La population et les ONG présentes dans le sud-ouest du pays, une région délaissée où les rapts contre rançon sont fréquents, suspectent la complicité des forces de l’ordre.

Béatrice Naguita livre son récit d’une traite, comme on régurgite un aliment qu’on ne peut digérer. Elle égraine dans un même souffle les étapes de son calvaire : les hommes en armes qui frappent à sa porte et exécutent le voisin qui s’interpose, les deux semaines de captivité dans la brousse ponctuées de sévices, son père qui pleure au téléphone et s’acquitte finalement de la rançon.

Dans le sud-ouest du Tchad, région périphérique et délaissée aux frontières du Cameroun et de la Centrafrique, plus de 1 500 personnes ont été victimes d’enlèvements ces vingt dernières années, selon l’estimation de l’Organisation d’appui aux initiatives de développement (OAID), une ONG nationale.

Un chiffre probablement sous-estimé, car les familles ne sollicitent pas toujours les forces de l’ordre, par crainte des représailles ou de se voir réclamer de l’argent par les autorités elles-mêmes. Eleveurs, agriculteurs, fonctionnaires : toute personne suspectée d’avoir des économies, si maigres soient-elles, peut être ciblée. Il suffit parfois d’avoir vendu un bœuf au marché pour attirer l’attention des kidnappeurs.

Tchadanthropus-tribune avec le Monde

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