Voici une nouvelle intervention en termes d’analyse sociale liée à la santé des populations du Coordinateur National du Programme de Lutte contre le Paludisme au Tchad docteur Djiddi Ali Sougoudi publiée dans son coup de Badangaï 317 du mardi 13 mars 2018. Dès le début de son premier paragraphe on sent tout de suite le message qui’il a tenu à  adresser aux internautes et ses lecteurs en particulier. L’analyste social et médecin de son état, Ali Djiddi Sougoudi écrit :« En dépit de nombreuses campagnes coûteuses de vaccination, en dépit d’immenses ressources financières insufflées dans les vaccins et les campagnes par le Tchad et par les bailleurs dont GAVI, la réalité du terrain en ce qui concerne du taux des enfants vaccinés donne froid au dos. Ce taux constaté par une enquête indépendante se situerait autour de 22% et les enfants réellement vaccinés et tracés ne dépassent pas 4%…Quelle situation désastreuse !!Ces taux qui contrastent avec les taux officiellement admis, ces taux du ridicule qui font morfondre notre pays de honte classent le Tchad parmi les pays les plus arriérés, les plus crétins et les plus nuls en la matière de vaccination. En effet, avec un tel taux médiocre d’enfants vaccinés, le Tchad ne semble pas mieux loti que la Syrie, l’Afghanistan et la Somalie, trois pays vivant sous les bombes de guerres furieuses. Qu’est-ce qui fait du Tchad un pays si médiocre en médecine préventive et en protection de ces enfants par la vaccination qui est une méthode mondialement reconnue et qui protège contre de nombreuses maladies redoutables ? Ces 13 et 14 Mars 2018, un grand forum va agiter la capitale Tchadienne sur la vaccination au Tchad et la situation lamentable de la vaccination dans notre pays sera passée à la loupe et sous le miroir du microscope des grandes politiques de la vaccination ».

Comme d’habitude, dans la majorité de ses analyses, Djiddi Ali Sougoudi aussi poète et professionnel de la santé, met en exergue la santé des populations tchadiennes comme son sujet de prédilection . Et c’est incontestable de s’en apercevoir à travers ses propos comme c’est bien le cas ici : « La problématique sera posée et nous espérons que le parterre des intervenants dépassera les discours démagogiques et les agitations folkloriques en dénonçant les vraies causes qui ont abouti aux pires et piètres résultats. L’anarchie dans les campagnes de vaccinations a trop duré et les folklores qui entourent ces campagnes n’amusent plus personne car il s’agit de l’avenir de toute une nation qui y est compromis par le manque du sérieux dans la conduite de ces campagnes et dans la collecte des données cohérentes et fidèlement documentées. Aller en fausse campagne pour enterrer des vaccins dans la brousse, créer ex nihilo des données imaginaires et purement inventées, se partager l’argent des contribuables et des bailleurs entre copains et coquins initiés au grand banditisme et au pickpocket durant les campagnes, agitations stériles sinon purement cupides autour de ces campagnes prises pour des foires lucratives, voilà des attitudes néfastes à bannir de notre pays et de notre système de santé ».

Il ajoute immédiatement avec des exemples à l’appui que :«Ce qui est davantage inadmissible dans notre système sanitaire, c’est l’existence des concitoyens tchadiens qui pensent qu’ils peuvent encore tromper les bailleurs et les hautes autorités du pays par un rafistolage des chiffres et un raccommodage à fil blanc des indicateurs sanitaires du pays par des arguties indigestes dignes de grands fossoyeurs. Si les préjugés et autres facteurs socio-anthropiques gênent encore la généralisation de la vaccination au Tchad, il y a aussi l’échec patent de notre système sanitaire pris en otage et devenu le sanctuaire des menteurs et l’arène des prestidigitateurs capables de générer des statistiques imaginaires et en contradiction totale avec la réalité du terrain. Notre système d’information sanitaire est le caveau national où s’enterre tout notre système sanitaire. Aucun chiffre n’est vérifiable.Les données et les statistiques sanitaires du pays ne répondent à aucune objectivité ni à aucun sens logique. Les chiffres se créent selon le goût et l’humeur de chacun dans une impunité totale à tous les niveaux ».

Docteur Djiddi Ali Sougoudi observe enfin pour conclure: «Qu’en 2008 par exemple, lors d’une supervision de vaccination de polio à Oumchalouba je découvris que le Responsable du centre de santé avait déjà envoyé au PEV un taux de 98% d’enfants vaccinés sans en avoir vacciné un seul enfant de sa zone de responsabilité. Au lieu de signaler aux autorités que la population de cette ville était réticente à la vaccination avec nécessité d’une mobilisation sociale afin de lutter contre cette réticence par pure ignorance, l’agent de santé jouait de sa partition malhonnête en inventant des chiffres dans une totale indifférence. Suspendu sur le champ pour cette faute grave de malhonnête scientifique et sanitaire, l’indélicat agent de santé reprit du service dans la même ville 1an après mon départ de la Région. Dans certaines régions reculées, les équipes de vaccination bivouaquent quelques parts dans la brousse, en parfaite villégiature et remplissent les fiches en inventant tout et sans vergogne, dans une totale malhonnêteté révoltante. Ce sont ces genres d’attitudes impunies et de comportements ahurissants qui ont vite fait le nid d’un système de santé incohérent, incapable et improductif dans notre pays qui hérite du pire système de santé ne pouvant rassurer sa propre population qui se rue à l’étranger pour traiter ses bobos. Espérons que le forum sur la vaccination ne soit pas un folklore de plus! ».

Ahmat Zéïdane Bichara

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