Idriss Déby Itno (IDI) ne s’est pas rebellé le 1er avril 1989 pour le salut du Tchad et moins encore pour le triomphe de la démocratie sur une dictature dont il fut d’ailleurs la cheville ouvrière et la colonne vertébrale. Comme toujours, ce sont les victorieux qui réécrivent après coup l’histoire et celle d’IDI le promoteur de la démocratie est une falsification qui ira comme d’autres mystifications fleurir les jardins ou les cimetières des mensonges historiques.  

 

Dès la prise de pouvoir des Forces armées du nord (FAN) en 1982, IDI n’a toujours eu qu’une seule préoccupation, le contrôle exclusif des ressources économiques. Dès la chute de Habré, lui et son clan ont mis le grappin sur le secteur des transports urbains à N’Djaména. Avec les fameux bus, la concurrence n’était plus de mise, le monopole de fait étant accordé de fait à son seul clan. Même le pays étant territorialement divisé entre les clans victorieux. Ainsi le Moyen-Chari et le Logone Oriental furent livrés en butin au clan Itno.

 

Au regard de ce qui se passe partout en Afrique et même dans le monde, on serait tenté de dire que la prédation est consubstantielle du pouvoir ainsi qu’un certain népotisme. Mais là, dans notre pays, l’on a franchi une dangereuse marche. La pratique actuelle n’a jamais cours sous aucun régime au Tchad y compris dans les vieilles monarchies pré-coloniales du Kanem, du Ouaddaï ou du Baguirmi. La seule question à se poser très sérieusement est celle de la motivation profonde d’IDI lorsqu’il livre ainsi tout le pays en prime à sa famille. Toutes les institutions du pays n’ont d’autre signification qu’instrumentale. Les Itno, à peine atteint la puberté, sont hissés partout au sommet des services de l’Etat et les plus stratégiques: Douanes, Impôts, Grands Travaux, Mairie de N’Djaména… Chaque jour, IDI nargue les Tchadiens, les humilie et tous couchés ou à genoux lui déroulent le tapis. Y a-t-il encore un seul secteur productif dans le pays qui ne soit la chasse gardée du clan?

  L’armée et l’administration sont désormais des services privés destinés à renflouer les caisses de la famille régnante. Les prétendus travaux d’infrastructures en cours n’ont d’autre objectif que de pomper les ressources publiques au profit du roi et des princes. Les ouvrages sont dégradés avant leur réception et beaucoup ne sont même pas exécutés et les coûts sont allégrement encaissés. Pourquoi tant de boulimie?  Aujourd’hui, pour gérer une crise interne de la famille, IDI redistribue les cartes au frais naturellement des sujets Tchadiens.

 

Depuis des décennies, la Société nationale d’études et réalisations (Sner), propriété de Daoussa Déby Itno, frère aîné de…, a le quasi-monopole des travaux routiers. Aucune réalisation fiable, mais la convention d’établissement de cette déjà vieille société est reconduite avec exonération d’impôts et taxes faisant ainsi concurrence déloyale aux autres entreprises concurrentes.

 

L’autre exemple de privatisation de l’Etat au profit de la famille, c’est la concession de l’établissement des documents biométriques et du service de contrôle technique des automobiles au Tchad à la société Sogect-Tchad SA, propriété de Abderaman Hassan Mahamat Itno. Aux termes desdites conventions, ces services relevant de la souveraineté de l’Etat seront effectués par cet éminent membre de la famille pendant dix ans, il ne reversera que 10% des recettes au trésor public. Et quel trésor public dans ce pays où seul IDI connaît la ligne de démarcation entre public et privé?

 

Le désengagement de l’Etat d’un secteur public se fait par mise en concurrence après appel d’offres public. Et au Tchad, il existe un secrétariat au désengagement, compétent en la matière. Ici, l’on se fiche de la liberté des individus et de la protection de leurs secrets; l’on donne allègrement la gestion de l’état des personnes et des données biométriques informatisées à un particulier. Avec quelles garanties?

 

Bientôt, quand la famille se rendra compte que les déchets humains sont des engrais fertilisants, chaque sujet Tchadien sera sans doute tenu de recueillir et mettre à sa disposition ses excréments pour les revendre comme intrants agricoles.

 

Quand un chef va ainsi au delà de l’infranchissable, nul n’est tenu au respect de quoi que ce soit.

 

Nous n’ignorons rien du sort que les forces armées du prince nous réservent. Au moins, ce ne sera pas sans avoir fait entendre notre désapprobation de l’esclavage.                                                      

 


La Rédaction.
 

635 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire