Le cabinet d’études britanniques Mercer dans 214 villes de la planète, révèle que N’Djaména est la 3ème ville la plus chère en Afrique et, la 8ème ville dans le classement mondial

 

Exit Pékin, New York et Singapour. Bienvenue à Luanda, N’Djaména et Libreville, trois métropoles africaines les plus chères au monde. Établi selon 200 critères (logement, transports, nourriture, habillement, appareils ménagers, loisirs, …), ce classement de Mercer vient démontrer que la cherté de vie tient reste une préoccupation majeure à N’Djaména, la capitale tchadienne. Selon Daouda Elhadj Adam, secrétaire général de l’Association pour la Défense des droits des consommateurs (ADC), les facteurs les plus déterminants de la cherté de vie au Tchad et principalement à N’Djaména sont les crises de logement et énergétique. Cela, en référence à l’interdiction de la vente du charbon de bois dans la capitale. Se loger à N’Djamena est en effet très coûteux. Un modeste studio d’une chambre et un salon situé en pleine ville, coûte dans les 100 000 francs Cfa. Le même studio coûte deux fois moins cher à Yaoundé, la capitale camerounaise, avec un meilleur confort. En réalité, l’absence d’une politique de construction des logements sociaux est à l’origine de cette envolée des prix dans le secteur de l’immobilier. En outre, la plupart des matériaux de constructions immobilières sont importés. Excepté le ciment qui est produit à Baoré qui ne couvre pas déjà la demande locale. «Les matériaux de construction et le terrain coûtent énormément cher. Le citoyen lambda n’y peut rien du tout. Les loyers respectant les normes valent des millions de francs Cfa» confirme Daouda. 

La cherté de la vie se reflète dans le coût du transport. Alors qu’à Genève en Suisse par exemple, un habitant peut emprunter le transport public pendant un mois, pour environ 15 000 francs Cfa; il faut plus du double pour circuler à N’Djamena quand on n’est pas propriétaire d’une moto ou d’un véhicule. Et, la situation va s’empirer après la décision d’Ahmat Mahamat Bâchir, ministre de la Sécurité publique et de l’immigration, invitant les transporteurs à se conformer au nombre de places assises dans les taxis et autres cars de transport. Ce qui a engendré une hausse d’environ 50 % du tarif de transport. Là aussi, l’absence des sociétés organisées de transport urbain et la demande massive (beaucoup de N’Djamenois n’ont pas de véhicules et de motos) explique cette cherté du transport. L’énergie électrique, indicateur déterminant du coût de l’activité industrielle et économique, est très peu accessible. Non seulement, quelques quartiers seulement de la capitale bénéficient de la fourniture en énergie mais, pour ceux qui en bénéficient, l’énergie n’est pas constante. Malgré tout, les tarifs sont prohibitifs. «Je dois contribuer 10 000 francs Cfa pour acheter la carte de recharge pour un mois environ» confie un habitant de la capitale. Un montant largement au-dessus de la moyenne de la sous-région pour un ménage ordinaire.


La folie du pétrole?

Il faut rappeler que depuis l’avènement du pétrole en 2003, on assiste à une flambée des prix de denrées de première nécessité. Alhadji Daouda est plus explicite à cet effet. «Le boom pétrolier a un effet considérable sur la vie». L’avènement du pétrole a, sans aucun doute, déversé trop de liquidités dans l’économie tchadienne. Entrainant aussi une hausse des prix. En 2000, se souvient un habitant de la capitale, un paquet de sucre (pourtant produit au Tchad) coûtait environ 700 francs. Dans les quartiers, on vend le même paquet de sucre à 1100 francs. De manière générale, les prix des denrées de première nécessité sont très élevés. Conscient de cela, le président Idriss Déby Itno a tenté de lutter contre la vie chère en levant la défiscalisation des denrées comme la farine, les pâtes alimentaires, le sucre, le lait et l’huile. Mais deux ans après cette décision du président Idriss Déby Itno, hélas! Pas un changement. «C’est depuis cinq ans que les prix des denrées de première nécessité continuent de flamber, rendant ainsi la vie très chère à N’Djaména», confie Mahamat Ahmat Saleh, secrétaire général de la Commission nationale de lutte contre la vie chère. Pour le secrétaire général de l’ADC, le commerce dans le pays, n’est pas organisé. «Il y a une absence totale de régulation. L’Etat doit faire en sorte que les règles du marché fonctionnent normalement pour qu’il n’y ait pas de dysfonctionnement», suggère Daouda ElHadj Adam. Dans un pays où le SMIG est de 60 000 francs Cfa (soit 2000 francs par jour), un habitant de la capitale peut dépenser environ 3000 francs rien que pour ses trois repas. Et pourtant, il faut se loger, se soigner, se vêtir etc.

 
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