Ces dernières années j’ai observé avec satisfaction que la plupart des crimes commis sur le sol tchadien, par des Tchadiens contre des Tchadiens ont été dévoilés. Certains de ces crimes sont déjà devant les tribunaux internationaux, tel que les crimes commis par le régime d’Hissein Habré. Les organisations de droit l’homme comme l’Amnesty International ont, également, enregistré les crimes commis par le régime du Général Deby. Mais force est de constater que l’on ne  parle guerre d’un crime aussi abominable dont les motifs étaient aussi crapuleux que ceux cité plus haut : Le pogrom du sud du Tchad entre février et avril 1979.


En contribution à la dénonciation dudit pogrom, je relate ci-après les moments que j’ai vécu à Sarh, étant un jeune homme à l’époque, pendant les semaines suivant le déclenchement du conflit du 12 février 1979 à N’Djamena.

 

A Sarh, c’était un samedi (je ne peux me rappeler de la date exacte) les rumeurs faisaient bon cours, comme quoi Moundou était nettoyé des musulmans par le Colonel Kamougué. Dans la foulée on apprend que, dans la nuit ce samedi, le quartier Zéribé de Sarh–dénommé quartier arabe -fut détruit par les hommes du Colonel Kamougué. La communauté musulmane de Sarh entra, par suite, dans une vraie psychose. La tension monta au maximum. On savait où se donner la tête.

 

Dimanche le lendemain, on convoqua toute la communauté musulmane à une réunion au commissariat, près du Marché Central de Sarh. Au bout d’un moment le Colonel Kamougué, parut juché sur une jeep de commandement et en tenue militaire. Le porte-parole de la communauté musulmane était l’Imam Ahmad Abakar, un Ouaddaien-Il a survécu au pogrom mais décédé il y a cinq ans à peut près à N’Djamena. Il fut l’imam de la mosquée centrale de Sarh (qui était la seule mosquée où l’on tenait la prière de vendredi à l’époque) sise au quartier Kété Gala, près du marché. Colonel Kamougué déclara  qu’il va procéder à tuer tous les membres des ethnies Kanembu et les Gourane, deux ethnies, selon lui, dont la grande majorité des combattants d’Hissein Habré et de Goukouni étaient issus. Il continua en disant que les membres des autres ethnies n’allaient rien à craindre. La réponse de l’Imam était aussi rapide que violente  « Kal bat hanak ! da hitta ana kirdi . Alyoum Kanembu ma’a Gourane, ambakir waddai, boukra boulala, wa bad kabaail aakhar. » veut dire : Menteur ! Cela est un plan d’un mécréant ! Aujourd’hui Kanembu et Gourane ; demain sera le tour des Ouaddaiens et Boulala, après demain les autres ethnies !

 

Très fâché par la réaction de l’Imam, dans la nuit de dimanche le Colonel Kamougué procéda à appliquer son plan de nettoyage. Il procéda à liquider les éléments musulmans au sein de l’Armée tchadienne. Pendant toute la nuit les enfants et femmes de ces soldats musulmans venaient informer l’Imam que l’on vient d’égorger leurs pères. A chaque fois l’Imam répond : « daffounou fi bét hanaou» veut dire enterrez le dans sa maison, comme on ne pouvait pas les amener au cimetière. Entre dimanche et jeudi, le Colonel Kamougué, sillonnait la ville, toujours juché sur sa jeep et en tenue militaire, et ses hommes tuaient les musulmans qu’ils croisaient. Le commandant de la Brigade un certain Allafi-un gaillard de même taille que Kamougué-était armé d’un coupe-coupe et tuait musulman avec cette arme. Raison évoquée : il était blindé, donc il n’avait pas besoin de fusil.

 

Le vendredi, Colonel Kamougué, ordonna le quadrillage des alentours de la mosquée par les éléments de l’armée tchadienne acquis à sa cause. Ils empêchaient les musulmans qui tentaient d’entrer dans la mosquée pour la prière hebdomadaire de vendredi. L’Imam Abakar somma les fidèles d’entrer dans la mosquée au crie d’Allahou  Akbar. Les fidèles ont, en conséquence, forcé leurs chemins vers la mosquée. 

 

Au moment où l’Imam présentait son sermon, le Colonel Kamougué, entra dans la mosquée, entouré de quelques-uns de ses éléments. Il marchait entre les rangs des  fidèles et ordonna l’imam d’arrêter le sermon. Voyant que l’Imam n’était pas intimidé par sa présence, refusant d’obéir à son ordre, Kamougué, prit une copie du Coran et le déchira devant les fidèles, puis quitta la mosquée. 

 Le samedi il y a eu des batailles en ville entre les musulmans qui défendaient leurs maisons et les chrétiens qui attaquaient ceux-là. A ce moment là l’Imam somma les musulmans de s’habiller en blanc pour être distinct des chrétiens. Dans cette bataille on a appris la mort d’un oncle du Général Malloum.

 

Le dimanche, Kamougué, a tenu un meeting au terrain de football, au cours duquel il demanda aux militaires et aux civils Sara de tuer tous les musulmans. A partir de 13 heures les militaires ont commencé à tirer dans toutes les directions et les civils, procéda à tuer les musulmans dans la rue en les accueillant d’abord par des insultes et des intimidations. Ils disaient par exemple « iy dayi  baywa ?) Et les musulmans terrorisés répondaient avec une voix bases « mam guiyal » les agresseurs répliquaient «  maa may mounday » « doum madjal ! »

 

Dans l’impossibilité de protéger ses gens, l’Imam ordonna les musulmans de quitter la ville et la l’exode s’ensuivra. Hommes, femmes et enfants prirent la direction du fleuve Chari, par la direction des Douanes, en groupe de 500 et 600 personnes. Voyant cette scène pathétique, malgré l’ordre de Kamougué, la plupart des soldats ont renversé leurs fusils et se sont mis à garde à vue. Les civils Sara ont commencé à piller les maisons  et magasins des musulmans fuyant la ville.

 

Malgré le fait que le fleuve était à sont comble, l’exode a pu la traverser, par miracle. Une scène qui rappelle l’exode des juifs, dirigé par le Prophète moïse. Après la traversée, la marée humaine se scinda en deux : un groupe prendra la direction de Kiyabé et un autre dont je suis membre prendra la direction de Kouno axe Bousso. On s’est rendu compte par la suite que le premier a péri aux mains des extrémistes Sara.

 

Pendant trajet de Sarh, par Dalémadji et Moro jusqu’à la SONASUT (à 25 km de la ville) nous sommes passés par des musulmans tués et pendus aux manguiers. Nous avons atteint Bousso après 17 jours de marche à pied. Le chef de canton de Bousso nous a bien accueilli. Il égorgea un mouton à chaque petit groupe. Nous sommes restés pendant 3 jours à Bousso et avons quitté en camion pour Tchiguina. Ici nous sommes tombés sur une bataille ragée entre les éléments de FAT d’une part et ceux des FAN-FAP d’autre part. Nous avons vu des cadavres partout dans la rue. Nous sommes restés pendant 2 jours à Tchiguina et avons quitté pour Dourbali (zone sous contrôle FAN-FAP) puis N’Djamena. C’était la fin du calvaire, au moins pour notre groupe.

 

Avant de finir je veux faire quelques précisions très importantes : la seule communauté épargné par le pogrome était les Bornouans qui se sont désolidarisés des musulmans en disant qu’ils étaient des Nigérians et n’avaient rien à faire avec le conflit. D’autre part les tribus sudistes qui ont refusé de prendre part au pogrome étaient les Sara Kaba et les Banana. Ce qui m’étonne dans tous cela c’est que, non seulement ceux qui ont planifié, commandité et exécuté ce pogrom se promène en toute liberté, mais ils sont glorifiés, responsabilités et même comptés parmi les grands hommes politiques. Et comme leurs crimes contre le peuple tchadien ne suffisaient pas, ils appellent encore à la haine et la division des Tchadiens.

 

Par cette occasion je lance un appel pressant à toutes les organisations de droit l’homme, nationales et internationales, d’œuvrer en sorte qu’il y ait une enquête internationale sur ce crime et les coupables soient punis. Quant à moi je suis prêt à témoigner devant n’importe quel tribunal, où il se tiendra et prêt à coopérer avec n’importe quelle commission d’enquête nationale ou internationale. Par la même occasion j’invite toute personne ayant des éléments d’information sur ce sujet, de nous contacter à l’adresse suivant : avipros@hotmail.com et s’associer à L’ASSOCIATION DES VICTIMES DU POGROM DU SUD avec comme acronyme  (AVIPROS).

 

Cet appel concerne aussi des sudistes qui auraient vécu la même horreur aux mains des musulmans au nord.


  TEMOIGNAGE D’UN TEMOIGAGE D’UN RESCAPE

   DU POGROM DU SUD TCHAD : DEUXIEME PARTIE

 

Les réactions à mon premier témoignage étaient aussi diverses que nombreuses. Mais on peut facilement les catégoriser en deux groupes : un groupe farouchement contre et autre pour.

 

Le premier groupe est composé de deux courants : actif et passif. Les réactions du courants actif sont composées de ceux qui défendent aveuglement le diable, avec des propos aussi scandaleux qu’ insouciants tel que « le fait même que tu sois encore vivant veut dire il n’a pas eu de pogrom », « comme le commandant Allafi est plus petit de taille que  Kamougué », « Oui Kamougué a fait , Oui il organise le pogrom Oui…S’il faut le refaire , on le fera avec plaisir et cette fois ci vous n’aurez pas l’occasion d’arriver a Bousso », « Comment pouvez-vous traverser tous les villages du Sud jusqu’a Bousso si ceux ci sont contre vous? Votre argument n’a pas de sens. Comment imaginer Kamougué’ dans la mosquée déchirer un coran sans être lynché par les fidèles ». Pour ce courant  mon témoignage est donc sans fondement. Ces réactions sont recueillies par le biais du forum de discussion politique de AFRICATIME et des e-mails envoyés à l’adresse de l’Aviporos.

 

Le courant passif est composé des sites internet  tel que : Yorongar.com (qui a comme slogan : victimes des oppressions faites vous entendre), Tchadforum.com et Tchad Eco.com  qui ont carrément refusé de publier mon témoignage, désapprouvant ainsi le témoignage.

 

Par conséquent je n’est aucune raison de ne pas croire que la cause des telles réactions seraient la dénomination géo-confessionnelle que partagent les auteurs des réactions sous référence avec le Général Kamougué (on m’a fait comprendre qu’il n’est plus colonel).

 

Le deuxième groupe est composé de ceux qui ont envoyé des e-mails d’encouragement tel que celui de Emmanuel qui écrit et je cite « salut Omar Adam Maidou,

 

je ne te connais pas mais j’ai trouvé courageux ton article. Il lève un pan du voile sur l’histoire trouble de notre pays, histoire que nous ne connaissons pas toujours et qui reste à écrire et à resituer sans quoi certains politiques    continueront à s’en servir pour nous diviser. Je crois que l’une des tâches des générations actuelles c’est d’éviter de parcelliser la mémoire des oppressions des sudistes ou des nordistes.  Le sudiste doit éviter d’invoquer   sa propre oppression pour justifier les exactions qu’il a infligé au nordiste, de même le nordiste ne doit pas invoquer son oppression pour justifier ses exactions à l’encontre du sudiste.  Il nous faut accepter que ces oppressions fassent partie de notre histoire et qu’il faille en parler et en situer les responsabilités, dans la seule optique de la réconciliation et de la construction de notre pays. A cet égard, l’on ne peut que condamner toute exaction venant de Kamougué ou de Habré. Condamner ces individus est le moindre des choses. Mais la forme des peines à leur infliger requiert un vrai consensus. Faut-il adopter la voie sud- africaine (vérité et réconciliation) ou la voie chilienne (emprisonnement)? Il faut un consensus pour que cette réconciliation vienne des cœurs.  Voilà à brûle pour point ma première réaction à ton article.  Si cela te dit on peut garder le contact par ton mail personnel. » et l’article fleuve d’Ahmed Tidjane sur Tchadien.com. paru le 30/04/05.

 

Dans un autre article l’AVIPROS se prononcera sur toutes ces réactions et dévoilera son plan d’action. Cependant, je vais procéder à donner quelques détails sur le trajet de notre calvaire pour  répondre en quelque sorte aux questions soulevées par certains puis à la présentation de la liste partielle des victimes de certaines localités de la région du Kanem et le  témoignage d’un autre rescapé: Abakar Ddiddi qui a fait 104 jours en prion à Lai.  

 

D’abord la suite de mon témoignage :

 

Parmi les  moments qui m’ont particulièrement frappé pendant le pogrom c’était l’assassinat d’Omar Aboudiguin (un grand commerçant) au quartier Zéribé, la pendaison d’ El-Hadj Oumar devant ses 10 enfants, pendu au manguier de sa propre maison sur l’ordre de Kamougué et l’assistanat d’un camionneur par Kamougué en personne à la station devant tout le monde. Parce que ce là a refusé d’aller à Moundou pour lui amener des boissons.

 

Aussi au moment où nous traversions le fleuve la femme de mon  oncle Moussa (dit Lambert) accoucha t-elle  un enfant que l’on le nomma Allata une forme abrégée de l ‘expression agllataa veut dire atteindre un but de
justesse. Allata est présentement marié et père de plusieurs enfants.

Pendant l’exode nous avons traversé plusieurs villages Sara et à chaque étape les villageois se regroupent au crie de tamam armés des lances et des épées pour nous attaquer mais voyant que notre nombre est très intimidant et ignorant nos les armes en notre possession, ils se reculent et se transforment en marchants des denrées alimentaires. Parmi nous il n’y avait qu’un seul homme qui s’appelle Elhadj Abdoullaye qui était armé d’un pistolet. En apercevant des groupes des villageois Sara il tirait des coups de sommassions. C’était aussi, une source de dissuasion de plus. Pour vous donner une idée de notre nombre, à l’une des étapes, les commerçants parmi nous, ont cotisé de l’argent et acheté six bœufs. Après les avoir regorgé, les viandes ont été grillées et partagées parmi nous. Chaque personne a trouvé comme sa part un morceau de viande a peu près comme une orange divisée en deux. Ceci étant, voici la liste partielle des victimes  assassinées sur l’ordre de Kamougué  à Moundou, pour la seule région du Kanem. La liste a été établie par l’AVIPROS, après une enquête menée auprès des parents des victimes dans la région du Kanem :

 

Victimes originaires du village de Tarfé (15 km de Mao)


1)  Mal Gad Ibrahim

2)  Alhadji Choukou kossei

3)  Hakki Choukou Kossei

4)  Qlhadji Ali Taha Tchar

5)   Mahamat Kila Ahmad

6)  Issa Qli Yahya

7)  Mahamat Komboyi Omar

8)  Ahmad Ahmad Koumo

9)  Mouli Mahamat

10)     Mahamat Abakar Tahir

11)     Mahamat Ousman Tahir

12)     Adam Mahamat Dari

13)     Moussa Mahamat Dari

14)     Mahamat Mahamat Issa

15)     Moustapha Mahamat Issa

16)     Issa Lamine Mahamat

17)     Oumar Abakar Seid

18)     Idriss Abakar Seid

19)     Idriss Moussa Abdallah

20)     Kérré Taib Ali

21)     Djibrin Mahamat Mahamat

22)     Mahamant Saleh Adam

23)     Ousman Moussa Sitta

24)     Ibrahim Moussa Sitta

25)     Abakar Saleh

26)     Mahamat Adoum Idriss

27)     Ousman Aoum Idriss

28)     Ali  Chou Mahamat Kossei

29)     Mahamat Moustapha Mahamat

30)     Abdoulkarim Issa Saleh

31)     Mahamat Chou Houmma

32)     Kakkiyi Mahamat Moussa

33)     Mahamat Adoum Ibrahim

34)     Konteyi Moussa Houma

35)     Abdourahim  Mahamat Houma

36)     Mahamat Abdourahim Kinou

37)     Idriss Kossei Hamid

38)     Kellé Mahamat Mahamat

39)     Moussa Mahamat Ibrahim

40)     Mahamat Mahamat Ibrahim

41)     Saleh Moussa

42)     Idriss Moussa

43)     Moustapha Kreimi

44)     Seid Moussa Ibrahim

 

Victimes originaires du village de  Kourtchillé

1)  Idriss Hassan

2)  Mahamat Hassan

3)  Mahamat Al-Hadj Abdoulkarim

4)  Abakar Abdoulkarim

5)  Ibrahim Abdoulkarimm

6)  Adam Abdoulkarim

7)  Abakar Adam

8)  Mahamat Fanssi Saleh

9)  Ahmad Ali

10)     Ali Adam Yaryi

11)      Abdourahmane Hassan

12)     Ali Djibril

13)     Abakar Djibril Guiriyi

14)     Hassan Mahamat

15)     Bini Abdoulkarim

16)     Abakar Abdoulkarim

17)     Hassan Gala

18)     Mahamat Saleh

19)     Adam Ibn Adam

20)     Ali Souleymane Boula Bourou

21)     Moussa Mahamat Adam Hadjar

22)     Youssoum Moussa Korom

23)     Hissein Zezerti Karfa

24)     Mahamat Nour Saleh

25)     Abakar Adam Idriss

26)     Mahamat Nour Abakar

27)     Saddiq Youssouf  Noussa

28)     Youssouf Mahamat Oumar

 

 Victimes originaires du village de Liguirou

1)  Maina Moussa Idriss Haggar

2)  Hakki Adoum

3)  Ahmad Chou Kori

 

Village de Hamraa

1)Abba Kaka

2) Ali Sailai

 

Victimes originaires du Village de Wouni

 

1)Katcha Mahamat

2) Koubouri Ali

 

Victime originaire du Village de Boula Nouyi

1) Mahamat Tchou

 

Victimes originaires du Village de Sérfénga

1) Bokor Addi

2) Goni Mimi

3)  Chaa Mimi

 

Victimes originaires du Village de Aou Maal

 

1) Mahamat Ali

2) Djiddi Ali

 

Sont tous des civils et leur seule faute était d’avoir choisi de vivre parmi leurs compatriotes du sud du  pays avec qui ils partagent une seule patrie.

 

L’AVIPROS a aussi reçu un témoignage de la part d’un autre rescapé qui s’appelle  d’Abakar Djiddi et en voici ce qu’il dit:

 

« Nous étions à  Guidari, quelque 200 km de Lai- la nouvelle de la situation à Moundou et  Sarh nous est parvenue, on ne savait où se donner la tête. Puis on est rassuré par la nouvelle faisant état de la visite qu’a effectué le chef traditionnel, Dono Ngardoum, basé à  Dono Manga, à Lai. Selon les nouvelles le chef  Dono Ngardoum aurait  interdit aux autochtones de tuer les musulmans non indigènes résidant dans la région. C’était un lundi des soldats firent leurs descentes et nous ont arrêté. Nous étions au nombre de 27. Ils nous ont emmenés à Lai et nous ont jetés en prison. Par la suite nous sommes rejoints par 70 autres Musulmans résidents de Lai. Pendant la nuit les soldats sont venus enlever une certain Mahamat Khamis (le chauffeur d’Assileck Halata), son père, son frère et deux autres personnes.

 

Pendant 4 jours on ne buvait que de l’eau. Il n’y avait rien à manger. Au quatrième jour les soldats ont autorisé un prisonnier Sara que nous l’avons trouvé en prison, de sortir pour nous acheter de l’arachide et d’autres choses à manger. Ainsi avons-nous cotisé de l’argent pour l’achat des choses à manger.

 

Au 50ème les autorités pénitentiaires ont  autorisé aux épouses des prisonniers résidant à Lai de nous amener à manger. Au début les femmes n’ont pas cru  que nous sommes encore vivant. Après vérification les épouses des
personnes suivantes :

1)  Saleh Makandji

2)  Ali Dabaï

3)  Moustapha Mahamat

4)  Faki Abbas

5)  Moussa Ali

6)  Mahamat Ali

7)  Mal Choukouï

8)  Makoundji Douba ont commencé à nous apporter à manger. Après 104ème le commandant de la Brigade –je ne connais pas son nom- est venu nous dire que nous serons libérer et que nous avons le choix entre attendre l’officier qui était en possessions de nos avoirs pécuniaires (environ 20 millions de FCFA) ou partir immédiatement. L’officier en question serait en visite à Moundou. Nous tous, nous avons opté pour un départ immédiat et ceci sans hésitation aucune. Entre temps notre nombre est déjà réduit à 47 personnes après libération et évasion de quelques-uns. 

 

Nous sommes libres mais où  aller? Le commandant demanda à certains camionaires de nous transporter. Craignant que l’on nous emmène en brousse pour nous tuer, Les transporteurs ont refusé de nous prendre. Le
commandant décida d’aller les voir avec quelques-uns des prisonniers que les transporteurs les connaissaient à l’effet de les rassurer. Ainsi nous avons quitté Lai vers 16 heures, abord de deux véhicules, avec instruction ferme de la part du commandant comme quoi les chauffeurs doivent nous amener hors territoires hostiles avant le levé du soleil du lendemain. Pendant tout le trajet à travers le territoire Sara les villageois nous jetaient des pierres. Dix personnes ont trouvé des blessures à la tête. Nous sommes arrivés à Baïli à 5 heures du matin. Ici on est accueilli à bras ouvert par la communauté musulmane et avec émotion comme si nous sommes revenus de l’au-delà. Si ému par notre arrivée, sains et saufs le restaurateur de la place nous a nourri gratuitement ».        

 

Je réitère mon invitation à  toute personne ayant des éléments d’information sur ce sujet, de nous contacter à l’adresse suivant :avipros@hotmail.com et s’associer à L’ASSOCIATION DES VICTIMES DU POGROM DU SUD avec
comme acronyme  (AVIPROS).

 

Cet appel concerne aussi des sudistes qui auraient vécu la même horreur aux mains des musulmans au nord.

 

Par Omar Adam Maidou

Milan, Italie

avipros@hotmail.com

 

 

 

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