientéliste, basée sur des réseaux politico-diplomatiques cloisonnés et mafieux ; l’essentiel du travail consiste dans la préservation des intérêts personnels par tous les mécanismes les plus détestables. Il consiste également à renouveler, renforcer et cloisonner davantage ces réseaux, en dépit de la contestation, la désapprobation, l’indignation aussi bien à l’intérieur même de la classe politique et diplomatique tchadienne qu’au niveau de simples citoyens au Tchad et dans la diaspora.
Se déclarant croyants en Dieu, mais drapés dans un cynisme et une hypocrisie permanents, loin de la morale, de l’éthique spirituelle et professionnelle, certains ambassadeurs font énormément du tort au Tchad et aux tchadiens. Ils  usent de tous les subterfuges les plus cyniques possibles dans l’unique et exclusif souci  de préserver leurs intérêts personnels, familiaux et/où clientélistes.  Cette façon de se comporter et d’agir est indigne de la part d’un représentant de l’État, qui se doit en principe d’être au-dessus de la mêlée et de défendre les intérêts de tous.
 

Ce genre de pratiques, de gestion et de fonctionnement risquerait d’aboutir à la prise en main des ambassades tchadiennes par les citoyens à l’exemple de certaines ambassades africaines en Europe. Il met également en évidence le manque de vision claire et de rigueur dans la politique étrangère du pays en général, et plus particulièrement à l’égard de ses valeurs et intérêts à défendre. Et pourtant, le Tchad ne manque pas de cadres et d’agents de grande valeur aussi bien sur le plan de compétence et de l’intégrité qui, utilisés rationnellement, peuvent apporter des valeurs ajoutées considérables à notre pays et renforcer sa crédibilité à l’échelle nationale, régionale et internationale. Face au rythme auquel évoluent la diplomatie internationale et le contexte national et international, notre diplomatie a besoin du sang neuf, de nouveaux talents, de nouvelles compétences et qualités, en plus de l’expérience des aînés, dans une complémentarité constructive et une harmonie créatrice.
 

Si rien n’est fait pour mettre fin à ces pratiques, le système oligarchique qui s’est déjà installé dans certaines ambassades et missions permanentes tchadiennes, finiront par prendre de l’ampleur et hypothéquer sérieusement toutes les chances qu’à le Tchad de se faire une place sur le plan international et de se construire un avenir meilleur. Nous Saluons au passage l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel diplomatique dans les ambassades du Tchad avec la mise en application rétro du décret N° 570. Cette préoccupation majeur du personnel diplomatique a été également au centre de nos différents articles précédents. C’est un acte positif à mettre à l’actif du gouvernement.
 

Cependant, pour parer à tout ce qui précède, la conception de la politique étrangère tchadienne et la désignation des acteurs censés la mettre en pratique et représenter honorablement le Tchad à l’étranger méritent d’être revues, et toutes les ressources mises à la disposition de ces acteurs doivent être mieux affectées,  gérées rationnellement et contrôlées rigoureusement. Comme le disait mon cher confrère Ahmad Makaila, « le Tchad, pour le servir, il faut l’aimer. C’est incontestable que la primauté de l’intérêt général est un principe cardinal dans une République. » Et c’est au nom de cet amour pour notre pays que nous continuons à apporter nos modestes contributions. Certainement cher confrère, on n’échappera peut être à la justice des Hommes, mais la justice divine reste inéluctable.

Talha Mahamat Allim


 

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