Le programme national d’éradication du ver de Guinée (PNEVGT), l’un des programmes nationaux du département de la Santé publique, est l’objet de critique de son personnel. Selon nos informations, le programme est victime d’une administration malencontreuse qui menace lentement mais sûrement les efforts de lutte contre les différentes épidémies et endémies contre lesquelles lutte, depuis de nombreuses années, le gouvernement tchadien à coûts de milliards chaque année. Enquête.

 

La dernière controverse en date est le recrutement lancé le 24 janvier 2023, dont les candidats concourent en cette semaine. Dans cet « avis d’appel à candidatures pour le recrutement en interne de (6) chefs d’équipes programmatique », comme intitulé, il est écrit noir sur blanc que « le Centre Carter, ONG internationale à but non lucratif, humanitaire, souhaite recevoir les candidatures des personnes physiques travaillant au programme en vue de recruter des Conseillers techniques suivant les besoins dudit programme ». Un recrutement organisé et exécuté par la Coordination du Programme national d’éradication du ver de Guinée.

                                                                                                                 

Selon des sources introduites, la chose qui étonne le plus les personnes averties, c’est les qualifications requises des candidats « avoir une licence plus 2 ans d’expérience au PNEVGT ou alors un baccalauréat plus 4 ans d’expérience au PNEVGT », alors qu’il n’en existe nulle part par ailleurs et jamais dans l’histoire de ce programme au Tchad. Curieusement, nous confie une source interne au dossier, ce texte exclut une bonne partie des travailleurs. La coordination aurait décidé, en dernier ressort, que le recrutement ne puisse concerner que les techniciens. Ce à quoi, certains délient leur langue pour pointer une mascarade. Pour ceux-ci, le Coordonnateur aurait identifié ses personnes pour les faire accéder à ces fonctions visées. Pour certains cadres du ministère de la santé publique, c’est une banalisation de cette fonction technique hautement sensible dans ce domaine.

 

Ce qui compromettrait gravement l’avenir de cette organisation abandonnée entre les mains des hommes qui semblent profondément mus par leurs intérêts œsophagiques et entretenant un clientélisme et un népotisme ambiants.

 

Une gymnastique managériale

 

Le recrutement à ces fonctions ne date pas d’aujourd’hui. Les documents en nos possessions en témoignent. Le 17 août 22, un avis de recrutement à ces mêmes postes a été publié par le Programme national d’éradication du ver de Guinée au Tchad. Dans cet avis, les conditions requises étaient « un diplôme en santé publique, management des projets, statistiques ou tout autre diplôme équivalent au minimum BAC+4 », suivie d’une « expérience d’au moins trois (3) ans en collecte, saisie et traitement de données et/ou conception et mise en œuvre d’un système d’information pour la gestion. Curieusement, « ce recrutement n’aura jamais eu lieu, en dépit des candidatures déposées », selon notre source.

 

Et ce n’est pas le tout ! le 27 novembre 2022, le même programme publie un autre avis d’appel à candidatures au même sujet avec les mêmes conditions. En réalité, c’est exactement le même contenu qui ne diffère qu’au niveau de la date. Mais force est de constater que les résultats de ce recrutement n’ont jamais eu lieu. C’est dans ce contexte, qu’à la surprise de tous, ce dernier avis de recrutement est publié à l’interne en date du 24 janvier. Cette fois-ci en demandant un profil totalement ridicule. Une preuve que les compétences sont considérées par certains comme un délit. Sinon combien sont titulaires des diplômes supérieurs en Santé publique et domaines connexes pour se rabattre à la quête des bacheliers devenir des dirigeants ?

 

Avec tous les éléments à notre disposition, l’on se pose des questions sur les réelles intentions des responsables de coordination de ce projet ? Et comme nous en avons fait écho la semaine dernière. Tout ce cirque intervient alors que le Coordinateur du PNEVGT avec la complicité du Représentant pays par intérim du Centre Carter a avalisé le licenciement de quatre Chef d’équipe programmatique (ou Conseillers techniques), au mépris total de la législation.

 

Le programme astreint à la l’inspection de travail

 

Un licenciement hors norme intervenu dix jours à peine après l’avis de recrutement les remplaçant en réalité. D’après nos informations, leurs lettres de licenciement leur ont été servies en plein atelier de formation auquel prenaient part les concernés dans un centre à N’Djaména.

 

Ce qui laisse présager que les victimes de ce licenciement étaient guettées depuis le mois d’août 2022. A chaque fois un avis de recrutement était publié sous réserve visiblement de leur licenciement, mais ceux-ci avaient résisté. Jusqu’à ce que finalement le coordonnateur dudit programme obtienne un motif, fut-il hasardeux, pour les sacrifier en début février 2023.

 

L’on apprend qu’au-delà de ces quatre derniers, il y a plusieurs autres procédures en instance à l’Inspection de Travail pour licenciement abusif. Comme on peut le constater, le programme national d’éradication du ver de Guinée au Tchad risque de prendre un sacré coup en raison de la légèreté avec laquelle il est piloté. Ce qui anéantira désespérément les efforts fournis au gré de nombreuses années de lutte afin de mettre un terme à cette endémie, d’une dangerosité avérée.  D’ailleurs, qui sait si les partenaires techniques et financiers, prennent encore au sérieux ce projet. Encore que le personnel américain commence à quitter un après l’autre, nous confie-t-on. Le gouvernement est interpellé à juste titre afin d’y remettre de l’ordre et faire en sorte que les cadres tchadiens y trouvent place, pendant que d’autres nationalités débordent dans cette institution même au mépris des lois de la République, en tout cas au regard de la situation actuelle de ses employés. Il va de l’intérêt du pays afin de sauver les politiques nationales de santé publique.

 

Le Tchadanthropus-tribune avec le Radar

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