Les récentes cérémonies de commémoration du génocide des Tutsi me donnent l’opportunité de faire une chronique sur cette tragédie qui s’est déroulée, en plein vingtième siècle, et qui reste encore largement méconnue par beaucoup d’Africains.

Il est urgent, de prime abord, de ne pas parler de « génocide rwandais » comme le font certains médias. Histoire pour eux, d’une part, de laisser entendre que seuls les Rwandais sont responsables de ce génocide et d’autre part, c’est une façon de ne pas reconnaître expressément que les Tutsi aient été victimes d’un génocide.

A l’ère des satellites, force est de relever qu’il n ‘y a aucune image du massacre pendant trois mois de centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, pourchassés, exécutés de collines en collines, brûlés vifs dans des églises. Ce n’est qu’après  seulement, qu’on nous a inondés d’images de cadavres et de corps déchiquetés, entassés à perte de vue sur les collines, sur les bords de routes et dans les fleuves. Les images sont bien là, cachées parce qu’elles sont la preuve que le déroulement de ce génocide était suivi, à plusieurs niveaux, par ceux qui composent la Communauté Internationale et qui ont laissé faire. Tout simplement.

Ensuite, il est faux de dire que l’attentat  contre l’avion qui a coûté la vie au Président Habyarimana du Rwanda et au Président du Burundi, a été l’élément déclencheur du génocide. Certes, les tueries de masse  ont  commencé 48 h après l’attentat,  perpétrées par la garde présidentielle et les milices hutus  et par conséquent, cet attentat marque le début du génocide mais il n’en a jamais été ni la cause ni le déclencheur.  Ce mot «  déclencheur » a été utilisé pour semer la confusion autour de l’histoire et nous conduire  sur la piste selon laquelle, le génocide a eu lieu à cause d’un dérapage monstrueux des hutus, enragés après l’assassinat de leur président. Ils se seraient ainsi lancés dans une furie meurtrière dans un pays où les massacres interethniques étaient cycliques.

Aujourd’hui, depuis une dizaine d’années, tous les éléments ont été réunis pour attester que le génocide a été pensé, voulu, organisé, préparé minutieusement, méthodiquement par le régime Habyarimana et ce plusieurs années, avant son aboutissement.

Enfin, au nom de la raison d’Etat, en France, le juge Bruguière qui, sans jamais avoir mis pied, au Rwanda avait construit une théorie favorable à la position politique de François Mitterrand, en accusant le FPR de Kagamé d’être à l’origine du tir de missiles contre l’avion. Cette version a été relayée bruyamment par les médias français et a constitué un leurre qui a empêché la recherche de la vérité.

L’arrivée dans le dossier d’enquête du juge Trévidic du pôle anti-terroriste, par ailleurs, successeur de Bruguière, va permettre à celui-ci de se rendre au Rwanda et de procéder à une enquête minutieuse en faisant intervenir de nombreux experts en balistique. Il a ainsi clairement établi en 2014, que l’attentat contre l’avion a été un coup d’Etat des extrémistes hutus et de leurs conseillers.

Son rapport révélera aussi que le jour de l’attentat, des officiers français étaient présents dans le camp militaire de Kanombe. Ils y entraînaient des forces spéciales de l’armée rwandaise. Qu’ont-ils fait ? Un homme, l’ancien gendarme de l’Elysée et capitaine de gendarmerie Paul Barril était présent à Kigali la veille de l’attentat. Il y reste durant le génocide dans des zones contrôlées par les forces hutues. Convoqué de nombreuses fois pour expliquer sa présence au Rwanda, il a toujours refusé de donner des explications au juge et aux commissions d’enquête parlementaire. Aujourd’hui, la situation a changé ; il est visé par une enquête pour « complicité de génocide » par le pôle spécialisé de la justice française.

Quelle était la situation au Rwanda en 1990, c’est-à- dire 4 ans avant le génocide?

Le pouvoir de Habyarimana faisait face à la rébellion tutsie de Paul Kagamé. La France, fidèle à sa politique d’interventionnisme militaire aux côtés des pouvoirs dictatoriaux qu‘elle soutient, disposait de 1000 soldats français à Kigali. L’armée française assurait dans ce pays, la formation, l’armement, l’assistance technique, la construction de gendarmeries etc. Puis, son implication va aller plus loin jusqu’à combattre aux côtés des futurs génocidaires contre la rébellion de Kagamé en 1992,1993, ceci donc bien avant le génocide. Les forces de Habyarimana perdaient du terrain malgré la participation crescendo de l’armée française, laquelle assiste à la mise en place de toutes les structures qui vont intervenir et commettre le génocide.

En fin 1993, la collaboration française avec le pouvoir Habyarimana s’accentue encore plus, quand est lancée l’opération Chimère qui consistera à prendre, de fait, le commandement de l’armée rwandaise. C’est le colonel Didier Tauzin qui va s’installer aux commandes de l’armée d’Habyarimana et essayera d’empêcher la progression du FPR de Kagamé.

Nous sommes à une phase cruciale et il est important que les africains ouvrent les yeux et réalisent ce qui s’est réellement passer au Rwanda en 1994, et comme on le verra, continue de se passer dans de nombreux pays africains, 25 ans après.

Pour bien comprendre, il faut s’interroger sur les structures qui ont été actionnées dans les tueries de masse et qui ont permis qu’en 100 jours,  plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont été massacrés à la machette ou brulés vifs.  Sera ainsi démontrée l’ampleur de l’engagement politique et militaire de la France aux cotés d’un Etat mobilisé, depuis plusieurs années, dans un processus de construction d’un pouvoir génocidaire que la France ne pouvait en aucun cas ignorer.

Au titre de sa coopération civile et militaire, la France va aider à la construction de gendarmeries, ses instructeurs ont formé, entraîné, équipé mais aussi assisté les différents corps composant l’armée et la gendarmerie  rwandaises. Au sein de chaque corps de sécurité rwandais, existait une unité militaire française. Les gendarmeries rwandaises ont abrité les milices interhamwe formées et entraînées par les militaires français pour quadriller les communes et tuer le plus de personnes possible. C’est encore dans les gendarmeries que sera stocké le chargement, plusieurs mois auparavant, de trois bateaux, en provenance de Chine, remplis de machettes.

Des militaires du régime Habyarimana ont chargé pendant  des jours, transporté dans des camions à travers la ville et déchargé dans les différents camps de la capitale, des millions de machettes.  Ces camps ont été ainsi un instrument d’encerclement de la population par leur positionnement, mais aussi un lieu de mobilisation des milices pour s’armer et participer aux massacres.

Les autorités françaises continueront de fournir en armes, munitions, renseignements, le pouvoir génocidaire et ce, même après le début des tueries. Des militaires français seront sur les routes dans les check points, pour faire le tri dans les voitures, sortir les Tutsi pour que les miliciens hutus qui sont à leurs côtés, les tuent sur le bord des routes.

L’attitude de la France à Kigali va s’aggraver, elle va poser 4 actes  qui seront mis en avant par une commission d’enquête parlementaire française en 1998 : les autorités françaises  vont ainsi : «… accueillir dans les locaux même de l’ambassade de France, le 8 avril 1994, le gouvernement intérimaire et génocidaire ; recevoir le 27 avril à Paris, une délégation de génocidaires, parmi eux, l’extrémiste Jean Bosco Barayagwiza et qui sera plus tard, condamné à 35 ans de prison par le TPIR.

Que le premier geste de l’armée française lors du déclenchement du génocide a été  d’envoyer un avion bourré d’armes aux militaires génocidaires en prenant prétexte d’une opération d’évacuation des ressortissants français, lors de laquelle, par ailleurs,  des proches d’Habyarimana furent mieux traités que des Tutsis employés par les institutions françaises ; les prises de position à l’ONU et notamment la résolution 912 adoptée le 21 avril, en plein génocide, qui décide de réduire les effectifs de la MINUAR ; les rapports entretenus pendant le déroulement du génocide avec le gouvernement intérimaire de Kigali ; et enfin les objectifs réels de l’opération Turquoise, dans laquelle les génocidaires virent le retour de leur ancien allié français ».

A cet effet, le lieutenant colonel Guillaume ANCEL, ayant participé à l’opération Turquoise a raconté dans un livre : comment il a personnellement assisté à la livraison d’armes aux génocidaires hutus en fuite après l’entrée du FPR à Kigali.

Alors que le chaos est à chaque coin de rue et que le sang des Tutsi coule dans les rues, les collines, les rivières, quelle est la préoccupation de  la classe politique française ?

Que fait la diplomatie française ? Elle essaie de gérer le retentissement médiatique autour du rôle de la France dans la commission du génocide. On va actionner le juge Bruguière, comme nous l’avons souligné plus haut, pour charger au maximum Paul Kagamé et ses troupes.

François Mitterrand, le « véritable ami du Rwanda » selon la radio des mille collines, va lui et ses proches, ignorer toutes les alertes des ONG, des services de la DGSE, des services de renseignement étrangers. Il définira une ligne de traitement médiatique ; l’idée consiste à faire accréditer la thèse selon laquelle, ce serait le FPR qui aurait abattu l’avion pour arriver plus vite au pouvoir.  De nombreuses diversions sont organisées. Il s’agissait de parler de guerre de Noirs, de dire que c’est  l’attentat qui a provoqué les tueries, que l’on peut seulement reprocher à la France de n’avoir pas empêché les tueries.

L’’entêtement de François Mitterrand et de ses conseillers comme  Hubert Védrine, son fils Jean Christophe Mitterrand, auxquels se sont ajoutés, en ces temps de cohabitation, Edouard Balladur, Alain Juppé, Dominique de Villepin, François Léotard  sans compter la branche militaire jusqu’au-boutiste constituée par  le Général Quesnot, l’Amiral Lanxade, le colonel Huchon,  tous impliqués dans le soutien sans faille à un pouvoir génocidaire, est absolument effarant et bien plus, s’il fallait le voir sous l’angle d’un procès pénal. Alors même que le génocide a démarré, ils continueront à se battre politiquement par un soutien diplomatique au pouvoir hutu qui apparaît bien dans les comptes rendus d’audience du Conseil de sécurité de l’ONU. Sur le plan militaire ; envoi d’armes, mais aussi déclenchement de l’Opération Turquoise pour venir en aide aux génocidaires en fuite.

Aujourd’hui, plus d’un quart de siècle après le génocide, le silence s’est brisé sur de nombreux plans. Mieux, des enquêtes, des documents, des enregistrements, des preuves émergent à la lumière, au grand jour, régulièrement.

Des juges ont découvert et fait parler des gens, des journalistes ont fait beaucoup de révélations, des militaires et pas des moindres ont parlé pour être quitte avec leur conscience et regarder en face, ce qu’ont fait les acteurs politiques et militaires français au Rwanda en soutenant et en participant au plus fulgurant massacre de l’histoire contemporaine.

Le 14 mars 2019, pour la première fois, un Général parle du rôle de la France au Rwanda ; c’est le Général de corps d’armée Jean Jarret  qui a écrit un livre intitulé « Général, j’en ai pris pour mon grade ». En novembre 1990, il est le  chef de la Mission militaire de coopération (MMC) au Rwanda. Il rencontre à Kigali où il vient d’arriver le colonel Pierre-Célestin Rwagafilita, chef d’état-major de la gendarmerie qui lui demande : « des mitrailleuses et des mortiers pour faire du maintien de l’ordre. Devant mon refus catégorique, se souvient-il, le chef de la gendarmerie dit : “Messieurs, vous pouvez partir, je reste avec le général.” Et là, il me dit : “On est en tête à tête, entre militaires, on va parler clairement… Je vous demande ces armes, car je vais participer avec l’armée à la liquidation du problème. Le problème, il est très simple : les Tutsis ne sont pas très nombreux, on va les liquider”. »

Quatre ans avant le génocide, un homme du premier carré d’Habyarimana dévoile le projet génocidaire. Le général Jarret fait immédiatement un rapport et rend compte sans aucune ambiguïté sur les risques pour les hommes politiques français à soutenir un tel pouvoir. Ses rapports sont lus par le plus haut sommet de l’Etat en France mais personne ne l’écoute parce que personne ne veut changer de politique.

Cette période est un tournant dans la politique française, qui va s’enfoncer, de manière irrémédiable, dans une position jusqu’au-boutiste. Début janvier, de partout, les alertes fusent et informent sur des nombreuses preuves sur des tueries ethniques par les militaires rwandais d’Habyarimana ; ce sont les extrémistes du « Hutu Power » liés au parti du président Habyarimana, qui agissent et tuent  à chaque revers militaire ; 400 tutsi meurent dans le nord du pays.

Un million de réfugiés se massent autour de Kigali, coincés entre les deux armées. Les Français renforcent leur dispositif et lancent la fameuse opération Chimère.

En inspectant les troupes françaises à Kigali, le Général Jarret découvre l’ampleur de leurs engagements militaires contre le FPR. « Des commandos français entraient en Ouganda pour essayer de prendre à revers les hommes de Kagamé. Considérant l’acte extrêmement  grave, il engueule ses militaires, et rentre à Paris pour voir cette situation et il est démis de ses fonctions ! »

25 ans après, la France est toujours sur la sellette quant à sa responsabilité avant, pendant et après le génocide. Elle connaissait le projet génocidaire, elle a aidé à sa commission, a couvert et protégé mais aussi réarmé les génocidaires pour les faire revenir au pouvoir. Elle a aussi organisé un contre feu médiatique en cherchant à accuser Paul Kagamé d’être responsable. Elle a aidé des Africains à porter les thèses pro-hutues et même demander à des Chefs d’Etat africains de protéger les génocidaires en fuite. Des hommes politiques, des militaires ayant représenté et engagé leur pays : « Au nom de la France ! » sont restés impunis, non inquiétés, se sont organisés à verrouiller les archives mais aussi toutes les commissions parlementaires créées, lesquelles ont toujours dénoncé les limites, les innombrables entraves  dans la recherche de la vérité .

Cette classe politique et militaire française des années 1990  qui a agi au Rwanda, est bien la même que celle des années 1960  post indépendances qui a brûlé le Nord du Tchad, rasé des villages entiers, violé, torturé et tué. C’est la même caste politique et militaire qui a cautionné et armé les milices anti- balaka, très récemment, qui ont massacré à la machette des dizaines de milliers de musulmans tchadiens installés en RCA depuis plus de 60 ans. C’est encore la même qui, aujourd’hui, assiste et encourage par son attitude, le pogrom contre les populations peules au Mali. C’est une terrible vérité qui est là sous nos yeux. Comment  toute cette violence d’Etat a été possible et au nom de quoi se poursuit –elle ?

Au nom de l’idée que ces hommes politiques et militaires avaient des intérêts de la France ; qu’ils souhaitaient, vaille que vaille, défendre, d’autant plus que les morts étaient des Africains noirs dont la vie n’avait pour eux aucune valeur. Tout devenait possible et tout était permis et tout continua malgré l’horreur d’un génocide. Le génocide des Africains continua sous d’autres formes, en RDC, en RCA, au Tchad, et au Mali. Depuis que l’onde de choc du génocide des Tutsi s’est propagée dans toute l’Afrique Centrale, résultat d’une « politique du chaos » qui leur a permis  de se réfugier dans le déni ou encore d’organiser des écrans de fumée, de parler de guerres interethniques au Rwanda et de guerres inter-communautaires au Mali, bref une guerre de Noirs, encore et toujours.

Sans compter qu’il y a toujours des Africains qui véhiculent leurs théories et qui contribuent à la diversion masquant l’essentiel, en ce qui concerne les tueries et les conflits  en Afrique.

Cela va continuer parce que les élites africaines se sont tues face à la gravité de la situation au Rwanda. Elles n’ont jamais voulu aborder la question du rôle des politiciens français dans ce génocide. Cela n’empêchera pas le fait, que ce génocide des Tutsi va continuer à à hanter, des années encore, les autorités françaises et d’une certaine façon, ce génocide fait désormais partie de l’histoire de la France. Il est sûr et certain qu’il ne sera pas dans les livres d’histoire, vous en conviendrez avec moi.

Les  pouvoirs africains ont-ils parlé de l’histoire du génocide des Tutsi à leurs populations en situant les responsabilités de l’Etat français ? En aucun cas ! Ils ont dans leur majorité, mis en avant, les thèses de la haine ethnique séculaire entre Hutus et Tutsi. Fidèles à leurs habitudes, les élites africaines complices de la classe politique et militaire en France, devancent leurs désirs par un alignement sur leurs positions politiques et médiatiques sur de nombreux sujets.

C’est ainsi qu’elles se sont abstenues d’informer leurs populations sur l’évolution des enquêtes  dans  la connaissance de ce qui s’est passé avant, pendant et après le génocide et sur le rôle des politiciens français.

C’est aussi le moment de s’interroger sur ce que l’Union Africaine a fait par rapport au génocide des Tutsi ?

Force est de constater que les élites françaises en charge des questions africaines ; au regard de leur comportement et des actes commis dans nos pays, au constat de ce génocide, leur réponse, aux nombreuses interpellations, sera encore et toujours le mépris qui s’exprime par un déni porté par une impunité totale. Au nom de la France !

Ce système  politique en France a engendré ce type d’hommes politiques qui perpétuent vis à vis de l’Afrique,  toujours la même politique de la canonnière et qui aboutit à ce qu’il n ‘y a guère de différence entre De Gaulle, Sarkozy, Hollande et Macron.

Le formatage des hommes se poursuit, se régénère sans que rien ne change au fond quant à leur politique africaine. Pourquoi changer une politique qui marche et qui rapporte gros ?

La justice pénale internationale a été actionnée par une communauté internationale coupable de non assistance aux populations Tutsi, en phase d’extermination,  pour soit disant rendre justice aux victimes du génocide.

Il faut souligner que le TPIR a vu sa compétence être bridée et encadrée pour exclure   les périodes où l’armée française s’était engagée en affrontant directement les forces de Kagamé. Cela ne vous rappelle rien ? La compétence des Chambres Africaines extraordinaires dans le faux procès Habré avait, elle aussi, exclu la période où les militaires français éliminaient avec leurs jaguars, les hommes de Hissein Habré. Au Rwanda, encore : tous les prêtres belges idéologues de l’épuration des Tutsi qui incitaient à la haine et à l’élimination des Tutsi dans leurs journaux et à travers les émissions de la radio des milles collines, ont tous été exfiltrés par les autorités belges et ont ainsi pu échapper à la fameuse justice pénale  internationale conduite par le TPIR. Idem pour les militaires français. Au finish, aucun blanc n’est passé devant le TPIR.  Cool!

Il est donc important que la jeunesse africaine comprenne que cette classe politique et militaire française qui a accompagné un génocide, et qui, 25 ans après, s’enferme  toujours dans un déni malgré les preuves contre elle ; de tels hommes ne peuvent, en aucun cas, favoriser ou même aider à un développement ou à un mieux vivre dans nos pays au regard de ce qu’ils sont, de leur discours et de leur politique. En outre, aucun pays africain francophone appartenant à sa chasse gardée, n’échappe à cette vision politique. Ce n’est qu’une question de circonstances et d’intérêts du moment et cela se confirme qu’il s’agisse du  Rwanda, du Tchad, de la Libye, du  Mali ou d’autres.

Après avoir éventré la Libye, leur politique du chaos  a entraîné dans cet espace sahélo-saharien, un processus de déstabilisation généralisée avec des événements politico-militaires qui se pérennisent et s’étendent ; des groupes de narco trafiquants, des groupes radicaux islamistes, des attentats audacieux comme au Burkina . Mais force est de constater que tous ces groupuscules ne sont pas des forces militaires réelles. De plus, même leur mobilité n’est pas problématique actuellement, compte tenu des forces en présence sur le terrain au Mali et des capacités en équipement aériens, hélicos et autres.

La politique française a consisté à permettre le contrôle du Nord par les Touaregs et de se taire quand les mouvements Touaregs, ayant désormais le contrôle de « leur » territoire, refusent toujours un compromis politique.  Et poursuivant leur stratégie du chaos, ils ont déplacé l’instabilité vers le centre entraînant des conflits entre les communautés mais surtout des massacres des populations peules.

Il n’y a aucune guerre contre le Terrorisme au Mali. Il y a seulement une pérennisation de l’instabilité, un laissez faire incroyable au regard de l’armada en place, un chaos organisé tout simplement, entraînant, de fait, une fragilisation crescendo de tout cet espace avec pour conséquence un renforcement de l’emprise de la France sur les Etats et un contrôle total sur leurs richesses minières qui ont attisé, ces dernières années, tous les appétits à l’échelle mondiale.

A quand la fin de la passivité, de l’indolence, de l’esquive, de l’autocensure, de la collaboration qui ont permis à  cette caste politique et militaire française de participer  activement à un génocide sur le sol africain, de continuer à installer le chaos tout en  restant arrogante, nous donnant des leçons au quotidien. A quand la décolonisation de nos esprits ?

Par Mme Fatimé Raymonne Habré

Cette chronique a été publiée ce jour 24 avril 2019 par le journal Dakartimes

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