Quelques semaines avant sa mort brutale le 20 avril 2021, le président tchadien Idriss Deby Itno a prononcé le 17 février à N’Djamena un dernier grand discours sur la situation sécuritaire au Sahel dans lequel il exprime ses plus vives inquiétudes. L’état des lieux dressé lors du 7 è Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’est achevé hier mardi, lui donne largement raison post-mortem. 

Dix mois après ce discours-testament du président tchadien, la situation sécuritaire au Sahel a empiré. Au Burkina Faso, le régime du président Kaboré ne tient qu’à un fil face à la pression des groupes djihadistes qui contrôlent près d’un tiers du pays. Deux attaques terroristes perpétrées la semaine dernière au Bénin sont venues confirmer la volonté des groupes terroristes de déplacer l’épicentre de leurs activités du Sahel vers les pays du Golfe de Guinée.

Voici quelques extraits de ce discours alarmiste de feu le président Déby qui en appelle à « une montée en puissance » de la coalition internationale » contre le terrorisme au Sahel

« Je souhaite de tout cœur que la coalition internationale pour le Sahel se dote d’une feuille de route avec des indicateurs clairs et mesurables qui nous permettent d’évaluer le chemin parcouru et changer de cap, si cela s’avère nécessaire. Compte tenu de l’urgence, je suggère que la réunion ministérielle arrête cette feuille de route se tienne dans les meilleurs délais, vers la mi-mars [NDLR : 2021].».  

« J’interpelle la conscience de tous nos partenaires sur la nécessité absolue d’assurer la montée en puissance et l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel à travers le financement, l’équipement et le ravitaillement des troupes. Les partenaires de la Coalition ont aussi un rôle prégnant à jouer dans le renforcement des capacités opérationnelles et judiciaires en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité et les trafics en tous genres. L’action de nos partenaires est également utile et précieuse dans l’accompagnement au retour de l’administration territoriale dans les zones les plus fragiles afin d’y assurer la stabilité ».

« Permettez-moi de saisir cette occasion pour souligner avec force ou plutôt souligner avec emphase que la force conjointe du G5 Sahel doit être placée sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations unies. En insistant sur cette préoccupation, je voudrais simplement montrer l’urgence d’une problématique afin qu’elle fasse l’objet d’une attention soutenue. Quel que soit le degré d’efforts nationaux au sein du G5 Sahel, il sera difficile de gagner cette guerre, si cet impératif n’est pas suivi d’effet. J’ai grand espoir que notre légitime requête sera prise en compte par les Nations unies. Car il s’agit de la stabilité du Sahel, d’une bonne partie de l’Afrique voire bien au-delà du continent ».

Mondafrique

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