Identifier les victimes de traite de personnes pour mieux les protéger et mieux les accompagner au retour à une vie normale. C’est le défi que s’est lancé le Tchad, le 14 septembre, à travers un mécanisme de référencement en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un mécanisme insuffisant pour le réseau des associations du Mandoul, qui regroupe dix associations de cette province.

Ces associations dénoncent un phénomène qui prend de l’ampleur depuis plus de dix années. Conflit armé et intercommunautaire, pauvreté, déscolarisation sont autant de facteurs qui favorisent la traite des personnes. Elles interpellent les autorités pour lutter efficacement contre la traite des personnes.

Des passeurs promettent à des jeunes du sud du pays qu’ils vont faire fortune dans l’orpaillage. Mais à l’arrivée, c’est l’enfer qui les attend en plein désert tchadien. Le porte-parole du réseau des associations du Mandoul, Delaville Djimiabaye, tire la sonnette d’alarme.

« Sous le fallacieux prétexte de leur donner un travail bien rémunéré, dit-il, leurs bourreaux les conduisent jusqu’à l’extrême nord et les soumettent à des traitements dégradants. Il a fallu que les réseaux sociaux publient les images atroces des jeunes torturés, séquestrés et traînés derrière les véhicules pour que le monde se rende compte de l’ampleur du phénomène. Nous sommes très surpris par le silence des autorités. »

Les associations estiment à plus d’un millier les jeunes séquestrés, rien que pour la province du Mandoul cette année.

De son côté, Carlos Rotta Dingammadji, directeur des droits humains au ministère de la Justice, reconnaît que ce phénomène prend effectivement de l’ampleur, mais qu’il reste sous surveillance depuis 2010. « Les forces de défense et de sécurité sont alertées, ainsi que les gouverneurs, les préfets et sous-préfets. C’est toute une chaîne d’acteurs qui sont impliqués dans le travail de lutte contre la traite des personnes. »

Reste à coordonner tous ses efforts pour plus d’efficacité. Un comité national de lutte contre la traite des personnes devrait être mise en place d’ici la fin de l’année.

Aurélie Bazzara-Kibangula

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