Si le Rwanda fait figure de bon élève dans plusieurs domaines, ce n’est pas le cas du Tchad bon dernier dans beaucoup de classements à l’échelle mondiale et africaine. Pourtant tout se passe comme si le pays est bien dirigé. Cependant, force est de constater qu’il y ait une volonté clairement  affichée d’un homme de vouloir conserver le pouvoir contre vents et marées Ad vitam aeternam. Il suffit de voir les dénis de démocratie  et de justice pour s’en convaincre. Arrestations arbitraires, procédures judiciaires bâclée, corruption à grande échelle, conflits intercommunautaires interminables, famine cyclique, économie en souffrance, mauvaise gouvernance, détournement et dilapidation tous azimuts des biens publics, non respect des valeurs humaines, blanchiment ou noircissement d’argent, népotisme, injustice sociale prononcée etc. telles sont entre autres les dérives conduisant à l’affaiblissement du pays.

Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui le Tchad va mal. Lentement, ce régime corrompu aux méthodes autoritaires a inexorablement conduit le pays vers des lendemains incertains. Le peuple désabusé ne croit plus au discours démagogique d’un président qui joue constamment de la diversion et du chantage comme fond de commerce  pour se maintenir au pouvoir. Nul ne peut démentir aujourd’hui, qu’après trente ans de règne exclusif, le régime MPS a fait du Tchad, un pays où les intérêts personnels et égoïstes passent avant l’intérêt général. Les libérateurs d’hier sont devenus au fil des ans les oppresseurs d’aujourd’hui oubliant la cause pour laquelle ils avaient combattu et chassé le régime de l’ancien homme fort de N’Djamena, monsieur Hissein Habré. Ils ont vite fait de remplacer la démocratie par l’oligarchie, système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d’individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée. Il n’est pas besoin de faire de longues études ou d’être érudit pour comprendre que c’est la cause principale de l’effondrement de l’économie et de la perte des valeurs dans la société tchadienne, compromettant dangereusement chaque jour l’unité nationale. Ce n’est pas la célébration annuelle en un jour de la journée nationale de prière pour la paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale qui changerait en bien les choses.

En réalité, c’est une sorte de thérapie de groupe autour du président tel un roi recevant honneurs et déférences alors qu’en pareille circonstance c’est le créateur de tous qui devrait être le centre de la cérémonie. Dans un contexte pareil, on se demande bien qui viendrait sauver le peuple tchadien, dont la majorité ne croit  plus à la capacité des pouvoirs publics d’améliorer significativement ses conditions de vie. C’est une mort à petit feu assuré que le pouvoir MPS impose aux Tchadiens fatigués de  vivre perpétuellement dans la misère la plus absolue. Année après année, on assiste impuissant à la dislocation de tous les fondements de l’édifice commun qu’est le Tchad. Aujourd’hui, toutes les conditions semblent réunies pour que  plus personne ne se dresse contre la volonté de ce ce président durablement installé au pouvoir par le parrain français. Et c’est bien le président lui-même qui en avait parlé lors d’une interview accordée à un média français bien connu. L’attelage Idriss Deby Itno-Exécutif français fonctionne selon le principe de l’offre et de la demande. Chacun trouve son compte excepté les peuples tenus à l’écart de toutes les combines occultes et les plus sordides. Les autorités restent sourdes aux différentes sonnettes d’alarme lancées par de nombreux citoyens tels les hommes de médias, les défenseurs de droits de l’homme. Beaucoup sont traités comme des parias pour avoir exercé  simplement leur droit de liberté d’expression en tant qu’objecteurs de conscience. L’exemple le plus récent est le traitement honteux infligé au secrétaire général de la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ahmed Ibedou qui croupit en prison dans une affaire dont la justice  utilise comme un prétexte pour museler une voix discordante parmi cette multitude des admirateurs du régime tel des moutons de panurge. La singularité de monsieur Mahamat Nour Ahmed Ibedou fait de lui la cible d’un pouvoir autoritaire qui n’incarne en rien les valeurs démocratiques utilisées à longueur de temps comme un label  pour se donner bonne conscience et s’attirer la sympathie de la communauté internationale. Dans une publication titrée «Notre Tchad des paradoxes » datant du mois de novembre et commenté par notre Rédaction, le secrétaire général CTDDH a fustigé le comportement peu humain des militaires tchadiens en mission à l’Est du Tchad lors d’un conflit opposant deux ethnies cohabitant pourtant ensemble depuis des années. Le secrétaire général de la CTDDH eut dénoncé la faute politique du président puisqu’ « Après le feu vert et l’autorisation de tuer accordée aux forces dites de l’ordre par Idriss Deby lui-même lors de l’instauration de l’état d’urgence, l’hécatombe s’est abattue sur les villages des zones concernées ».

Quelques semaines après la publication dénonçant les propos irresponsables du chef de l’état suite à  l’instauration de l’état d’urgence et son caractère arbitraire prouvé par le collectif des avocats, monsieur Mahamat Nour Ahmed Ibedou était déjà dans le collimateur du pouvoir. Et pourtant, il suffit de faire un tour sur la toile pour  se rendre compte que le secrétaire général de la CTDDH n’est d’ailleurs pas le seul Tchadien à dénoncer les dérives du pouvoir d’Idriss Deby Itno. Une internaute nommée Brigitte Kamtal eut avoué dans une publication ressente que : « Le Tchad est devenu un pays sanglant, où il n’ya pas le droit humain. Nous sommes tous un seul peuple. Mais je me demande pourquoi certains profitent du régime actuel pour terroriser les autres citoyens et  le régime actuel ferme les yeux sur les meurtres de ses citoyens? J’espère que la justice  sera donnée aux victimes innocentes ».. Et Nerem Mbairigol Nerem d’ajouter : « C’est le régime même qui encourage les tueries et les meurtriers sont protégés par le régime ». Réagissant au meurtre du défunt Bonheur Mateyan le mardi 05 novembre, dont le corps fut criblé par d’impacts de balles causés par les tirs d’un éléments de la garde rapprochée du cortège du Président de l’Assemblée Nationale, Me Hisseine Ngaro eut adressé un message fort à monsieur Haroun Kabadi : « Monsieur Kabadi, après ce forfait dont vous êtes le premier responsable, je me permets de vous dire que désormais, vous êtes : indigne de vous comporter comme représentant d’un peuple qui se fait tuer par balles; indigne d’arborer l’emblème d’une Législature dont vous n’êtes plus le mandataire légal depuis des années ».

Aussi dans une analyse publiée le 24 novembre 2019, l’économiste et analyse politique Kébir Mahamat Abdoulaye eut lancé une question très embarrassante, voire gênante pour le régime en place : « Pourquoi les taux de mortalité et des personnes malades sont élevés au Tchad » ? Monsieur Kébir Mahamat Abdoulaye eut expliqué que les Tchadiens dans leur majorité vivent dans la pauvreté (48%) et dans la misère (25 %). Le phénomène de la pauvreté et de la misère est très accentué dans le milieu rural, plus de 80% ! Lorsqu’une personne ne dispose pas ou dispose d’un revenu très faible, elle ne peut s’offrir une bonne alimentation, des services de santé, éducation…de qualité ou elle a un accès très limité aux services de base (éducation, santé, eau potable, énergie…). Cette privation ou faible accès contribue à la multiplication d’un système nutritionnel déficient, donc à l’aggravation des maladies mêmes les plus bénignes. Et pourtant, depuis plus d’une dizaine d’années, le Tchad se réclame pays exportateur de l’or noir. Que fait-on avec l’argent du pétrole ? Et la grogne sociale causée par une profonde récession économique due à la mauvaise gestion des ressources du pays par le pouvoir en place continue de faire échos. Pourtant le gouvernement reste toujours sourd aux multiples cris du peuple. Idriss Deby Itno avec la complicité de certains chefs religieux catholiques, musulmans et  des Eglises protestantes et évangéliques divertit le peuple en le détournant vers d’autres faits ne servant à rien, sauf ajouter un surplus sur les dépenses de l’Etat. Beaucoup de Tchadiens se demandent plutôt à quoi cela sert cette plateforme interconfessionnelle (PFI), chargée d’organiser depuis neuf ans des journées de prière soi-disant pour la paix ? Comme pour se moquer des Tchadiens, Idriss Deby Itno en tant que président autoritaire qui ne laisse aucune chance à ses détracteurs  eut fait cette déclaration lors de la célébration de la journée nationale de prière pour la paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale qui devait normalement se tenir  le 28 novembre, mais repoussée pour le 02 décembre 2019 : « Vous avez vu juste, car les premiers fondements communs de toutes les religions, ce sont la tolérance et l’amour de l’autre, lesquels constituent des vecteurs puissants d’une cohabitation sociale apaisée ». De qui le président tchadien  se moque-t-il ? Il parle de tolérance comme si les maisons carcérales ne contiennent aucun prisonnier politique ou comme si le Tchad figure parmi les pays où le droit de manifester est bien garanti ou encore on peut bien exprimer ses opinions en toute liberté. En tout cas, Idriss Deby Itno a bien su prendre les Tchadiens en otage !

La Rédaction de regards d’Africains de France

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