Les journalistes tchadiens de la presse écrite mais aussi ceux des radios privées ont édité un journal unique appelé Le Journal des journaux, à paraître jeudi 27 septembre. Des journalistes tchadiens mais aussi des leaders de la société civile se sont mobilisés et ont réagi, dans ce numéro spécial, à ce qu’ils qualifient de « harcèlement judiciaire » contre Jean-Claude Nekim, directeur du plus célèbre journal d’opposition tchadien, le N’Djamena Bi-Hebdo.

 
Pour avoir, dans une brève, publié une pétition contre le régime du président Idriss Déby,N’Djamena Bi-Hebdo a été suspendu pour trois mois et son directeur de publication, Jean Claude Nekim, condamné pour « diffamation » à un an de prison avec sursis et une amende d’un million de francs CFA (1 500 euros).
Après avoir reçu une convocation de la police lui demandant de se présenter samedi dernier où il a été entendu, Jean Claude Nekim a de nouveau été convoqué, mardi 25 septembre, devant le procureur qui l’a entendu puis inculpé, cette fois pour « outrage à magistrat », après la publication d’une caricature dans la dernière parution du journal. L’audience est fixée au 16 octobre.

 Le Journal des journaux
Dans ce journal unique, selon une source contactée par RFI, tous les articles sont focalisés sur cette épée de Damoclès qui plane sur la presse tchadienne en général et sur le directeur duN’Djamena Bi-Hebdo en particulier. Une caricature, représentant la situation, figure sur la Une du journal et l’éditorial c’est celui du N’Djamena Bi-Hebdo qui devait paraître lundi.
Réunis jeudi dernier à Ndjamena pour une conférence de rédaction un peu particulière, les journalistes se sont vus confier les différents articles. Certains sont allés recueillir les avis de certains hommes politiques sur cette affaire alors que d’autres ont essayé de connaître l’avis du Haut Conseil de la communication, instance qui garantit la liberté et la protection de la presse mais qui n’a pas été associée à la procédure judiciaire et qui ne s’est pas non plus prononcée jusqu’à ce jour sur le dossier.
Des textes juridiques concernant « la diffamation » y sont aussi expliqués. Dans ce journal, la parole est également donnée aux lecteurs tchadiens qui ont pu s’exprimer. Et puis, il y a aussi une rubrique consacrée aux différents messages de soutien à Jean Claude Nekim ainsi que tous les communiqués de presse.

 La réplique aux autorités tchadiennes
Pourquoi ce Journal des journaux ? Pourquoi les journalistes ont-ils décidé de se faire entendre ? Pour l’Union des journalistes tchadiens (UJT), cette situation risquerait de compromettre dangereusement la liberté de la presse au Tchad. L’UJT, qui apporte tout son soutien à N’Djamena Bi-Hebdo et à son directeur de publication, invite par ailleurs « le corps judiciaire à respecter les textes » qui régissent la presse au Tchad.
Contacté par RFI, Massalbaye Ténébaye, président du collectif qui a monté cette édition spéciale du Journal des journaux, exprime une opinion qui va dans le même sens.

 

Massalbaye Ténébaye
Président du collectif « Le Journal des journaux »

Ce procès, tel que nous l’avons observé, n’est pas un procès ordinaire. C’est le procès contre la démocratie et la liberté d’expression.

 
26/09/2012 par Boniface Vignon

La solidarité des journalistes avec leur confrère du N’Djamena Bi-Hebdo passe aussi par une semaine « sans presse ». Depuis lundi 24 septembre, la plupart des journaux indépendants, réputés proches de l’opposition, ne sont pas parus et ne devraient pas paraître jusqu’au vendredi 28 septembre. 

RFI

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