A la suite de la Cedeao, l’UE s’apprête à édicter des sanctions contre le régime de Bamako, qui a reporté l’élection présidentielle et accueilli les paramilitaires russes de Wagner. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, doit virtuellement réunir les ministres des affaires étrangères des pays de l’alliance militaire du G5 Sahel le 26 janvier pour évoquer le dossier malien.

Le dossier malien a été évoqué lors de la réunion des 27 ministres des affaires étrangères européens qui s’est tenue à Brest les 12 et 13 janvier 2022. © Josep Borrell/Twitter

C’est un conciliabule très attendu dans les capitales sahéliennes. Le 26 janvier, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, réunira ses homologues du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). Une rencontre qui doit permettre de faire un « point d’étape » sur l’avancée de l’alliance sahélienne dans un contexte particulièrement mouvant.

Bruxelles, principal bailleur du G5 Sahel

Le report de l’élection présidentielle malienne, initialement programmée à la fin du mois de février, et les sanctions décrétées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre Bamako plongent tant le G5 Sahel que l’Union européenne (UE) dans une grave période d’incertitude. Bruxelles est en effet le principal bailleur de la force conjointe du G5 Sahel, pour le compte de laquelle elle a décaissé depuis 2017 près de 200 millions d’euros. Selon le règlement de l’organisation régionale, le Mali aurait même théoriquement dû prendre la présidence de l’alliance sahélienne le mois prochain. Une perspective à laquelle s’opposent plusieurs capitales du G5 Sahel (AI du 12/01/22).

L’arrivée des premiers éléments du groupe de sécurité privée russe Wagner au Mali fin décembre (voir nos révélations) est venue encore complexifier une situation déjà largement embrouillée. Plusieurs chefs d’Etat de l’alliance n’ont en effet jamais fait mystère de leur inquiétude à voir des paramilitaires russes débarquer dans un pays voisin du leur.

La Suède quitte Takuba

De son côté, l’UE doit tout prochainement dévoiler une série de sanctions individuelles contre plusieurs officiels maliens, en appui de celles de la Cedeao présentées le 9 janvier. Cet automne, Bruxelles a déjà suspendu son appui budgétaire direct au Mali (AI du 03/11/21). Un manque à gagner qui est estimé à près de 70 millions d’euros pour le Trésor malien. Quelques semaines plus tôt, la France avait également mis en stand-by son appui financier (40 millions d’euros) au bénéfice de Bamako.

Mais si une ligne dure se dessine dans certains pays membres de l’UE, Josep Borrell entend pouvoir continuer à maintenir une fenêtre de discussions avec Bamako. Une mission périlleuse, alors que plusieurs capitales européennes ont fait de l’arrivée de Wagner dans le pays la ligne rouge à ne pas franchir pour maintenir leur engagement au Mali. La Suède a ainsi annoncé mi-janvier son retrait de l’opération européenne Takuba, moins d’un an après l’arrivée de ses 150 militaires. Lot de consolation pour Bruxelles : la Slovaquie devrait tout prochainement officialiser sa participation à la mission européenne.

L’avenir incertain d’EUTM-Mali

Enfin, l’épineuse question de l’avenir de la mission de formation de l’UE au Mali doit être prochainement mise sur la table. Une revue stratégique d’EUTM-Mali doit ainsi être présentée aux Etats membres au premier trimestre 2022. Un dossier délicat, alors que la mission du même type de l’UE en Centrafrique a été suspendue fin 2021, sur fond d’exactions et d’influence de Moscou (AI du 03/11/21). Le sujet a ainsi été évoqué durant la réunion des 27 ministres européens de la défense qui s’est tenue à Brest les 12 et 13 janvier.

Tchadanthropus-tribune avec Africa intelligence

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