Si d’emblée on pense  à juste titre que l’intellectuel de façon globale est celui qui a une longueur d’avance dans la réflexion par rapport à celui ou celle qui ne l’est pas, au Tchad, la classe des intellectuels s’apparente à une jungle de calculateurs pour les postes de responsabilités bassement matérialistes.

L’UNDR (Union Nationale pour le Développement et le Renouveau) qui compte dans ses rangs des cadres de bonne facture sur le plan professionnel notamment, a depuis toujours  su utiliser judicieusement les compétences de ses militants- cadres. Si le Parti a obtenu de bons résultats sur la scène politique en termes de stratégie électorale dynamique, c’est en grande partie à cause de la pertinence de ses intellectuels qui ont su encadrer par des idées porteuses, la hiérarchie. 

Les succès électoraux de l’UNDR à tous les processus, malgré les fraudes, sont à imputer à la perspicacité  de ses cadres qui ont démontré leurs multiples talents chaque fois que le Parti doit affronter les élections : présidentiels, législatives ou communales.

Si un tel constat positif est fait de la trajectoire éthique de la majorité des intellectuels qui militent activement dans le Parti, il n’en demeure pas moins vrai qu’il existe des brebis galeuses au sein de cette classe d’intellectuels. Des professionnels souvent rompus et éclairés pouvait-on dire ont hélas terni  l’image de nos cadres par la légèreté de leurs actes, quand, happés par l’appât du gain facile, certains ont préféré vendre leur âme au diable du pouvoir. C’est le cas de Paboung Dagou, un enseignant d’Université, retraité qui a ravalé sans pudeur sa dignité de septuagénaire pour tomber dans l’antre de l’idiotie politique.

Il a en effet démissionné de l’UNDR. 

C’est qui en fait, est aussi son droit, puisque les textes du Parti le prévoient. L’article 11, alinéa 2 des statuts stipule que « la démission doit  être  notifiée par écrit et adressée au Président de la structure dont relève le militant… »

En envoyant sa lettre de démission au Président National Saleh Kebzabo, Paboung Dagou ne l’a nullement motivé, rappelant bassement des griefs qu’il lui  aurait reprochés en 1996 pendant la première législature où il était député à l’Assemblée Nationale. 

Contacté  en réalité par les recruteurs du pouvoir, il a été reçu par Idriss Déby Itno et des promesses de postes juteux lui ont été faites de même que l’érection de la localité dont il est originaire en Département administratif, avec à la clé l’espoir d’être imposé comme futur candidat aux élections législatives annoncées pour cette année au Tchad.

Devant la grande incertitude de se voir désigné par la base du Parti(UNDR) en raison de son impopularité criarde parmi les siens, Paboung Dagou a préféré trahir le Parti dans lequel il milite depuis 1992 pour quelques improbables strapontins dans l’administration tchadienne et cela, au crépuscule de sa vie. L’aspect immoral d’un tel comportement est simplement ahurissant.  Se renier à ce point est condamnable dans la communauté moundang en particulier et dans la région du Mayo-Kebbi en général.

Malheureusement, il n’est pas seul, Paboung Dagou à se comporter comme un traitre politique.

Un autre septuagénaire, vient lui aussi de montrer à l’opinion sa face hideuse d’homme sans scrupules ravagé par l’indignité d’une attitude vile par rapport aux jouissances matérielles qui l’ont anéanti moralement. Il s’agit de Keba Ouado Evariste. Cet individu sans foi ni loi a quitté l’UNDR, tenez-vous bien…depuis 1996. Et c’est en 2019, qu’il déclare dans une lettre avoir démissionné du Parti. Toute honte et opprobre bues, Keba Ouado écrit dans sa missive qu’il n’a pas réussie à convaincre ses recruteurs politiques du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) au pouvoir qu’il n’est plus militant de l’UNDR. À cause de cela, affirme-t-il piteusement, il n’a pas pu obtenir un placement dans les arcanes d’Idriss Déby Itno. 

Il est dépité par le fait que lui, l’ingénieur en ponts et chaussées formé aux États-Unis d’Amérique, banquier de renom pendant de nombreuses années, ancien gestionnaire d’un projet juteux financé par les Américains après sa retraite de la Banque Tchadienne  de crédit et de dépôts, auréolés de plusieurs titres honorifiques, ne puisse pas être nommé dans la nouvelle Haute Autorité érigée par le pouvoir MPS où sont casés les pontes des chefferies traditionnelles du Tchad. Mission assignée à ces chefs traditionnels prédateurs du peuple, biaiser les prochaines élections législatives et communales en s’impliquant dans la fraude par l’intimidation de la base dont ils vont prendre encore davantage le contrôle, au profit exclusif du régime.

En quelques sortes, Keba Ouado a régularisé sa démission de l’UNDR plus de 20 ans après l’avoir quitté. 

Cette grossière forfaiture fait de ce « vieux » Monsieur sans principe moral la risée des populations de Guétalé, son village natal dont il est le chef après la mort de son père.

Nous assistons là, à une dépravation manifeste des mœurs politiques au Tchad où des hommes de l’âge de Keba Ouado devraient être considérés comme dépositaires des valeurs morales de grande qualité, mais pas comme ce qu’ils présentent eux-mêmes, véritables oripeaux de la politique.

En tout cas, à l’UNDR, la sérénité est de mise et l’écrasante majorité de nos cadres, toutes disciplines confondues reste fidèle à son engagement politique. C’est l’essentiel. Les errements de Paboung Dagou et autres Keba Ouado ne constitue nullement un évènement.

Par Arsène Ningatoloum à N’Djamena.

Tchadanthropus-tribune

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  • A en juger par la virulence du contenu de vos écrit ,on est en droit de se poser la question de savoir si la sérénité telle que vous le dite est vraiment de mise au sein du parti.
    On comprendra que le militant que vous êtes soit choqué par la démarche de ces deux personnes mais ne vous laissé pas rabattre à leurs niveau.

    Commentaire par Ahmat Hamit le 25 mars 2019 à 8 h 44 min
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