Hier, 28 Mai 2015, était tombé la fièvre engendrée par l’élection du président de la Banque Africaine du Développement avec l’espoir qu’elle a donné à tous les tchadiens de voir un des leurs se hisser à la tête de la plus grande institution financière du continent. Au lendemain de de cette journée au gout très amère, un bilan s’impose.


Le Mali s’est obstiné à présenter un candidat à la succession de Donald Kaberuka. Le Cameroun, selon certains medias a appuyé le candidat malien jusqu’au bout malgré la décision des pays de la CEEAC de soutenir la candidature du Tchad. Au final c’est Akinwumi Adesina du Nigeria qui est le nouveau président de la Banque Africaine de Développement au détriment de Bedoumra Kordje du Tchad. Et ce, en dépit de moult efforts des autorités tchadiennes et du soutien unanime et inconditionnel de tous les tchadiens pour leur candidat. 


A y voir de plus près, on constate que le Mali, le Nigeria et le Cameroun qui ont contribué à travers leurs postures à l’échec du candidat Bédoumra Kordjé sont les premiers pays sur lesquels le Tchad pouvait espérer le ralliement à sa candidature. Ces 3 pays africains ont vu des pans entiers de leur territoire tombés entre les mains de groupes terroristes. Il a fallu la bravoure et la détermination des forces de défense et de sécurité tchadiennes pour que ces pays retrouvent la paix et l’intégrité de leur territoire. En cela ils sont moralement redevables au Tchad au vu des sacrifices militaires effectuées par notre armée pour libérer ces pays hier aux mains de Boko Haram et de Al Qaïda en Maghreb.


Pour faire court et très vite, il faut arrêter de blâmer les autres et tirer les leçons de ce dernier revers diplomatique après celui du commandement  de la Mission des Nations Unies au Mali pour gagner les prochaines batailles à l’échelle continentale et mondiale.


Il va de soi que la diplomatie consiste à nouer des alliances avec d’autres pays, à passer des accords de (défense, économie, échanges) et de soutien concrets et explicites entre les  Etats mais c’est aussi et surtout l’utilisation des pressions diplomatiques en cas de non-respect de ces accords par les pays. Mais au regard de ce qui s’est passé hier à Abidjan, il ressort que ces 3 dernières années passées, le Tchad s’est jeté dans l’arène diplomatique africaine sans prendre des précautions et exiger loyauté et respect de ses partenaires. En engageant ses troupes au Mali et au Nigeria, le Tchad n’avait rien demandé en retour. Et c’est naturel pour quelqu’un qui connait le Tchad et les tchadiens, ils sont loyaux et désintéressés dans leurs rapports avec les autres.


Mais dans les rapports entre les Etats, les accords de réciprocité sont écrits et s’imposent par des pressions réelles. Comme le disait un homme politique célèbre, les Etats n’ont pas des amis mais des intérêts. Cela dit, la diplomatie tchadienne doit désormais intégrer dans sa mission en priorité ses intérêts  et les moyens de les faire respecter.  Pour ce faire, notre diplomatie doit finir avec sa navigation à vue et son déploiement au coup sur coup. Les autorités diplomatiques tchadiennes doivent avoir une vision claire des enjeux et évènements continentaux et mondiaux assortie d’un plan d’action étalé sur 5 années au minimum. Et les négociations et accords sur un projet ou une candidature avenirs en faveur du Tchad doivent commencer dès aujourd’hui. Et c’est seulement de cette manière que notre pays pourra désormais  dicter son agenda aux autres pays.


Dans la situation actuelle, le Tchad doit hausser le ton et même menacer de retirer ses contingents se trouvant sur les lignes de front au Nigeria et au Mali. 


Ousmane Hamay

Ottawa, Canada

 

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