13 avril 2018 #TCHAD #Sénégal : « CHRONIQUE AFRIQUE DEBOUT » : Winnie Mandela, la Voix et le Cœur de la lutte contre l’Apartheid.(Mme Fatimé Raymonne Habré)
Winnie Mandela s’est éteinte à 81 ans, dans la discrétion, dans sa maison de Soweto. C’est dans ce quartier symbole du martyr des enfants d’Afrique du Sud et portant dans chacune de ses rues les traces de la barbarie du pouvoir blanc raciste qu’elle avait rencontré Nelson Mandela. En juin 1958, elle était une jeune fille de 18 ans, assistante sociale, issue d’une grande famille de onze frères et sœurs quand elle épouse Nelson Mandela. Son père était un directeur d’école. À peine mariés, son mari, le jeune avocat Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte contre l’Apartheid sera arrêté, jugé, condamné à perpétuité, banni et emprisonné à Roben Island. Elle n’avait le droit de le voir qu’une fois tous les six mois et, pendant 21 ans, elle ne le verra et ne lui parlera que, dans un parloir, à travers une fenêtre barreaudée.
Winnie s’est alors jetée à corps perdu dans la lutte politique. Elle sensibilise dans les ghettos, les townships, mobilise, explique : « Que des gens sont venus, s’emparer de notre pays pour faire de nous des nègres; nous sommes des hommes et des femmes, mais ils nous traitent de nègres parce qu’ils ont besoin de nègres. Il nous faut mener le combat contre l’Apartheid pour vivre libres dans notre pays. » Une horde d’agents de renseignements suivront tous ses déplacements, la surveilleront nuit et jour. Elle sera placée sous écoute et de nombreux espions seront placés autour d’elle.
Peut-on compter le nombre d’arrestations subies par Winnie Mandela ? Emprisonnée un nombre incalculable de fois, mise en isolement, déportée, bannie à plus de 100 km de Soweto. L’objectif était de la tuer psychologiquement. Pour les hommes de l’Apartheid, l’équation était simple, dira-t-elle: « Soit vous vous battez jusqu’à la mort, soit vous ralliez l’ennemi et travaillez avec lui; on a mis Nelson Mandela en prison pour le réduire au silence, pour qu’on l’oublie jusqu’à son existence et sa voix ».
Lors des soulèvements des populations de Soweto, la police du pouvoir de l’Apartheid l’accusera d’être au cœur de la révolte. Elle sera arrêtée, déportée à Brandfort, vivra dans une prison, un tombeau ouvert, un exil forcé pour l’anéantir, l’isoler du reste du monde et de ses compagnons de lutte. Elle tiendra tête, sa force de caractère admirable sera déterminante dans son refus de plier et de renoncer à la lutte. Elle coordonnera la lutte armée commencée par Nelson Mandela, elle s’occupera du recrutement des combattants de l’ANC qui seront envoyés dans un camp d’entraînement au Lesotho. Elle mettra en place un réseau pour acheter des armes dans les pays voisins. Des hommes sûrs passeront la frontière clandestinement et cacheront les armes dans des endroits précis, puis, indiqueront à Winnie les lieux par des plans écrits dans un langage codé.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la force de la branche armée de l’ANC était insignifiante par rapport aux forces de la répression du régime de l’Apartheid. Winnie et ses lieutenants mettront en place une tactique consistant à attaquer des cibles simultanément à partir des frontières de plusieurs pays voisins; grâce à cette stratégie, le pouvoir blanc raciste ne put réellement évaluer, de façon précise, les forces combattantes de l’ANC.
Relevons que ce qui s’est passé à Soweto a été déterminant dans l’escalade armée, dans la détermination des militants de l’ANC. Winnie Mandela expliquera : « J’ai vu à Soweto des enfants être écrasés comme des mouches par des chars; j’ai su, ce jour là, que nous devions être capables de leur faire la même chose. »
Le général Van der Bergh chargé de l’élimination des opposants au régime de l’Apartheid déclarera : » Nous allons détruire cette femme, elle a réussi à implanter la graine de la révolte et de la résistance dans les townships et le monde entier a les yeux braqués sur nous à cause d’elle. »
L’Afrique du Sud sera au bord du gouffre, l’état d’urgence est proclamé, les townships sont bouclés, 15.000 enfants mineurs seront arrêtés par la police sud-africaine.
Winnie, drapée des couleurs de l’ANC, le Noir et le Vert, fera le tour des town ships scandant à la foule : « Nous sommes 30 millions, les blancs sont 3,5 millions, longue vie à l’ANC, nous vaincrons l’Apartheid! ». Son courage était d’acier, tout était fait pour la briser, elle et les siens. Tenir, lutter, survivre, subir chaque jour la cruauté d’un pouvoir fou mais garder la tête haute, c’était déjà en soi gagner des points contre l’Apartheid. Le Président Kennedy reconnaît son importance dans la résistance et la cause de la lutte contre l’Apartheid mobilise aux États Unis, la communauté noire. Les soutiens américains au système odieux de l’Apartheid diront que l’ANC veut mettre en place un régime communiste en Afrique du Sud et nuire aux intérêts américains.
Winnie Mandela était la figure de l’opposition permanente et irréductible au système de l’Apartheid, le gouvernement sud-africain ne savait plus que faire d’elle. Lors d’une visite à Mandela à Roben Island, le Ministre de la justice lui dira : » Taisez-vous et nous pouvons envisager de libérer votre mari ». Toutefois, l’étau de surveillance se resserre autour de Winnie Mandela, toujours plus surveillée, mise sur écoute; sa maison bourrée de micros, son entourage plein d’agents doubles et d’espions. Elle était si souvent arrêtée qu’en permanence, elle avait, à portée de mains, une valise prête avec quelques effets personnels.
Le monde entier se mobilise pour la libération de Nelson Mandela, elle portera haut le flambeau de la lutte contre le système de l’Apartheid partout dans le monde. Plusieurs fois, des plans pour l’assassiner sont élaborés par les services de sécurité sud-africains mais la rage des jeunes, le fait que les town ships soient devenus de véritables zones de guerre les en dissuaderont, faisant craindre une explosion générale si la personnalité la plus populaire de l’ANC était assassinée.
Le pouvoir raciste de l’Afrique du Sud trouvera une solution en infiltrant et en plaçant des agents noirs au sein de toutes les branches de lutte de l’ANC. Les syndicats, le Mandela Football Club seront infiltrés. Des hommes vêtus de leur maillot sèmeront la violence dans la communauté noire pour discréditer les militants de l’ANC. L’objectif des services de sécurité de l’Apartheid étant de faire en sorte que les noirs entre-déchirent, il était impératif de briser l’unité noire, de semer le trouble et des guerres fratricides entre noirs pour sauver le régime criminel de l’Apartheid. Ce système pervers qui n’a fait aucun cadeau aux militants de l’ANC, les assassinant, les torturant, venait de réussir à créer une violence entre les noirs et de les affaiblir.
Il enchaînera ensuite en mettant en place une agence spéciale : STRATCOM dirigée par Mac Pherson qui expliquera dans ses mémoires, que la mission de cette unité était de mener une guerre psychologique pour détruire l’ANC, en utilisant des agents noirs pour un travail de renseignements, mais aussi d’attaques, de viols, de meurtres au sein de la communauté noire et d’en accuser les responsables de l’ANC.
STRATCOM avait un volet communication qui consistait à lancer et financer une campagne internationale contre la cible N° 1, Winnie Mandela. Des reportages très négatifs sur sa personne ont été commandés à des journalistes sud-africains. Un cabinet de lobbying aux États- Unis sera payé pour placer ces reportages sur 44 chaînes de télévision bien choisies. Winnie sera présentée comme une révolutionnaire, une communiste, une chef de gang etc…
La presse anglaise sera aussi approchée et des articles diffamatoires sur Winnie Mandela seront publiés dans le Sunday Times, The Independent, le Daily Express, et d’autres journaux. Cette grande campagne de désinformation et d’intoxication en vue de discréditer Winnie Mandela porta un nom : c’était l’opération ROMULUS. Même la presse people fut enrôlée pour faire le sale boulot, tel cet article paru dans l’United States Vanity Fair sous le titre « How bad is Winnie Mandela? ».
Lors des travaux de la Commission Vérité Réconciliation, MC PHERSON, directeur de STRATCOM reconnut les missions de son unité et précisa même que l’article de Vanity Fair a été écrit par un de ses agents opérateurs, Paul Erasmus. Un des membres de la Commission Vérité Réconciliation lui demanda s’il ne devait pas demander pardon à Winnie Mandela pour cette campagne odieuse, mensongère et diffamatoire.
Il eut la réponse suivante : « Mandela était sous contrôle, cent personnes étaient sur notre liste de STRATCOM, Winnie était notre cible prioritaire, elle était totalement hors contrôle. Elle a réussi à faire évoluer la situation de telle sorte que nous étions désormais en guerre contre l’ANC. Cette guerre psychologique pour les salir, fait partie de la guerre, et je ne demanderai pas pardon à Winnie Mandela. J’ai bien remplie ma mission car les actions de STRATCOM ont réussi à inscrire Winnie sur la liste noire des terroristes internationaux établie par le gouvernement américain ! ». Une véritable conspiration !
La situation explosive de l’Afrique du Sud inquiète ses alliés occidentaux qui poussent le régime de l’Apartheid qu’ils soutiennent, à trouver une voie de sortie pour éviter l’embrasement et la perte du pouvoir.
C’est ainsi que Niel Barnard, patron des RG commencera à rendre visite régulièrement à Nelson Mandela en prison. Il discutera et échangera avec lui pour évaluer sa détermination. Il sait déjà, grâce aux micros placés dans la cellule de son prisonnier, que Winnie, lors de son unique visite semestrielle, faisait un compte rendu détaillé de la situation nationale à son mari. Il comprend toutefois que Mandela n’est pas conscient que l’ANC est à un niveau de lutte où le pouvoir pouvait basculer, entre ses mains, à tout moment à la faveur d’évènements, et ce bouleversement se fera nécessairement dans la violence. Niel Barnard fera déplacer Mandela et le mettra dans une cellule mieux aménagée et lui parle d’une négociation pour une éventuelle libération. Mandela en parle à Winnie quand elle vient le voir. C’est Niel Barnard qui grâce à ses écoutes, fait cas de la réaction de Winnie: « elle a dit à Mandela de ne pas négocier seul en prison loin du staff de l’ANC, elle ajouta : on ne peut pas faire confiance au gouvernement de l’Apartheid. C’est eux qui cherchent à se protéger par ta liberté, ne négocie pas seul, isolé et loin de nous. ».
Le sinistre Niel Barnard continuera ses échanges avec Mandela. Après 27 ans de prison, Mandela pouvait-il demeurer le même homme ? Le patron des RG expliquera plus tard sa mission auprès de Mandela : les autorités sud- africaines étaient prêtes à accepter la libération de Mandela, il fallait le mettre en condition d’accepter les conditions qui lui seront présentées. Un seul obstacle : Winnie. Aussi « ma mission, dira t-il, était de détruire ce couple trop impressionnant, trop fort. C’était un pilier solide, c’était aussi trop de pouvoir pour un seul couple. Nous avions une autre préoccupation majeure. Pendant 20 ans, elle a organisé la mobilisation des populations noires. Aux côtés de Mandela, elle est la personnalité la plus populaire et la plus influente de l’ANC. Après Mandela, elle pourrait être Vice-présidente puis Présidente. Ce schéma n’était pas acceptable. » Chacun aura compris que le complot contre Winnie Mandela avait commencé, avant même, la libération de Mandela par le régime de l’Apartheid.
Comme expliqué dans la chronique sur Mandela, le compromis politique qui a précédé la libération de Nelson Mandela a consisté à tenir, hors de prison dans une villa, des négociations secrètes. Winnie Mandela s’est opposée et a eu plusieurs points de rupture avec Mandela, notamment, sur la question de l’abandon de la nationalisation des piliers économiques du pays, sur le fait qu’il fallait ne pas réclamer justice pour tous ceux qui sont tombés comme des mouches sous les balles et sous la torture des policiers du pouvoir blanc de l’Apartheid. Elle exprima son désaccord sur la mise de côté de la question du retour d’exil des combattants de la branche armée de l’ANC et enfin, sur l’absence d’une cérémonie officielle pour rendre hommage aux martyrs de la lutte de libération. Le pouvoir blanc et ses représentants assis à la même table de négociations seront encore plus déterminés à éliminer Winnie.
Niel Barnard, lors de ses derniers échanges, avec Mandela, avant sa sortie de prison le 11 février 1990, obtiendra de lui, l’engagement de ne pas faire un discours idéologique, de ne pas parler d’une continuation de la lutte contre l’Apartheid. Lors de son premier discours au peuple sud-africain et au monde entier, Nelson Mandela respectera le deal sur l’orientation de son discours mais « oublie » aussi de rendre hommage au combat mené par Winnie. Ironie du sort, quand il arrive au stade, il se rend compte qu’il avait égaré ses lunettes. Winnie lui donnera les siennes, il lira son discours avec les lunettes de Winnie tout en évitant de saluer son combat pour l’ANC, pour sa libération, pour l’Afrique du Sud.
Mandela libre, le monde entier le célèbre. Pour répondre à l’invitation du gouvernement américain, le staff de Mandela a dû exiger que Winnie Mandela soit retirée de la liste noire du gouvernement américain sur les terroristes internationaux, une inscription obtenue par STRATCOM.
En Afrique du Sud, les manœuvres continuent et les hauts responsables du pouvoir blanc réactivent l’officine de déstabilisation STRATCOM contre Winnie Mandela, chaque jour, attaquée par la presse sud-africaine aux ordres.
De nombreux hauts responsables noirs de l’ANC ont compris que Mandela, très affaibli par ces longues années de prison, ne pourra pas diriger longtemps ce pays. Aussi, les luttes de positionnement commencent au sein de l’ANC, leurs ambitions se heurtent à un obstacle de taille : Winnie Mandela, la plus populaire, la plus légitime, celle qui a continué à nourrir le feu de la révolte pendant plus de 20 ans, celle qui avait lutté pour que Mandela reste une icône mondiale. Force est de constater qu’aussi bien pour le pouvoir blanc qu’au sein de l’ANC, elle était plus que jamais la femme à abattre.
STRATCOM engagera 40 journalistes, donnera des primes pour obtenir toutes sortes d’informations sur Winnie vraies, vraisemblables ou fausses, qu’importe; tout ce qui pouvait être exploité pour lui nuire, méritait d’être acheté. En 1992, STRATCOM obtient une info. Il s’agit d’une lettre écrite par un avocat à Winnie, dont le contenu évoque une possible liaison avec Winnie. STRATCOM s’empresse de la publier dans un journal très lu par la communauté noire. Nelson Mandela enverra son avocat pour demander à Winnie si cette liaison est vraie. L’avocat de Mandela expliquera dans une interview que, quand il avait interrogé Winnie, elle n’avait pas dit un mot mais des larmes coulaient sur son visage. Et comme il fallait s’y attendre, la machine médiatique occidentale pro-apartheid s’est mise en branle pour solder ses comptes avec l’égérie de la lutte contre un système raciste, abject et criminel que l’Occident a soutenu sur les plans militaire, diplomatique, politique et médiatique, couvrant ses crimes horribles.
En Afrique du Sud, les leaders de l’ANC, candidats à la succession de Mandela sauteront sur l’occasion pour se réunir et dire à Mandela qu’il lui fallait divorcer avant l’élection présidentielle. A leur sujet, Winnie Mandela dira: « Je suis toujours restée à ma place et je n’ai jamais sollicité le moindre poste. Ils avaient peur de moi parce que, certains ont eu peur d’affronter et d’être aux côtés de notre peuple qui subissait le feu de l’Apartheid et versait abondamment son sang. La seule chose que je voulais, c’était un Etat plus juste, plus social, et que nos immenses ressources servent à alimenter nos rêves ». Mandela sera élu Président en 1994. Lors de la cérémonie de sa prestation de serment, il ne dira rien, ne réagira pas quant au fait que Winnie ne fut pas placée à la tribune d’honneur.
En 1994, le chef de la police de la nouvelle Afrique du Sud est instruit par un ministre noir M. Mufamadi, pour faire des enquêtes sur une accusation de meurtre portée contre elle par un membre du Mandela football club. Le meurtrier est arrêté, il changera de version plusieurs fois, tantôt Winnie lui aurait donné l’ordre tantôt c’est Winnie elle-même qui a poignardé. On découvrira qu’il était un agent de police infiltré au sein du club de football. Mais rien n’y fit. Winnie Mandela avait désormais très clairement le pouvoir blanc, ses agences et le gouvernement de l’ANC au pouvoir contre elle. C’est ainsi qu’elle sera la seule responsable de l’ANC à avoir été jugée par la Commission Vérité et Réconciliation et par le gouvernement noir post Apartheid en 1995. L’un des responsables de STRATCOM dira : « Nous avons réussi à diaboliser la voix du peuple noir d’Afrique du Sud ».
Rappelons que Desmond TUTU était le président de la Commission Vérité et Réconciliation. Winnie Mandela, après son passage à la Commission VR et après avoir fait face à Desmond TUTU, aura ces paroles : « Desmond TUTU était sur la liste de STRATCOM pendant le combat contre l’Apartheid. Aujourd’hui, il travaille avec cette agence qui lui a confié un rôle à la présidence de cette commission Vérité et Réconciliation. Comment a-t-il osé me demander, de demander pardon au système de l’Apartheid. Un système qui a broyé nos enfants. Ils l’ont laissé me juger moi ! Desmond TUTU me juger moi ! Lui qui était pétrifié par la peur de la police et qui n’a absolument rien fait pour notre peuple « !
Aujourd’hui, le compromis politique accepté par Mandela et les leaders de l’ANC a mis fin à l’Apartheid. Mais, si le pouvoir politique est entre les mains des Noirs, les Blancs ont conservé tous les leviers économiques, financiers et médiatiques, et partant garder tous leurs privilèges. La majorité des Noirs vit toujours dans la pauvreté, même si les Blancs ont favorisé l’émergence d’une bourgeoisie noire, peu nombreuse qui s’est considérablement enrichie. Winnie Mandela avait déclaré à ce sujet : » Lorsque je suis au Parlement, je souffre atrocement. Cela nous a coûté si cher de mener cette lutte si amère qui a fait tomber tant de fils d’Afrique du Sud. Chaque jour, je constate que le régime raciste a commis le crime parfait. »
L’un des hauts responsables de STRATCOM, l’officine de la propagande du régime de l’Apartheid dira d’elle : ‘la force de Winnie Mandela réside, en ce qu’elle n’a jamais voulu montrer sa souffrance et qu’elle n’a jamais accepté d’entrer et de vivre dans une cage dorée. Ce que les autres responsables de l’ANC ont fait sans grandes difficultés. »
Interrogée au sujet de la séparation de ses parents, la fille du couple Mandela s’exprimera en ces termes : » Mon père a pardonné aux criminels de l’Apartheid, il a pardonné à nos frères qui ont trahi et coopéré avec le système de l’Apartheid. Il a été si indulgent avec tant de personnes qui se sont mal comportées. Ma mère a accepté de souffrir et de mourir de l’intérieur car elle avait compris et vu très clairement les enjeux autour de sa personne. Elle était meurtrie par la trahison de ses frères noirs qui lui avaient fait perdre son identité. Tout comme je pense, le pouvoir raciste avait fait perdre la sienne à mon père ».
Aujourd’hui, la jeunesse sud-africaine noire est très critique sur le compromis politique négocié par Mandela et les responsables de l’ANC. Ceux que l’on a surnommé les Born Free disent ouvertement qu’ « on s’est fait avoir par ces négociations boiteuses, ce sont elles qui nous plombent aujourd’hui ». L’histoire donne déjà raison à Winnie Mandela, digne femme africaine dont la trajectoire faite d’un combat glorieux mériterait d’être expliquée afin que la jeunesse africaine soit fière d’elle et lui rende un hommage ô combien mérité.
Que les médias africains ne tombent pas, à son sujet, dans le jeu pervers, cynique et raciste des médias occidentaux; hier, grands défenseurs de l’Apartheid, et, aujourd’hui champions des propos racistes, dégradants, humiliants sur l’Afrique, et toujours prêts à se mobiliser pour détruire les dignes fils et filles de l’Afrique.
Winnie Mandela, dans le cœur des Africains. Éternellement.
Par Mme Fatimé Raymonne Habré
Cette chronique est publiée ce jour 07 avril 2018 par le journal Dakartimes
1150 Vues