Assemblée générale

N’Djaména, le 26 juillet 2016

 

Le 04 décembre 1990, après sa prise du pouvoir, Idriss Deby annonçait aux Tchadiens: «je ne vous apporte ni or, ni argent, mais la démocratie ». Vingt-cinq ans après, les Tchadiens n’ont eu ni or, ni argent et moins encore la démocratie.  Le MPS et Idriss Deby ont instauré un système politique incohérent et perfide. C’est tout sauf une démocratie. Le concept de démocratie a été vidé de ses valeurs intrinsèques que sont, entre autres, le respect du choix électoral du peuple, l’alternance politique et la bonne gouvernance.

 

Depuis plus de 25 ans, c’est une seule personne qui se maintient au pouvoir sans alternance, par la menace, la répression, la corruption et l’assassinat de tous ceux qui s’opposent à sa politique. La gouvernance de Deby se caractérise essentiellement par la gestion patrimoniale du pays en faisant main basse sur toutes les ressources nationales au profit de Deby et de sa famille. Résultat : le pays est en banqueroute totale malgré les énormes ressources provenant de l’exploitation pétrolière.

 

Déjà, lors de la campagne électorale de 2001, Idriss Deby a annoncé la couleur en déclarant qu’il n’est pas venu au pouvoir par «un billet Air Afrique». Et plus tard, le 11 août 2015, à Abéché, Idriss Deby a affirmé qu’il n’y a pas un bon Tchadien qui puisse diriger ce pays à part lui. Comprenez cela qu’il entend rester au pouvoir quel que soit le suffrage qui sera exprimé par le peuple tchadien pendant l’élection présidentielle de 2016. Promesse tenue : le 21 avril 2016, il a opéré un coup d’état électoral pour se maintenir au pouvoir.

 

Toutes les élections organisées par le pouvoir MPS n’ont été ni transparentes, ni crédibles par ce que entachées des fraudes massives et grossières. Le suffrage exprimé par le peuple a toujours été détourné et le choix du peuple tchadien dévoyé.

Pour que Idriss Deby Itno se maintienne au pouvoir et à vie, la constitution, consensuelle adoptée à l’issue de la conférence nationale, a été modifiée en supprimant la limitation des mandats présidentiels. Conséquence immédiate : la situation politique s’est grippée et ensuite complètement bloquée. Il a fallu la signature de l’accord du 13 aout 2007, pour relancer le processus démocratique au Tchad. Mais, malheureusement, la volonté manifeste de Idriss Deby Itno de s’éterniser au pouvoir l’a poussé, une fois de plus, à torpiller cet accord. Ceci s’est traduit d’une part, par la non-application de la biométrie aux élections présidentielles de 2011 et 2016 et d’autre part, par les arrestations et disparition forcée des leaders des partis politiques de l’opposition.

 

Dans le chapitre 4 de l’accord du 13 août 2007, les parties signataires ont convenu des mesures que le Gouvernement devait prendre pour assainir l’environnement démocratique et garantir la neutralité de l’Etat. Il est triste de constater que le régime a fait exactement le contraire : l’administration territoriale a été politisée et militarisée ; les Chefs de circonscriptions administratives et leurs collaborateurs (Sultans, Chefs de canton, de village, de quartier ou de carré), ainsi que les responsables et agents des forces de défense et de sécurité sont devenus des militants actifs du MPS ; aucune résolution des états généraux de l’armée n’a été mise en œuvre ; les journalistes des medias publics exercent leur profession sous la contrainte ; l’indépendance de la justice est bafouée.

 

Tout cela prouve à suffisance que le système politique instauré par le pouvoir MPS n’est pas perfectible. Il faut tout simplement le balayer pour remettre sur les rails un vrai processus démocratique et vertueux pour favoriser le développement du Tchad et la lutte contre la pauvreté.

 

Le gouvernement, qui n’est plus capable de faire face à ses obligations pour payer les dettes internes et externes, les salaires, les retraites et les bourses des étudiants, s’agite fébrilement à dilapider les rares ressources du pays à investir Idriss Deby Itno, le 8 août 2016.

Les Tchadiens et le monde entier savent qu’il était élimé dès le premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2016. Aucun pays de l’Union Européenne n’a reconnu cette élection. L’Internationale Socialiste a jugé non démocratique son élection.

 

Dans l’intérêt suprême de la nation, tous les Tchadiens doivent se mobiliser pour défendre leur vote volé le 10 avril 2016. Ils doivent se lever comme un seul homme pour contester la nouvelle présidence illégitime et illégale de Idriss Deby Itno.

 

Cette contestation doit être organisée et conduite par les forces politiques. Aussi, cette assemblée générale réunie en ce jour 26 juillet 2016 est-elle appelée à jeter les bases solides qui permettront au peuple tchadien l’instauration d’un pouvoir légal et légitime.

 

La première démarche est la restructuration des partis de l’opposition, en commençant par la mise en place d’une opposition politique nouvelle regroupant les partis politiques qui ne reconnaissent pas dans les résultats de l’élection présidentielle du 10 avril 2016.

 

Les partis politiques ne sont pas les seules victimes du régime illégal et illégitime qui voudrait présider le Tchad. Il serait primordial, dans cette lutte, de mobiliser toute la population tchadienne. Les forces vives et notamment les organisations de la société civile sont les premiers alliés avec qui il faudrait parvenir à établir un front commun et un programme de lutte conjointe.

 

Entre autres objectifs, il faut:

 

·     Créer cette opposition politique nouvelle et convenir de son appellation

·     Désigner un porte-parole et deux adjoints.

L’AG pourrait donner mandat à cette équipe de coordination pour élaborer un code de conduite de l’opposition politique nouvelle.


Saleh Kebzabo

 

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