Jusqu’à présent taboues, les "vacances" des dirigeants africains s’installent désormais durablement dans les mœurs politiques. Une majorité d’entre eux profitent d’août pour faire une pause et procéder à un bilan de santé. En exclusivité, La Lettre du Continent a suivi de près ces présidents dans leurs nouvelles habitudes. 


Paris boudée •


Destination autrefois prisée, la France est aujourd’hui largement ignorée durant cette période. Soucieux de se ressourcer, plusieurs chefs d’Etat n’hésitent plus à rester au pays, préférant, à l’instar du tchadien Idriss Déby, leur fief aux destinations lointaines. D’autres ne quittent pas l’Afrique et optent pour une destination à la réputation bien établie sur le continent (Maroc, Maurice, Afrique du Sud). Certains autres comme le togolais Faure Gnassingbéaficionados du pourtour méditerranéen, se risquent à pousser jusqu’en Italie, en Grèce ou en Espagne. Seul Alassane Dramane Ouattara alias "ADO" fait figure de "dernier des Mohicans" en continuant de privilégier l’Hexagone.

Le 8 août, au lendemain de la commémoration du 56e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, il s’est envolé avec Dominique Ouattara pour Mougins sur la Côte d’Azur (sud) où se trouve sa résidence familiale. Son avion est resté pré-positionné dans la ville voisine de Nice d’où l’équipage, installé dans un palace situé non loin de la Promenade des Anglais, a assuré certains jours les allers retours de la première dame à Paris. "ADO", qui devrait regagner Abidjan au plus tard le 30 ? août, a mis ce séjour à profit pour s’entretenir, mi-août, avec son ami Nicolas Sarkozy au Cap-Nègre voisin. 


Fief natal •

 

 Président fraîchement élu, le béninois Patrice Talon a choisi de se détendre une semaine en Côte d’Ivoire avec son épouse, Claudine Gbènagnon-Talon. Il a cependant suspendu ses congés une journée, le 15 août, pour assister à la fête nationale du Congo- B aux côtés de Denis Sassou Nguesso, dans la localité de Madingou (sud). Après une "visite de travail" en Israël du 7 au 11 août, Faure Gnassingbé a, de son côté, rallié sa destination favorite : l’Italie. Pour sa part le président nigérien Mahamadou Issoufou, satisfait d’avoir élargi sa base politique en ralliant à sa cause le MNSD-Nassara, le plus important parti d’opposition du Niger, se repose depuis le 12 août dans son village natal de Dandadji, à quelque 550 kms au nord de Niamey. Après son investiture pour un cinquième mandat le 8 août à N’Djamena, Idriss Deby s’est également retiré dans son fief d’Amdjarass, à 1 300 kms au nord-est de la capitale, avant de se rendre pour une courte visite privée en France. Enfin, Macky Sall reprend des forces dans la résidence officielle de villégiature des présidents sénégalais, à Popenguine, cité balnéaire située à une soixantaine de kms au sud de Dakar.

 

Sassou privé de plage •

 

Alors qu’Alpha Condé et Ibrahim Boubacar Keita n’ont pas pris de repos en raison de la situation sociale tendue dans leur pays, Ali Bongo est, de son côté, accaparé par sa campagne pour la présidentielle du 27 août.

 
Locataire du Palais du Bord de Mer depuis 2009, il devrait logiquement attendre l’issue de ce scrutin à très haut risque pour envisager de quitter le pays. A supposer que les Gabonais ne lui aient pas signifié un congé définitif ou que le contexte post-électoral le lui permette. Idem pour Sassou Nguesso. Préférant suivre l’élection gabonaise de près en raison de ses possibles répercussions pour son pays (émeutes, violences post-électorales), le président congolais a reporté son traditionnel départ à Marbella, en Espagne. Sassou passe pour le principal soutien – financier comme politique – de Jean Ping, le plus sérieux adversaire d’Ali Bongo à ce scrutin.


Tchadanthropus-tribune avec La Lettre du Continent.

 

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