13 août 2024 #TCHAD #Société : Une association dénonce la traite des personnes déportées du Sud vers le Nord.
Le coordonnateur national de l’Association pour la Réinsertion des Enfants et la Défense des Droits de l’Homme, Madjiyera Ngar Alkoua se prononce sur la problématique de la traite des personnes en République du Tchad. Pour lui, cette pratique moyenâgeuse « est presqu’institutionnalisée » dans cette partie de la sous-région.
« Aujourd’hui, les enfants sont déportés du Sud pour être vendus et trafiqués vers le Nord. Il y a des réseaux qui se constituent, par exemple à Sarh, Kyabé, Koumra, Doba, Moundou jusqu’à Bongor et Guelendeng. Les esclaves sont au Sud et les esclavagistes sont au Nord. Ce sont parfois des hauts cadres du pays qui sont à l’origine de cette pratique », a-t-il confié.
Ces enfants sont vendus par étape. A N’Djamena, ils sont vendus à une première étape, et de N’Djamena à Abéché, une deuxième étape. D’Abéché à Kalahid, ils sont vendus à une troisième étape. Et c’est de Kalahid que leurs maîtres font la répartition.
Ce phénomène qui prend de l’ampleur est né sur les cendres de la misère généralisée à travers le pays. Les conflits éleveurs et agriculteurs sont également des facteurs déterminants de cette pratique. La pauvreté des sols et la dévastation des champs obligent les jeunes valides à tomber dans les pièges des trafiquants.
Les zones les plus touchées par la traite au Tchad sont les provinces du Moyen Chari, du Mandoul, les deux Logones, les Mayo Kebbi et la Tandjilé. Il faut cependant garder en mémoire que la traite des personnes est une pratique ancienne multiforme.
Elle se résume généralement au mariage d’enfants, l’enrôlement des mineurs dans l’armée, l’accaparement des terres cultivables, l’enlèvement contre rançon, la vente et le trafic des personnes, et l’exploitation des enfants à des fins commerciales, entre autres.