Le chef de la coalition rebelle centrafricaine Noureddine Adam accuse, dans une interview accordée à Alwihda Info, les autorités centrafricaines de vouloir déstabiliser le Tchad en abritant une nouvelle rébellion en recomposition dans les zones sous son couloir avec le soutien du groupe paramilitaire Wagner.

 

Selon lui, les autorités locales, le député de Paoua 1, et les ministres ressortissants de cette préfecture, membres du parti MCU, sont également complices de ce qui se passe sur le terrain. Depuis la Libye, les mercenaires de Wagner soutiennent tous les mouvements rebelles hostiles au pouvoir du Tchad. Par ailleurs, Noureddine Adam dément tout soutien du Tchad à la rébellion centrafricaine.

 

Les autorités américaines ont partagé des informations avec le Tchad selon lesquelles le groupe paramilitaire russe, Wagner, travaille avec les rebelles pour déstabiliser le gouvernement, d’après le Wall Street Journal. Quelle est votre réaction ? Pensez-vous que le groupe militaire chercherait à déstabiliser le Tchad via la complicité des autorités centrafricaines ?

Noureddine Adam : Ce n’est un secret pour personne. Les images et vidéos circulent sur les réseaux sociaux. Comment expliquer une telle présence des rebelles tchadiens sur le territoire national, et surtout dans les zones sous contrôle des éléments de FACA et les mercenaires de Wagner ? Le député de Paoua 1, les autorités locales, et les ministres ressortissants de cette préfecture, membres du parti MCU, sont également complices de ce qui se passe sur le terrain. Depuis la Libye, les mercenaires de Wagner soutiennent tous les mouvements rebelles hostiles au pouvoir du Tchad. Ils sont sans doute dans la dynamique de multiplier les fronts pour augmenter les chances de ces rebelles au moment de lancer l’offensive.

 

Pour quelles raisons les autorités centrafricaines voudraient-elles déstabiliser leur voisin tchadien ?

 

Noureddine Adam : Cette question mérite d’être posée à Touadera et à ses alliés de Wagner. Pourquoi veut-il seul déstabiliser le Tchad, la Guinée équatoriale, la RDC et le Cameroun, et cela avec preuve ? Certains de ses proches conseillers ont été jugés et condamnés en Guinée suite à la tentative de coup d’état de 2018. Au Cameroun, son meilleur ami arrêté dans l’affaire du meurtre du journaliste Martinez Zongo est soupçonné d’être en relation avec Wagner afin de déstabiliser le pouvoir de Biya. Depuis le feu Président fondateur Barthélemy Boganda à Mme Catherine Samba Panza, jamais notre pays n’a été autant cité dans les plans de déstabilisation de nos voisins comme c’est le cas aujourd’hui avec Touadera. Il a sans doute un agenda caché avec ses alliés de Wagner. Seul Touadera pourra répondre à cette question.

 

Une nouvelle rébellion tchadienne est en pleine recomposition en RCA. Est-ce que ce mouvement rebelle bénéficie du soutien du groupe paramilitaire Wagner ?

 

Noureddine Adam : Qui forme ces rebelles sur le territoire centrafricain ? Qui reçoit régulièrement leurs chefs à Bangui ? Comme je l’ai dit au début de cette interview, il n’y a rien de secret pour la rue. Ce sont les éléments de Wagner qui forment et fournissent des matériels à ces rebelles tchadiens, avec la complicité des autorités de Bangui. Ils les déplacent d’une zone à une autre. Nous avons dénoncé dans l’un de nos communiqués de février le fait que ces rebelles sont habillés dans la tenue des FACA et déployés dans les villages du Nord pour combattre aux côtés de ces militaires de Wagner. Ils sont également dissimulés au sein des FACA sur toute la frontière avec le Tchad. Quel est leur plan, nous ne saurions répondre.

 

Certains reprochent à votre mouvement rebelle de bénéficier du soutien du Tchad pour renverser le régime du président Touadéra ?

 

Rire… C’est l’un des talents de ces mercenaires de Wagner que beaucoup ignorent : la diffamation et les fausses informations. Ils contrôlent aujourd’hui plus de la moitié des médias nationaux, et c’est eux qui dictent leur loi. Qui paie, commande. Si la CPC avait réellement bénéficié du soutien d’un pays voisin, et encore moins du Tchad comme on le raconte, Touadera ne serait plus au pouvoir aujourd’hui. On parlerait de lui au passé. Nous n’avons rien à prouver en termes de notre capacité à faire face à la horde de mercenaires de Wagner et aux FACA. Ces accusations diffamatoires, une fois de plus, viennent saboter tous les efforts que fournissent les autorités tchadiennes dans le cadre de la feuille de route de Luanda, signée entre le pouvoir de Bangui et la CPC.

 

La preuve en est que le coordinateur général, François Bozize, et certains chefs de groupes armés sont sous le contrôle des autorités tchadiennes. Si le Tchad était complice de la CPC, Maxim Mokom, l’un de ses chefs, ne serait pas envoyé à la Cour pénale internationale. Ceci témoigne non seulement de la bonne foi des autorités tchadiennes, mais surtout de la collaboration sincère avec le pouvoir de Bangui, qui en retour le paie en monnaie de singe.

Le Tchadanthropus-tribune avec Alwhida      

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