Le président de la transition tchadienne a ordonné un remaniement du gouvernement ce 25 février.

Djerassem Le Bémadjiel retrouve le portefeuille du Pétrole, tandis que l’ancien patron de la police nationale, Idriss Dokony Adiker, dirigera la Sécurité publique. Jeune Afrique décrypte la nouvelle équipe de Mahamat Idriss Déby Itno et du Premier ministre Albert Pahimi Padacké.

Il n’aura guère attendu avant de retrouver les fonctions qu’il occupait avant ses déboires judiciaires : ce 25 février, Djerassem Le Bémadjiel a été nommé ministre du Pétrole, à l’occasion d’un remaniement officialisé par un décret lu à la télévision nationale par le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole du Conseil militaire de transition dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno.

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Djerassem Le Bémadjiel avait pourtant été limogé du même poste en septembre, après avoir été mis en examen pour « détournement de deniers publics, utilisation illicite des biens de l’État, corruption, atteinte à la fortune publique, abus de fonction et de confiance, enrichissement illicite, complicité de détournement de deniers publics et entrave au bon fonctionnement de la justice ».

L’inspection générale des services pointait notamment deux contrats d’audit passés par son ministère du Pétrole avec les cabinets américains Alex Stewart International et camerounais Cameroun Audit Conseil, lesquels auraient fait l’objet de surfacturations. Détenu, Djerassem Le Bemadjiel avait été remis en liberté provisoire le 19 mars 2021 et les charges ont finalement été abandonnées le 25 février par la Cour suprême, jour-même de sa nomination en remplacement de Oumar Torbo.

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Doubragne et Sabre Fadoul « out »

Plusieurs autres ministères-clés changent de locataire. Idriss Dokony Adiker est ainsi le nouveau ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration. Ce militaire de carrière originaire de Fada prend la suite de Souleyman Abakar Adoum, lequel avait été récemment visé par une tentative d’assassinat qui avait défrayé la chronique. Idriss Dokony Adiker, élu en décembre dernier président du Comité olympique et sportif tchadien et qui a longtemps évolué dans les instances nationales du sport, est surtout un ancien directeur général de la Police nationale.

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Autre changement majeur : Issa Doubragne laisse sa place au ministère de l’Économie et de la Planification du développement à Mahamat Hamid Koua, qui était jusqu’ici secrétaire général du gouvernement. Doubragne occupait son poste depuis 2018 et faisait, dans le contexte tchadien de remaniement à répétition, figure de vétéran du gouvernement. Un autre « ancien » des équipes ministérielles, Abdoulaye Sabre Fadoul – passé par les Finances et le cabinet de feu Idriss Déby Itno -, cède également son portefeuille de la Santé, où il est remplacé par Abdoulmajid Abderahim.

Sports, Éducation ou Culture changent aussi de main

Mohammed Routouang Christian Ndonga est quant à lui remplacé à la Jeunesse et aux Sports par Mahamoud Ali Seid, ex-directeur des affaires administratives de la Présidence, tandis que Mogna Djihoumta prend le ministère de l’Éducation, Moussa Batraki les Affaires foncières, Ali Weidou l’Enseignement supérieur, Hissein Tahir l’Aviation civile, Mounira Hassaballah le Développement touristique, et Ndougona Bokasse Reradjim la Culture.

Le Secrétariat général du gouvernement est confié à Haliki Choua et le Secrétariat d’État au Dialogue à Djimadjibaye Datambaye Aimé.

Au-delà du remaniement gouvernemental, une autre nomination a été annoncé ce 25 février. Ibrahim Ibni Oumar devient gouverneur de la région du Ouaddaï. Fils de feu Ibn Oumar Mahamat Saleh, disparu dans des circonstances officiellement non élucidées en 2008, il prend fonction dans ce fief familial dans un contexte particulièrement tendu. Son prédécesseur, Ahmat Dari Basine, a en effet été limogé à la demande insistante de la population du Ouaddaï qui lui reprochait d’être le commanditaire de la répression des manifestations qui ont fait au moins vingt morts à Abéché en janvier dernier. Ibrahim Ibn Oumar était jusqu’ici conseiller spécial du président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno.

Jeune Afrique

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