26 septembre 2024 #TCHAD #Russie : Maksim Shugaley et son collaborateur arrêtés à N’Djamena.
Le communicant russe, officiellement sociologue, a été interpellé le 19 septembre en compagnie d’un de ses proches, Samir Seïfan. Les deux hommes travaillent depuis plusieurs années pour la nébuleuse Wagner, qui a la première communiqué sur leur arrestation.
Maksim Shugaley (ou Maxime Chougaleï) et Samir Seïfan commençaient à avoir leurs habitudes à N’Djamena. Les deux hommes ont en effet effectué à plusieurs reprises un séjour au Tchad en 2024, notamment durant l’élection présidentielle de mai dernier. Pourtant, ils ont cette fois été arrêtés à l’aéroport de N’Djamena, ce 19 septembre.
L’information, dévoilée par les canaux de communications du groupe Wagner, auquel les deux hommes sont liés, a été confirmée par le ministère russe des Affaires étrangères, qui affirme mettre tout en œuvre pour éclaircir la situation. Aucune source tchadienne n’a pour le moment indiqué à Jeune Afrique le motif de ces arrestations.
Sous sanctions des États-Unis
Plusieurs scénarios sont évoqués à N’Djamena. « Peut-être Mahamat Idriss Deby Itno sent-il le besoin de répondre à ceux qui disent qu’il se rapproche trop de Moscou actuellement, avance un ex-conseiller du chef de l’État. Cela peut être un signal envers les Occidentaux. »
Le « sociologue » Maksim Shugaley a été placé sous sanctions des États-Unis et de l’Union européenne, accusé de complicité d’atteintes aux droits de l’homme en Libye, au Mali et en Centrafrique. Il reste un rouage de l’afrykanski korpus, ce Wagner post-Prigojine piloté par le renseignement militaire russe.
Le Russe s’était rendu à N’Djamena durant la campagne présidentielle de mai. Selon une source sécuritaire, il était entré sur le territoire grâce à un passeport diplomatique tchadien délivré par l’Agence nationale des titres sécurisés. Selon un intime du palais, le communicant avait été reçu à la villa Burkina, résidence privée du chef de l’État.
Un lien avec la Libye ?
Lors de ce séjour, Maksim Shugaley et Samir Seïfan avaient – selon certaines sources – été accueillis chez Mahamat Idriss Déby Itno par le directeur de cabinet du président, le général Idriss Youssouf Boy, par le secrétaire général de la présidence, Mahamat Ahmat Alhabo, mais aussi par le chef de l’État lui-même. Les deux collaborateurs du président avaient démenti l’information auprès de Jeune Afrique.
Shugaley aurait également voyagé au Tchad aux environs de mars, profitant de l’occasion pour se rapprocher de la frontière libyenne. Le Russe connaît bien la Libye : il y avait été interpellé en 2019 et détenu pour ingérence dans des opérations électorales. Ses activités en lien avec la Libye ont-elles un lien avec son arrestation ? C’est l’une des autres hypothèses développées à N’Djamena.
« Mahamat Idriss Déby Itno marche sur des œufs au niveau régional, entre la crise en Libye et la guerre au Soudan, explique un ancien ministre. La présence et l’activité d’électrons libres liés à Wagner a peut-être fini par poser problème. »
Jeune Afrique
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