À l’extrême Est du Tchad, 20 000 à 30 000 Soudanais fuyant les combats se sont réfugiés, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Dès l’éclatement du conflit, Ndjamena a décidé de fermer sa frontière avec le Soudan, mais un corridor humanitaire reste ouvert pour laisser passer les civils, mais fuir reste extrêmement risqué, car les routes sont contrôlées par des milices. Reportage avec la famille Abdallah, dont le père Youssouf Abdallah rejoint sa femme, sa grand-mère et ses cinq enfants dans le village tchadien de Koufroun.

                       

Enfin ! Le Tchad et la sécurité… Youssouf Abdallah passe la douane avec un grand sourire, le pouce levé vers le ciel. Soulagé d’avoir traversé les quelques kilomètres de route, contrôlée par les Forces de soutien rapide (FSR) et leurs alliés, les sanguinaires milices janjaweeds.

 

Youssouf raconte son périple : « C’est pour chercher la sécurité qu’on vient s’installer ici au Tchad. Là-bas, c’est le chaos, les janjaweed sèment la terreur. On était en plein coeur des affrontements là-bas, on a vu les gens se tirer dessus. J’ai vu beaucoup des blessés et des morts aussi. Beaucoup. L’armée soudanaise ? Non… L’armée, elle, a pris la poudre d’escampette. Elle s’est réfugiée au Tchad… Même les policiers ont fui ! »

 

Sauver un maximum d’affaires       

Il rejoint sa famille, déjà à l’abri. À l’arrière du pick-up, le peu d’affaires qu’il a pu sauver des pillages : « Des vêtements, une couverture, un lit, du bois pour le feu… Il ne nous manque plus qu’à trouver un peu d’ombre et on sera bien ! » C’est chose faite au pied de ce grand fromager. Le déchargement peut commencer : « Allez ! Allez ! Attrape ça par l’autre côté ! Non mais tiens le bien ! »

 

Un seul regret : sa machine à coudre. Son outil de travail et seule source de revenus que Youssouf a dû laisser derrière lui, faute de place : « La, priorité, c’était d’évacuer les enfants. Le reste, peu importe. Mais si je trouve une occasion, je repartirai la chercher. » Avec lui, sa grand-mère octogénaire et malade, qui ne peut plus se déplacer.

 

« Là-bas, c’est le chaos »

Dans les zones de conflit, côté soudanais, plus de 70% des hôpitaux sont détruits. Pour la famille Abdallah, plus question de repartir : « Ils ont pris ma moto et tout mon argent. Pour le moment, pas question de repartir au Soudan. Là-bas, c’est le chaos, il n’y a plus d’État. Nous avons fui sans presque rien à manger. Juste un peu de Sorgho. »

 

Une fois enregistrée par le HCR, la famille pourra bénéficier des distributions de vivres organisées par le Programme alimentaire mondial (PAM). Comme eux, dans les prochaines semaines, plus de 800 000 soudanais pourraient prendre la route de l’exil, selon l’ONU

Le Tchadanthropus-tribune avec Rfi

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