RIEN DE CE QUI EST KAKI, BLEU MARINE OU BLEU CIEL NE NOUS SERA ÉTRANGER

Baptisés "COS 2020", les travaux sur l’avenir du Commandement des opérations spéciales viennent de débuter. L’une des questions qui devra être tranchée est celle du rattachement, ou non, de nouvelles unités. Cette reflexion s’inscrit sur fond d’inquiétudes quant à une nouvelle réduction du format de l’armée de terre. Au vu de la fin des opérations lourdes (Afghanistan, Cote d’ivoire, Tchad, Sud-Liban, etc…), la tentation pourrait être de faire maigrir les forces terrestres en faisant grossir les forces spéciales. 

Au sein de l’armée de terre, le 3ème RPIMa de Carcassonne rêve d’être la prochaine unité du COS – devenant ainsi un 1er RPIMa-bis. Cela ne convainc pas tous les spécialistes, qui font remarquer que l’armée française manque déjà cruellement d’infanterie (à peine 20 régiments). L’idée qui semble avoir le vent en poupe concerne plutôt le 1er Régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes. Ce régiment, dont les cadres ont des parcours souvent proches de ceux du 13ème RDP, possède un savoir-faire traditionnel en matière de reconnaissance et donc de renseignement. Sous une forme ou une autre, le 35ème RAP (co-localisé à Tarbes) pourrait être regroupé avec lui, apportant les savoir-faire spécifiques de l’artillerie en matière d’acquisition… et donc de renseignement. Dans ce cas, la 11ème Brigade parachutiste perdrait deux de ses régiments, ce qui ne fera pas plaisir à tout le monde. 
L’idée de rattacher le 1er RHP au COS n’est pas nouvelle. En 2001, le général Crène, alors Cemat, l’avait proposé au général Poncet, à la tête du COS… et ce dernier avait refusé en demandant : "pour quelle mission ?" Faute de réponse précise, l’affaire fut renvoyée à des jours meilleurs. 
Le rattachement au COS n’est pas une simple affaire administrative : c’est un autre métier pour d’autres missions qui ne relèvent pas (ou ne devraient pas relever…) de l’infanterie légère, ou de la cavalerie du même poids ! Concrètement, il faut quasiment cinq ans pour réussir le passage d’une unité du classique vers le spécial, avec le renouvellement d’une grande part de l’encadrement. 
Dans l’armée de l’air, comme nous l’évoquions déjà sur ce blog, l’idée est de constituer une brigade des forces spéciales air, qui regrouperait les avions, les hélicoptères et les commandos "spéciaux". Chez les commandos, il s’agirait de rattacher les CPA-20 et CPA-30. Reste un sérieux problème : ces unités peinent à recruter et, surtout, l’armée de l’air ne forment pas assez d’officiers supérieurs dans ces spécialités. Les majors de Salon de Provence ne vont pas chez les commandos de l’air, alors qu’au sortir de Navale, les commando-marine attirent souvent les mieux notés. Sans parler de l’armée de terre, où l’on se bat pour intégrer ses régiments. 
Dans la Marine, le principal problème est celui de la double tutelle des commandos. Pour les opérations spéciales, ils sont placés sous l’autorité du COS, alors que pour les opérations purement navales (de la police des pêches au contre-terrorisme), ils restent sous la responsabilité d’Alfusco. 
Jean-Dominique Merchet
 
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