5 octobre 2020 #TCHAD #UNDR : Le président de l’UNDR et son parti font leur rentrée politique. (Lire le discours)
Camarades et Amis Chefs de Partis Politiques,
Camarades Militantes et Militants,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour nous à l’UNDR un immense honneur en même temps qu’un plaisir renouvelé d’accueillir ici à notre Siège national les Chefs de Partis politiques de l’Opposition démocratique. Chers Amis, chers Camarades, je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation et je vous prie de vous sentir chez vous dans nos modestes locaux, plus précisément dans la salle ABA DJOUASSAP KOI.
Quant à vous chers militants, ai-je besoin de vous remercier pour cette retrouvaille dans les locaux de votre siège national construit à la sueur de notre front à nous tous ? Bienvenue, donc.
Comme chaque année, cette cérémonie dite de rentrée politique nous offre l’opportunité, après une longue période hivernale, de renouer et de reprendre véritablement nos activités politiques. C’est ici le lieu de saluer le peuple tchadien pour son esprit d’abnégation et de sacrifice qu’il subit quotidiennement à cause d’une mauvaise gouvernance catastrophique qui a conduit le pays dans un gouffre.
Notre pays a connu cette année deux grandes catastrophes : la pandémie du Corona virus et les inondations. Pas une province du pays n’en a été épargnée.
S’agissant du Coronavirus, il vous souviendra que cette terrible maladie a fait son entrée officielle au Tchad le 19 mars 2020. Puis, progressivement, elle s’est installée et, apparemment, elle a pris notre gouvernement de court, alors qu’elle était déclenchée en septembre 2019 en Chine pour se répandre comme une trainée de poudre dans tous les pays du monde. Au lieu de se préparer sérieusement pour attendre la maladie, le gouvernement avait la tête ailleurs ! Voilà pourquoi le Tchad était désarçonné et presque pris au dépourvu. Il a fallu attendre le 14 avril, quand les cas se sont multipliés, pour qu’intervienne, enfin, le Chef de l’Etat qui a énoncé un chapelet de mesures toutes aussi démagogiques qu’inefficientes avec, à la clé, une multitude de promesses non tenues.
Coronavirus poursuit irrésistiblement sa progression dans presque toutes les provinces du pays. A la date d’aujourd’hui, le Tchad a enregistré 85 morts sur environ 1000 cas, avec un pourcentage nettement au-dessus de la moyenne. Le plus grave, pour nous, ce sont les perspectives d’avenir que n’entrevoit pas notre gouvernement qui est incapable de faire de la prospective dans tous les domaines impactés par la Covid-19. Les engagements pris vis-à-vis des opérateurs économiques ne sont pas tenus et notre économie ou ce qu’il en reste, s’en est allée avec son cortège de faillites dans tous les secteurs et des milliers de travailleurs qui ont perdu leur emploi. Nous nous sommes contentés, comme d’habitude, de tendre la sébile pour recevoir l’aide internationale ; quelle honte !
En ce qui concerne la catastrophe due aux pluies, nous avons été encore plus minables ! Le constat est clair : depuis au moins deux ans, nous constatons une abondance de pluies insolites dues au fameux changement climatique dont on parle sans trop y croire. Les choses sont pourtant patentes et une simple observation empirique nous imposait de prendre des mesures conséquentes pour ne pas être en situation d’improviser.
Ce que N’Djaména a vécu cette année est tout simplement inadmissible et criminel, car des mesures préventives auraient pu être prises pour éviter ce cortège de malheurs que nous avons observés. Pour nous, l’Etat est responsable de tout ce qui est advenu dans la capitale et il doit prendre les mesures pour dédommager toutes les familles victimes sur l’ensemble du territoire. L’exemple de ce citoyen soi-disant intouchable qui a creusé un immense bassin dans la banlieue nord du pays est connu : c’est lui qui a été la cause du stockage de l’eau qui s’est retrouvée emprisonnée en ville, sans issue, et qui a causé tous les dégâts que nous avons vécus. Il a fallu « l’intervention personnelle », comme d’habitude, du président Idriss Déby Itno pour casser l’ouvrage et libérer les eaux. Mais il était déjà trop tard, les N’Djamenois n’avaient plus que leurs larmes pour pleurer et personne à leurs côtés pour les essuyer.
En matière d’inondations, aussi, nous devrions anticiper dès maintenant et prendre toutes les mesures techniques et autres pour que nous soyons, dans le futur, et cela est possible, à l’abri des catastrophes de ce genre.
Un phénomène nous révolte : au plus fort des catastrophes que je viens d’évoquer, la pratique honteuse des vols, des pillages et des détournements se sont amplifiés, au détriment de l’Etat et des citoyens. C’est dire que cette maladie est devenue endémique et incurable tant que le pouvoir-MPS sera en place ! L’impunité décriée depuis des dizaines d’années s’est irrémédiablement installée, doublée de la corruption qui fait aussi des ravages de son côté. Aucun pan du pouvoir n’est à l’abri de ce désastre soigneusement protégé par le président Idriss Déby Itno lui-même !
Dans ces conditions, comment voulez-vous que le pays s’en sorte quand on préfère bâtir une République de voleurs dans un Etat informel qui tend vers un non-Etat ?
Tous les évènements vécus cette année confirment cette assertion. L’élévation au titre de Maréchal du général d’armée Idriss Déby Itno est venue nous le confirmer ; cet homme est décidément avide et insatiable de pouvoir ! Hélas, une Assemblée nationale majoritairement composée de godillots a délibérément violé la Loi pour se plier aux désirs de leur chef. Mal leur en a pris car, un jour pas lointain viendra où la République sera restaurée dans ses droits et, tel un château de cartes, cet édifice sans fondement s’écroulera en morceaux !
Beaucoup de citoyens attendent d’ailleurs d’être remis dans leurs droits : des centaines de domaines sont en effet illégalement occupés, y compris ceux de l’Etat, qui seront automatiquement restitués à leurs légitimes propriétaires et ce sera, enfin, justice. La Justice, la vraie, attend en effet son heure de gloire qui arrivera inévitablement, elle aussi. Les crimes économiques et les crimes de sang commis dans l’impunité la plus totale depuis une trentaine d’années et qui sont imprescriptibles, faut-il le rappeler, seront absolument jugés, afin que justice soit dite !
Je dois ajouter à ce triste tableau un autre domaine qui me tient particulièrement à cœur, celui de la culture des inégalités érigée en système de gestion de l’Etat. Depuis trente ans en effet, inlassablement, patiemment et résolument, le président Déby continue l’édification d’un Etat informel à la limite d’un non-Etat, basé sur des inégalités criantes et inacceptables, où les citoyens tchadiens ne jouissent pas, égalitairement, de leurs droits et devoirs.
En effet, dans tous les domaines, je dis bien dans tous les domaines, le système consiste systématiquement à ériger une société inégalitaire entre nordistes et sudistes. Le phénomène agriculteurs/éleveurs est largement dépassé pour laisser la place aux enlèvements contre rançon, impunément ; les membres de la famille présidentielle : filles et fils, neveux et nièces, beaux parents à tous les niveaux, membres du clan, tout ce beau monde occupe de hautes fonctions d’Etat s’il ne contrôle pas des pans entiers de notre petite économie. Cela est choquant et immoral.
L’autre cercle de la tribu ou des autres régions du nord ne servent que de faire valoir et se contentent de miettes. Les populations de base, par contre, sont totalement démunies et vivent dans la même précarité que leurs autres compatriotes du sud et d’autres régions. L’objectif final, évidemment, consiste à opposer les Tchadiens entre eux. C’est pour cela que je voudrais les inviter à une élévation d’esprit pour ne pas tomber dans ce piège grossier. Ne faisons pas d’amalgame et sachons sérier les choses, car la souffrance des Tchadiennes et des Tchadiens est la même, quelle que soit leur région. Pour s’en convaincre, regardez le sous-développement du BET dont les fils gouvernent pourtant le Tchad depuis quarante (40) ans.
C’est dans ce contexte qu’intervient la fameuse Fondation aux pratiques à la limite de la moralité, adossé à l’Etat dont elle retire progressivement les prérogatives. Je l’ai déjà dit, pour le président Déby, c’est une grosse faute politique. La finalité de Grand Cœur est connue. Elle sert de relai au MPS qui a perdu toute crédibilité, et ses actions seront comptabilisées au profit du candidat Déby lors de la prochaine présidentielle. Nous l’attendons sereinement et fermement en 2021 !
Camarades,
Il faut extirper le mal à la base, c’est-à-dire Déby et les pillards qui sucent le pays depuis bientôt trente (30) ans. Oui, camarades, ce sont Déby et les siens et quelques crapules nationales qui ont réduit le Tchad à l’état néant. Ce sont eux et eux seuls qui auront à répondre devant l’Histoire.
Camarades,
Depuis l’holdup électoral de 2016, Déby et ses proches savent que le régime du MPS est définitivement honni par le peuple. Voilà pourquoi nous assistons à toutes ces manœuvres qui consistent à confisquer le pouvoir pour toujours. D’où ce Forum de triste mémoire qui a mis le pays totalement en panne en mars 2018 en instaurant cette fameuse inique IVème République. Après les pitoyables 16 mesures qui ont ruiné le pays et les travailleurs en 2016 et ouvert la voie à la paupérisation générale, le prochain Forum va consacrer la médiocrité et la nullité qui sont l’apanage des dirigeants incapables de bien gérer leur pays, se contentant des délices du pouvoir pour eux seuls.
J’entends dire qu’un comité est mis en place par décret pour préparer un nouveau Forum. De quel forum s’agit-il ? Aucun Tchadien qui aime son pays, aucun citoyen responsable et aucun homme politique crédible n’ira à cette foire de cancres. Si Déby veut organiser un véritable Forum pour sauver le pays, il doit s’ouvrir à la vraie opposition pour s’asseoir et en discuter sérieusement.
L’opposition véritable et patriotique a toujours montré sa disponibilité à participer à de vraies assises inclusives. Le maréchalat, la CENI illégale et un CNDP taillé sur mesure avec des opposants soumis, sont une vaste fumisterie qui n’impressionne plus les Tchadiens. Sans oublier, évidemment, la Cour Suprême qui va gérer le contentieux électoral alors que sa soumission totale à Déby est une réalité intangible.
Camarades,
Allons à l’essentiel dans un vrai forum inclusif pour entreprendre des réformes politiques, économiques et sociales profondes à la hauteur des enjeux. Asseyons-nous ensemble pour ausculter une armée nationale mal gérée à l’intérieur et à l’extérieur pour, très rapidement, à la faveur de réformes essentielles, la remodeler en vue d’une armée véritablement nationale et disciplinée, bien équipée et moderne, où les fondamentaux d’une armée apte à défendre notre souveraineté seront mis en place. La vocation de l’Armée Nationale Tchadienne ne sera plus d’être au service d’un homme, d’une famille ou d’un clan, mais elle devra être un véritable creuset national.
Un Forum national inclusif doit prendre des mesures pour assainir la Justice et l’Administration pour en faire des instruments de paix, de développement, d’équité et de justice sociale, dans l’égalité des citoyens sans aucune considération ségrégationniste en bannissant à jamais la stigmatisation.
Un Forum national devra tout simplement mettre en œuvre des mécanismes institutionnels pour des élections transparentes, sincères et inclusives. Si Déby et les militants du MPS aiment vraiment leur pays, ils devront souscrire à toutes ces exigences somme toute mineures. Si tel n’est pas le cas, j’ai peur pour l’avenir du Tchad qui risque d’entrer dans un cycle infernal de contestation et de violences post-électorales.
Pour ce qui nous concerne à l’UNDR, tirant les leçons de notre participation aux différentes consultations électorales depuis 1996, nous disons à Déby que TROP C’EST TROP ! LES PROCHAINES ELECTIONS DE 2021 SERONT TRANSPARENTES OU BIEN N’AURONT PAS LIEU.
Dans cette perspective, je lance une fois de plus un appel à l’opposition pour l’inciter à l’unité d’action. Plus que jamais, chers camarades, nous avons besoin de nous unir, de nous mettre ensemble, de nous rassembler, d’unir nos forces, nos capacités et nos expériences, d’unir surtout nos intelligences pour faire front à notre adversaire commun spécialisé dans la fraude électorale. C’est à ce prix et à ce prix seulement que nous créerons un rapport de force pour l’avènement d’une alternance démocratique tant attendue.
Camarades militantes et militants, au sortir de cette réunion, nous devons commencer à nous mettre en ordre de bataille pour l’ultime combat. C’est pour cela que je vous invite instamment, dès maintenant, à battre une campagne intense pour le recensement électoral. Il faut inviter les jeunes à détenir leur carte d’électeur qui est leur seule arme de libération pour déloger ce pouvoir qui nous a pris en otages par les armes.
Pour participer aux prochaines élections, deux conditions doivent être remplies :
- la mise à plat de l’arsenal juridique injuste et, 2- l’unité de l’opposition. L’UNDR s’y engagera alors de toutes ses forces, et elle en a !
Je vous remercie.
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