Il a été souligné avec intérêt que les rencontres consacrées au Mali en marge de l’Assemblée générale de l’ONU ont été marquées par un forcing interventionniste de la France et de certains pays de la CEDEAO. Si la mise évidence de la mainmise des groupes djihadistes sur le Nord du Mali et leurs actions (destructions de mausolée, application de châtiments présumés fondées sur la Charia etc.) a permis de souligner « l’urgence » de la situation, elle n’a pas pour autant vaincu toutes les réticences. C’est l’enseignement général qui est retenu de la réunion sur le Sahel auquel le Tchad a participé.

Ce qui est assez curieux, c’est que le Tchad devant la tribune des Nations Unies agite l’épouvantail terroriste pour une intervention militaire internationale au Mali. Or, sur cette question épineuse qui engage la vie des hommes et s’il existe un minimum de logique d’un Etat républicain qui se respecte, cette question devrait être débattu d’abord au sein des grandes institutions de la République, du moins le parlement majoritairement MPS, voire même l’avis de l’opinion avant que le gouvernement n’engage la position officielle de l’Etat. Le Tchad est mieux placé pour savoir les graves conséquences humanitaires d’une guerre. Cet agissement montre bien la façon dont le Tchad est diriger qui n’est pas surprenant aux yeux de l’opinion nationale. Au demeurant, cela montre aussi la nature bâtarde de ces alliances et l’illisibilité dans ses rapports avec ses partenaires, notamment africains.

Le Collectif de diplomates tchadiens dénonce les va-t’en guerre affichée de la diplomatie tchadienne sur la crise qui secoue le Mali et lui rappelle que dans ce domaine, il faut d’abord privilégier le dialogue et la concertation quelque soient les adversaires en face. Il faut aller au bout de cette logique avant de recourir à d’autres moyens. C’est la meilleure arme pour fléchir les positions. Il faut savoir aussi que derrière la crise malienne et ses impacts sur le sahel, se profilent des enjeux géostratégiques colossaux des grandes puissances de ce monde en compétition sur cet espace géographique du continent. Il appartiendra aux africains de mieux cerner ses enjeux et d’agir en connaissance de cause. La diplomatie tchadienne devrait plutôt insister à ce que les Maliens soient les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes.

Il faudra impérativement les aider et les soutenir en renforçant notamment leurs capacités nationales. De ce point de vue, les acteurs de la communauté internationale doivent être guidés par un même agenda et leurs efforts conduits selon un même ordonnancement, qui tienne compte non seulement de la volonté des Maliens et des prérogatives de la CDEAO, mais aussi des intérêts de sécurité nationale des pays du champ voisins du Mali (l’Algérie, le Niger et la Mauritanie).

Le Collectif constate avec amertume la décadence actuelle de l’essentiel du réseau diplomatique officiel et institutionnalisé du Tchad (intérêts du peuple ignoré, chancelleries privatisées, personnel diplomatique et consulaire clochardisé, diaspora tchadienne abandonnée). Que peut-on attendre véritablement d’une diplomatie tchadienne visiblement en panne d’imagination et à la dérive, qui a perdu la capacité d’initiative et d’action qu’elle avait jadis ? Rien, en dehors des gouvernants insensibles, méprisants et égoïstes, incapables de construire une politique diplomatique cohérente et en phase avec les enjeux globaux du moment. Le but ultime de la manœuvre reste incontestablement la consolidation du pouvoir personnel du chef de l’Etat, sans incidence réelle sur le sort peu enviable de la majorité de la population du Tchad qui vit au-dessous du seuil de pauvreté.

La crise sociale au Tchad et la pétition de la société civile tchadienne sont des exemples patents de la dérive du gouvernement tchadien qui n’est meilleur que par l’utilisation des instruments de répression vis -à- vis de ses populations qui sont les principales victimes. Le Collectif demeure convaincu que de la contradiction et des critiques constructives et désintéressées jaillit la lumière. Il conçoit ses contributions comme un apport positif à ceux à qui elles sont adressées. Si leurs destinataires ont assez de lucidité et de hauteur de vue pour comprendre cela, ils pourraient en tirer profit de plusieurs manières, si par contre, ils sont intolérants, arrogants ou les otages de leurs entourages qui les influencent négativement pour défendre leurs intérêts étroits, ce sont leurs adversaires qui en profitent. Le Collectif salue le travail gigantesque et hautement patriotique abattu par ses différentes structures à travers le monde et les exhorte de demeurer dans cette dynamique pour un véritable changement dans le pays. Le Collectif de diplomates tchadiens. 

Ali Mahamat
mailto:djeteroum@yahoo.com

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