12 septembre 2012 TCHAD: Sylvie Testud a rendez-vous avec les Goranes, le 2 octobre 2012.
Pour son quatorzième numéro, « Rendez-vous en Terre inconnue » emmène l’actrice française au milieu du désert, à la rencontre d’un peuple qui perpétuer un mode de vie séculaire, loin de tout et du monde moderne…
A l’est du Tchad, Sylvie Testud part à la rencontre des Gorane. Des éleveurs nomades épris de liberté, qui ont fait le choix d’une existence hors du commun. Ils réussissent à survivre au milieu du désert grâce à une solidarité sans faille. Un peuple à la fois fier et pudique, qui ne tolère pas de faiblesses.
Il est un lieu, au cœur du Sahara, presque oublié de tous. L’Ennedi. Un seul nom pour une région et un massif rocheux, grand comme la Suisse. Un monde minéral et aride, presque déserté de toute présence humaine. Et où les amplitudes de température entre le jour et la nuit peuvent dépasser les 40°. J’ai beaucoup voyagé mais je n’avais encore jamais osé aller dans le désert, explique Sylvie Testud. C’est un lieu hostile, un lieu qui dit ‘dégage !’ et qui, à la fois, m’attirait et m’angoissait.
Ce ‘Rendez-vous…’ a donc été l’occasion de réaliser un rêve, au vrai sens du terme ! J’ai été soulagée de constater qu’on pouvait vivre dans le désert, que ces terres arides sont peuplées de gens qui se lèvent le matin, travaillent et se démènent avec le quotidien. Comme nous, quoi… Les Gorane sont les âmes de ce royaume de sable et de grès. Nomades éleveurs de dromadaires, ils connaissent ce territoire comme s’ils en avaient façonné eux-mêmes les contours. L’image, déformée par la chaleur, de leurs silhouettes ondulant au rythme de leurs montures, donne parfois l’impression d’un mirage.
C’est une sacrée rencontre entre l’actrice française et le peuple du désert. J’ai appris que pour qu’une rencontre entre deux inconnus soit authentique, il faut que chacun fasse un bout du chemin vers l’autre. Il faut un échange, un dialogue, ajoute la comédienne. Pas question de faire le chemin tout seul, au risque de ne plus être soi-même. J’ai eu cette chance-là avec les Gorane. Et notamment avec Kaltouma. Notre complicité a surpris et fasciné tout le monde, nous en premier. Nous avons exactement le même caractère.
C’était incroyable, et à la fois très bizarre, de réaliser chaque jour combien cette femme du bout du monde pouvait me ressembler. Petit détail qui a son importance… la région n’a plus connu pareille sècheresse depuis 30 ans !
Chaque jour les Gorane louent l’extrême liberté dont ils jouissent. Mais le Sahara ne pardonne rien. Les nomades le savent. Ils connaissent la valeur de la solidarité qui les unit les uns aux autres. Ils apprennent dès l’enfance qu’on ne peut survivre seul dans le désert. Que leurs animaux sont leur plus grande richesse. Et que la quête permanente de l’eau est le pouls de leur existence. Là-bas, il n’y a pas de contrôle de la nature par l’homme. On ne détourne pas un cours d’eau pour faire pousser de la végétation, pour créer un jardin et pouvoir se sédentariser. On ne cesse de se déplacer au contraire…
Les Gorane ne sont pas dans la maîtrise de leur environnement. Ils s’en remettent tout entiers, avec une profonde humilité, à ce que la nature leur offre. Du coup, ce lieu ne ressemble à rien de ce à quoi l’on est habitué. Il va à l’encontre de tout ce que l’on peut imaginer sur le développement, l’évolution, la civilisation, la “croissance”. La seule chose qu’ils maitrisent, c’est leur existence entre eux. C’est très déboussolant.
J’ai eu l’impression d’en revenir à une forme d’origine du monde, un lieu préservé de la main de l’homme, une terre virginale. Les Gorane sont un peuple fier, garant d’un code moral extrêmement strict. Ils sont les représentants d’une tradition exigeante qui les confronte parfois à des dilemmes.
Pierre Bertinchamps
Source : www.tuner.be
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