18 octobre 2024 #TCHAD #Sahel : Bruxelles planche sur le décaissement de 35 millions d’euros au profit des armées du Tchad et de la Mauritanie
L’Union européenne envisage d’allouer à N’Djamena et Nouakchott le reliquat d’une importante aide décidée il y a sept ans pour l’ensemble des pays du G5 Sahel. Cette enveloppe de 40 millions d’euros servira exclusivement à financer du matériel non létal.
Le dossier, sensible, est piloté par la Direction générale des partenariats internationaux (DG-INTPA) de l’Union européenne (UE). Depuis Bruxelles, ses équipes s’emploient à réorienter une somme de 35 millions d’euros initialement destinée aux forces de défense et de sécurité malienne, burkinabè et nigérienne. Les fonds en question proviennent du programme d’appui de l’UE à la force conjointe du G5 Sahel.
Lancé en 2017 et doté d’un budget de 196 millions d’euros, celui-ci visait à financer l’achat d’équipements non létaux, dont des véhicules blindés et des drones de surveillance, au bénéfice des armées des cinq pays membres de cette organisation, à savoir le Tchad, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Alors que les trois derniers États dirigés par des juntes ont quitté le G5 Sahel – conduisant de facto à sa disparition – tout en se rapprochant de la Russie, Bruxelles prévoit de rediriger la part restante de l’enveloppe leur étant consacrée, soit les 35 millions d’euros, vers Nouakchott et N’Djamena.
La tâche se révèle délicate sur le plan comptable. Tandis que les montants décaissés à travers le programme d’appui de l’UE au G5 Sahel l’ont été dans un cadre multilatéral, les juristes de la DG-INTPA doivent désormais justifier leur emploi au niveau bilatéral. La manœuvre n’est toutefois pas sans précédent. Ces derniers mois, l’UE est discrètement parvenue à réallouer des fonds initialement fléchés vers le Sahel au profit d’autres pays ouest-africains désireux de renforcer leur appareil sécuritaire face à la menace djihadiste.
Manne inattendue
C’est ainsi que le Bénin va bénéficier en 2024 d’un appui pour la sécurisation de ses frontières d’environ 35 millions d’euros. À l’origine destinée en partie au Niger, cette somme doit servir à équiper les Forces armées béninoises.
Pour la Mauritanie et le Tchad, cette manne inattendue viendrait s’ajouter à l’aide que ces pays perçoivent dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix (FEP). Lancé en 2021, cet instrument financier permet, entre autres, à Bruxelles de fournir des équipements militaires létaux comme non létaux aux États étrangers.
Largement mise à contribution pour soutenir l’effort de guerre ukrainien, la FEP a aussi servi à renforcer plusieurs armées africaines, dont celles du Rwanda, du Mozambique, du Tchad et de la Mauritanie. Dans le cadre d’une mesure d’assistance adoptée par le Conseil de l’UE, le 22 juillet, Nouakchott a ainsi obtenu une enveloppe de 15 millions d’euros pour l’achat de matériel médical, d’équipements aéronautiques polyvalents et d’un navire de patrouille.