(N’Djaména, 18 avril 2016) – Quarante-sept militaires qui n’auraient pas voté pour le pouvoir lors de l’élection présidentielle à N’Djamena sont portés disparus.

Cette disparition inquiète leurs proches. L’opposition exige leur libération. Les Tchadiens sont dans l’attente des résultats de la présidentielle mais certaines familles vivent une grande inquiétude car elles sont toujours sans nouvelles de leurs proches, qui sont militaires et qui ont voté le 09 Avril.

Plusieurs d’entre elles se sont confiées à BBC Afrique. Une femme raconte que son mari est parti depuis le vendredi précédent le jour du vote mais jusqu’à dimanche, il n’est pas revenu à la maison. « Je suis allée au niveau de son boulot pour demander, on me dit qu’il a voté pour un opposant et qu’on l’a arrêté. Jusqu’aujourd’hui, je suis là comme ça sans voir sa trace. Si mon mari se trouve quelque part, qu’on le libère ».

Une autre femme confie : « j’ai sillonné beaucoup d’endroits, j’ai vu aussi son chef de section qui m’a dit que sincèrement le gars a été capturé par quatre personnes et jusqu’à présent on ne sait rien de lui ».

« Ils nous disent qu’il (son mari) a voté pour un opposant et qu’on l’a arrêté. Si ce vote est transparent et que chacun doit s’exprimer comme il se doit, pourquoi on se permet d’arrêter des gens. Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de parents qui ont perdu les leurs et qui les recherchent », s’étonne une autre habitante de Ndjamena.

Ces témoignages viennent aussi de frères des disparus. Un homme affirme que son frère cadet qui est gendarme a disparu depuis le vote des militaires le 09 avril. « Il a joué son rôle en tant que citoyen tchadien, il a eu l’autorisation de son chef de poste pour aller voter et depuis ce jour, il n’est plus revenu et nous n’avons pas de ses nouvelles. »

La question de la disparition des militaires a été soulevée par l’opposant Joseph Djimrangar Dadnadji, président du Cadre d’Action Populaire pour la Solidarité et l’Unité de la République, lors d’une conférence de presse. Il a exigé leur libération.

« Nous ne désespérons pas. C’est la raison qui nous conduit à exiger du gouvernement la lumière sur les militaires et les agents de services de sécurité mis en détention lors du déroulement des opérations de vote. Les intéressés doivent être libérés sans condition. Il en est de même des éléments des forces de l’ordre qui sont actuellement menacés parce qu’ils sont soupçonnés d’avoir voté pour un autre candidat que Idriss Déby » a ajouté Joseph Djimrangar Dadnadji.

Dans une déclaration rendue publique ce samedi, le chef de file de l’opposition, le Député Saleh Kebzabo a dénoncé les conditions, « inacceptables, inhumaines, insupportables, et horribles » auxquelles sont soumis depuis quelques jours, les militaires qui ont refusé de voter Déby. Certains, précise l’opposant, « l’ont payé, au prix de leur vie. »

« Des dizaines de militaires ont été arrêtés, chicottés, embastillés, torturés, humiliés et emprisonnés. C’est à cette occasion que nous avons appris la confirmation d’une prison dans l’enceinte de la Présidence de la République. » écrit Saleh Kebzabo.

Selon une source militaire, les corps de quatre membres des forces de sécurité ont été retrouvés dans le fleuve Chari. Trois ont été identifiés, notamment deux militaires et un policier portant des traces de tortures. Le quatrième non identifié est en état de décomposition.


TchadConvergence avec la BBC
 

687 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire