Seuls trois Tchadiens ont été nommés à des postes de responsabilité au sein de l’organisation sous-régionale

 

Cela reflète peut-être le peu d’intérêt du locataire du Palais rose à cette institution. Les 25 et 26 juillet derniers, le président Idriss Déby a participé au11ème sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique (CEMAC). Le Tchad lorgnait le fauteuil de président de la commission de l’organisation vu que le départ du Camerounais Antoine Ntsimi était quasiment acquis par le président centrafricain François Bozizé. Mais, c’est finalement le Congo Brazzaville qui a hérité du fauteuil selon le principe de rotation (par ordre alphabétique) décidé par le chef d’Etat. «[i La Conférence a réaffirmé le principe de rotation intégrale aux postes de dirigeants des institutions communautaires avec effet immédiat. Elle a décidé, toutefois, que le pays qui abrite te siège d’une institution communautaire ne peut prétendre occuper le poste de premier responsable de celle-ci. En outre, elle a décidé du principe d’un mandat unique non renouvelable » peut-on lire dans le communiqué final signé du président en exercice, le Congolais Denis Sassou Nguesso. Néanmoins, le Tchad hérite de trois postes: les postes de secrétaire Général de la Commission Bancaire d’Afrique Centrale (COBAC), directeur général adjoint de l’institut sous-régional multisectoriel de Technologies Appliquées, de Planification et d’Evaluation des Projets (ISTA) et, celui de directeur général de l’Institut sous régionalde Statistique et d’Economie Appliquée (ISSEA). Une moisson plutôt maigre puisque 20 postes au total ont été attribués.

 

 
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Les raisons d’une sous représentation
La faible représentation du Tchad dans les organisations stratégiques sous-régionales est peut-être le fait des autorités tchadiennes eux-mêmes. En effet, le Tchad se sent beaucoup plus proche de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) où il a un statut d’observateur et où, selon certaines sources, il entend adhérer. En outre, le président Déby est lui-même très critique vis-à-vis de la CEMAC. «La Cemac est pour nous une source d’inquiétude, ne serait-ce qu’à cause des problèmes de gestion réels au niveau de la présidence de la commission. Cela fait trois ans que nous ne nous sommes pas réunis, ce qui n’est pas acceptable au regard des défis que nous avons à relever en commun» expliquait-il à nos confrères de Jeune Afrique il y a quelques jours. Idriss Déby, c’est connu, est l’un des initiateurs de la Communauté des Etats Sahelo-sahariens (Censad) fondée en 1998en Libye. «Entre sahéliens, nous pouvons mieux nous entendre» avait déjà confié le président à ses collaborateurs. Selon Ali Abdel-Rhamane Haggar, son ancien secrétaire général à la présidence de la République, Idriss Déby s’est une fois lâché en privé. «Le Tchad et la RCA sont des laissés pour compte. Ce sont des cendrions de la sous-région, des espaces commerciaux […] Nous sommes mal entourés. L’Afrique centrale, ce n’est pas notre monde» aurait affirmé le président il y a neuf ans selon les confidences qu’Ali Abdel-Rhamane Haggar rapporte dans son livre «Et demain le Tchad…Verbatim. Mon expérience au cœur de l’Etat tchadien».

Culturellement proche d’autres pays comme le Soudan et la Libye, souvent considéré comme une espace commercial par les «grands» pays de la sous-région, longtemps éclipsé par les querelles de leadership entre le Gabon, le Cameroun et le Congo Brazzaville; le Tchad a pris du retard et développé un tel attentisme diplomatique qui expliqueraient sa faible représentation dans les instances décisionnelles de la sous-région.

  

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