En mars 2010, ils font voter une résolution par l’Assemblée nationale. Le texte, adopté à l’unanimité, demande au gouvernement français de s’engager auprès du Tchad pour que la lumière soit faite.


Les deux parlementaires multiplient les démarches auprès du ministère des affaires étrangères de l’Elysée, de la justice tchadienne, des Nations unies. Le 
pouvoir français les assure de son soutien, mais rien ne semble avancer.


« Aujourd’hui, nous avons décidé de reprendre l’initiative parlementaire afin de ne pas laisser étouffer le dossier »
, explique Jean-Pierre Sueur dans son bureau du Sénat. Début février, les deux sénateurs socialistes ont demandé l’ouverture d’une commission d’enquête en France.


Cette fois, il s’agit d’entendre les officiels français présents à N’Djamena en février 2008.« Une présence française – militaire, diplomatique mais aussi policière – était alors manifeste. Le rôle joué par certains ressortissants français doit être expliqué », poursuit Jean-Pierre Sueur.


« Le 
centre opérationnel était à la présidence où se tenaient notamment le chef de l’Etat, les militaires français (…) »,
 expliquait, en 2008, à la commission d’enquête l’ancien ministre tchadien de la défense, Mahamat Ali Abdallah Nassour, chargé à l’époque decoordonner les opérations militaires.


Certains Français ont-ils été informés de l’enlèvement des opposants ? Et si oui, à quel moment ? « Dès le 3 au soir, lambassadeur était au moins informé de la disparition de Lol, rappelle un journaliste présent lors des événements, pourquoi ne pas avoir demandé à rencontrer les autres ténors de lopposition ? »


Autre interrogation : les propos tenus le 5 février par l’ambassadeur de France au Tchad, Bruno Foucher, à des journalistes :
« On ne peut pas confirmer ces arrestations. On se renseigne. Mais je sais quil y a eu collusion entre des opposants politiques et les rebelles. »


D’où venaient de telles informations ? Les autorités tchadiennes auraient-elles pu s’en
servir pour décider de la rafle ? Auditionné en 2010 à Paris par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Bruno Foucher modérait ses propos : « Il nexiste pas de collusion avérée. »


Les proches d’Ibni Oumar Mahamat Saleh savent que le rapprochement actuel entre la France et le Tchad est une difficulté supplémentaire. Depuis sa participation aux opérations militaires au 
Mali et en Centrafrique, Idriss Déby est un allié incontournable.


« Nous ne voulons pas 
interférer dans les relations entre la France et le Tchad, s
ouligne Gaëtan Gorce, mais il nest pas imaginable que la France se désintéresse de ces événements. »


L’affaire est aussi relancée sur le terrain judiciaire. Deux fils d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, Hicham et Mohamed Ibni Oumar, ont déposé une plainte en février 2012 au tribunal de grande instance de Paris. 
 

LE MONDE

Par Charlotte Bozonnet (N’Djamena, envoyée spéciale)

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