En 1960, le Congo a 12 millions d’habitants et comptait une dizaine des cadres universitaires. Le vent de l’indépendance soufflait en Afrique et la Belgique n’est plus la puissance nécessaire pour s’opposer à la résistance grandissante du Congo. Elle doit se résoudre à accepter l’indépendance de ce pays qu’elle tient sous la coupe depuis 1885 et assister à la cérémonie qui la consacre le 30 juin 1960.

Celle-ci doit avoir lieu au parlement de Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) en présence du Rois des Belges Baudouin 1er et des membres de son Gouvernement. Seront également présents le président du Congo Joseph Kasavubu, le premier Ministre du Gouvernement de coalition Patrice Emery Lumumba, et l’ensemble des politiciens congolais issus de la première élection libre du Congo. Avant de se rendre à cette cérémonie, Patrice Lumumba montre son discours à Thomas Kanza qu’il vient de nommer Ambassadeur du Congo aux États-Unis.

Ce dernier, en fin diplomate, lui explique qu’il s’agit là d’un excellent discours, mais que la cérémonie du parlement n’est ni le moment ni l’endroit de tenir un propos aussi engagé. Dès son arrivé au Parlement, Thomas Kanza s’adresse au premier Ministre Belge Gaston Eyskens, et au Ministre Belge de Affaires Étrangères Pierre Wigny. Il leur conseille de reporter, ne serait-ce que de quelques minutes de négocier avec Patrice Lumumba. « Parce qu’il va parler ! » les prévient-il.Mais ils ne l’écoutent pas et ne comprennent pas l’urgence de la situation.D’ailleurs aucun troisième discours n’est prévu. Voilà une inquiétude de diplomate !

Le Rois Baudouin 1er ouvre la cérémonie par un discours qui, comme prévu, magnifie le rôle de la Belgique et glorifie l’œuvre de son grand-oncle le cynique qui héberge le parlement. Il prédit un avenir néocolonial prometteur et exhorte, en substance, les Congolais à se montrer désormais « digne de confiance » que sa Majesté leur accorde : « n’ayez crainte de vous tournez vers nous. Nous sommes prêts à rester à vos coté pour vous aider de nos conseils, pour former avec vous les Techniciens et les Fonctionnaires dont vous aurez besoin » ! Thomas Kanza imagine la révolte et la colère de Patrice Lumumba à l’écoute de ce discours paternaliste, colonialiste et raciste. Affolé, il cherche le regard des deux Ministre belges, qui feignent de ne pas l’apercevoir et d’ignorer ses appréhensions. C’est alors que le Président Kasavubu monte à son tour à la tribune pour répondre au roi. Le Souverain est détendu, le discours de Kasavubu a été préalablement soumis et approuvé par son gouvernement. Le Président« remercie le roi », célèbre les mérites et les réalisations du pouvoir colonial et en appelle même à Dieu afin « qu’il protège notre peuple et qu’il éclaire tous ses dirigeants… » Ce discours consensuel a tout pour plaire au Monarque, dont il flatte la politique et la fibre catholique.

Mais il scandalise Patrice Lumumba et tous les compagnons qui ont conduit la résistance contre le pire colonisateur que l’Afrique n’ait jamais connu. Une occupation néo-esclavagiste que Joseph Conrad qualifiait, dans son roman (au cœur des ténèbres), de « plus infâme ruée sur un butin ayant jamais défiguré l’histoire de la conscience humaine ». Au comble de l’indignation, Patrice Lumumba modifie rapidement son discours et se présente devant le bureau présidentiel. Contre toute attente, et au grand étonnement de Baudouin 1er et de son Ministre Eyskens, Joseph Kasongo, Président de la Chambres de Représentants, l’Assemblée Nationale, lui donne la parole. Eyskens cherche des yeux de son complice congolais, le Président Kasavubu. Aucun d’eux n’a lu le texte de Patrice Lumumba et mon Dieu !

La presse internationale est là au grand complet. « Congolais et Congolaises Combattants de l’Indépendance aujourd’hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais ! D’emblée, Lumumba salue son peuple meurtri. Aux oubliettes, le Roi, le Corps diplomatique, les colons… Baudouin 1erblêmit. A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos coté, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœur, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaitre à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté. Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. » La foule éclate en applaudissements. Pas dans la salle du Parlement, évidemment, tétanisée, mais à l’extérieur où le discours sont retransmis par les haut-parleurs. La population s’enflamme de joie. Le silence assourdissant qui règne dans la salle du parlement, par contraste, renforce les ovations du peuple.

Et voici que Patrice Lumumba s’engage dans une description du « système colonial ! ». Le roi pâlit de plus en plus. C’est une lutte qui fut de larmes, du feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en quatre vingt ans de régime colonialiste nos blessures sont très fraiches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu des ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, par ce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’a un noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs. Nous avons connu nos terres spoliées au monde de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaitre le droit du plus fort. Nous avons connu, que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc ou d’un Noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses : exilés dans leur propre Partie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs, qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits « Européens » ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches, au pies du Blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation. L’enthousiasme de la foule n’a d’égal que la pétrification du parlement et des représentants officiels.

Patrice Lumumba reste pourtant très en deçà de la réalité de l’oppression coloniale. Il lui eût suffi, pour condamner à jamais les agissements du Roi et de ses sbires, de rappeler les mots de l’une des grandes figures de la croissance pour le Congo, Edmond Dene Morel : « j’étais tombé sur une société sécrète d’assassins chapeautée par un roi ». Car le Congo a été l’objet d’atrocités qui soulevèrent le premier scandale international de l’ère moderne. Sans doute le Roi Baudouin craignait – il, en écoutant Lumumba, une répétition de ce même scandale à quelques semaines de son mariage avec Fabiola. L’horreur de la colonisation Belge a consisté à exploiter jusqu’à l’anéantir une main d’œuvre gratuite, comme au temps de la traite. Dans le coin du grand oncle de Baudouin, on brulait un village ou une région qui n’avait pas fait son quota de caoutchouc, on coupait les mains ou les pieds des enfants qui rechignaient un temps soit peu au travail, on pendait, on faisait sauter les puits, les maigres réserves de nourriture, au point de manquer de mains d’œuvres. Depuis 1919, la population du territoire avait été réduite de moitié. Incroyable ? Non. A la logique économique se substitue celle de la terreur « Une fois que l’assassinat de masse est en marche, il est difficile de l’arrêter ; cela devient une sorte de sport, comme la chasse », écrit Adam Hoshschild dans les fantômes du Roi Léopold (1998).

Quant à Aimé Césaire, dans son discours sur le Colonialisme, paru en 1950, il estime que « hideuses boucheries » prouvant que ‘’La colonisation, je le répète déshumanise l’homme le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraine à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête ». Rien d’étonnant non plus si, à la fin du XVe siècle, le réalisateur d’apocalypse NOW Francis Coppola, s’inspira du roman ‘’ Au cœur des ténèbres’’ de Joseph Conrad pour décrire la folie sanguinaire des Américains au Vietnam. « Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert. Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus, agrées pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commercer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va amener notre pays à la paix à la prospérité et à La grandeur.

Nous allons établir la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.» Alors même que Lumumba prononce ce discours, le pays manque cruellement de cadre congolais. Contrairement aux prétentions de Baudouin proposant aux congolais libres de « Former avec vous les techniciens et les fonctionnaires dont vous aurez besoin », la politique coloniale n’a toujours réservé aux Noirs qu’une éducation rudimentaire. En 1960, après plus de cinquante ans de colonisation Belge, seuls quelques dizaines d’africains ont pu faire des études supérieures ! Ni Médecins, ni Ingénieurs, ni Officiers. Dans la fonction Publique, sur cinq mille postes, trois seulement sont occupés par des Africains ! Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique tout entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants.

Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la Déclaration des Droits de l’Homme. » Quand on connait l’horreur de la colonisation, quand on connait la misère dans laquelle se trouve le pays exsangue au sortir de ces atrocités, on comprend que chaque phrase de Lumumba ait déclenché un tonnerre d’applaudissement…à l’extérieur du Parlement.

La relève économique tenait de l’impossible. En prévision de l’Indépendance, les sociétés d’États s’étaient aussitôt retirées du Congo obtenant des dédits fabuleux de la part de l’État. « Toutes les compagnies optèrent pour le droit Belge,éludant ainsi l’obligation de régler leurs impôts chez nous », expliquera quelques mois plus tard Lumumba en fuite, le 1er Décembre 1960 (un mois et dix sept jours avant sa mort), à un chef de chantier de Kassaï oriental qui l’accueille quelques heures… « La réserve d’or de la Banque du Congo fut expédiée en Belgique, Colons et Commerçants transfèrent en Europe une grosse partie de fortunes acquises par la spoliation des indigènes. « Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudront sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays. Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et de baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés ». Applaudissement ! « Pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûres que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et qu’elle ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit ». Applaudissements ! « Ainsi tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo nouveau, notre chère république que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces. Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.

L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain. Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers Compatriotes mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine. » Applaudissements « J’invite tous les citoyens Congolais, hommes, femmes et enfants à se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique, Hommage aux combattants de la liberté nationale ! Vive l’indépendance et l’unité africaine Vive le Congo indépendant et souverain ». Une gigantesque ovation accompagne les derniers mots du premier Ministre.

On dit que ce discours de Patrice Lumumba, l’un de plus célèbre de toute l’histoire de , aurait signé son arrêt de mort. Qu’il lui aurait attiré la haine du Roi Baudouinet de ses Ministres qui ne lui pardonnèrent pas de se voir rappeler les crimes qu’ils avaient couverts. Certes, cette allocution fut une gifle en pleine figure et, dit on, le premier Ministre Eyskens eût le plus grand mal à empêcher de rentrer immédiatement à Bruxelles. Mais réduire une crise politique majeure à un règlement de comptes entre personnes serait singulièrement simpliste. Ce n’est pas pour ménager son amour propre (depuis longtemps perdu) que le gouvernement belge, aidé des Américains, fera assassiner Lumumba.

C’est parce que le Premier Ministre était en opposition avec les intérêts économiques de ces deux pays et qu’il était incontrôlable, impossible à manipuler. En réalité, ces puissances entendaient renoncer qu’en apparence aux colonies, et les garder en sous-main comme protectorats. C’est l’enjeu de son discours qui était explosif, l’engagement aussi. Pour Lumumba, l’indépendance politique ne suffisait pas à libérer l’Afrique de son passé colonial. Il fallait aussi que le continent cesse d’être une colonie économique de l’Europe. « Ces discours alarmèrent aussitôt les capitales occidentales, écrit Hochschild. Des entreprises belges, britanniques, américaines avaient d’importants investissements au Congo, pays riche en cuivre, cobalt, or, étain, manganèse, zinc et diamants (…) les gouvernements occidentaux craignirent que son message ne fut contagieux, de surcroit ce n’était pas un homme que l’on aurait pu acheter ». Suppôt du communisme, Lumumba ? Accusé de se tourner vers l’union soviétique, il répond c’est un moindre mal quand tous les gouvernements vous lâchent ou pire encore, veulent vous asservir et vous corrompre. Et d’ajouter que le Nègre a toujours été communiste’’ reprenant en cela le discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire : « c’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns. C’étaient des sociétés pas seulement anti-capitalistes comme on l’a dit, mais aussi anti-impérialistes. C’étaient des sociétés démocratiques, des sociétés fraternelles. Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme. Les jours de Lumumba honni par le capital américain et européen sont comptés. Dés le mois de juillet 1960, il décrète des mesures d’africanisation du gouvernement congolais. Les Belges entreprennent aussi un sabotage en règle et la désinformation de l’opinion publique. « N’étant pas suffisamment puissante pour s’imposer par la force, la Belgique décida d’employer la duperie. L’adage ‘’ diviser pour régner étant toujours de mise, elle s’efforça de multiplier en sous main la naissance de partis à caractère ethnique ou régional, facilement contrôlables et réveillant de vieilles rancœurs remontant à la nuit des temps. « Sous le prétexte mensonger de protéger leurs intervenants menacés, les Belges firent intervenir leurs troupes métropolitaines (…).

Le calme régnait Thysville quand parvinrent au camp de Matadi par un bateau belge causant la mort de 113 soldat congolais à l’annonce de cette nouvelle ajoutée à celle du camp aérien de Del commune à Elisabethville, l’émeute devint générale et les mutins se répandirent dans toute la région » Démonstration est faite que les noirs sont incapables de gouverner ! Les casques bleus arrivent, Lumumba est cette fois pieds et poings liés soumis à l’ogre américain. En septembre 1960, Joseph Kasavubu, Président sans caractère, révoque Lumumba ainsi les Ministres nationalistes. Mais Lumumba reste en fonction et à sa demande, c’est le président Kasavubu qui est révoqué par le parlement. Les américains imaginent alors d’empoisonner cet homme dont on ne peut se débarrasser. Un certain Docteur Sidney Gottlieb doit s’occuper de la partie pharmacologique de l’opération. Mais il est impossible d’approcher la future, victime. Bruxelles dépêche un tueur à gages, sans plus de résultats. C’est alors que Belges et Américains soudoient un homme de main, Joseph Désiré Mobutu, qui recrute des exécuteurs. Aidé par les fonds américains, il monte une coalition où se trouvent Kasavubu et Tshombé, Président pro-occidental du Katanga, dont il a impulsé la sécession en juillet. Le 1er décembre 1960, Lumumba assigné à résidence s’échappe de la capitale et tente de rejoindre Stanleyville, espérant reprendre les rênes du pays.

Il est arrêté le lendemain, et transféré en même temps que Maurice Mpolo (conçurent de Mobutu) et Joseph Okito (candidat au remplacement de kasavubu) au camp militaire de Thysville, sur ordre de Mobutu. Le 17 Janvier 1961 les trois hommes sont conduits par avion à Elisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Le transfert est organisé par les autorités belges. Ils sont conduits dans une petite maison sous escorte militaire, sauvagement battus par les responsables katangais et belges, puis assassinés dans la brousse par des soldats sous commandement d’un officier belge. Le lendemain , deux agents secrets belges sont chargés de découper les corps puis de les faire disparaitre en les plongeant dans l’acide de même que Dona Beatrice « Jean d’Arc du Kongo » dont les cendres sont trois fois brulées et dispersées, de même que Ruben Um-Nyobé, héros de l’indépendance camerounaise assassiné le 13 Septembre 1958 non loin de son village natal Boum Niembel par le sergent chef P. Toubaro un tchadien combattant sous le drapeau tricolore français. Comme si l’acide, la boue ou les cendres pouvaient effacer le souvenir des hommes libres ! Je me souviens de ce Aquare au Bois-Colombes de mon enfance ou je lisais ces mots du général de Gaule gravés dans la pierre : « la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre ne s’éteindra pas ».

La République démocratique du Congo sera dirigé par le dictateur Mobutu, soutenu par la Belgique, les États Unis et la France jusqu’en 1997 ! A cette date, et en raison des massacres de la guerre du Rwanda, il est forcé de céder la place à Laurent Désiré Kabila. Ce pays de 2.345.000 Kilomètres carrés (quatre fois la superficie de la France) Le plus riche de toute l’Afrique, qualifié d’anomalie géologique », tant ses réserves sont immenses : or, diamants, cuivre, uranium, colbat (sans lequel nous ne pourrions pas utiliser nos téléphones portables) forêts…, vit dans la grande misère, dévalisé par ses dirigeants, et les puissances étrangères. Je me demande pour quoi le chef de l’État congolais, s’adressant en 2004 au sénat Belge, déclare : « l’histoire de la République démocratique du Congo, c’est aussi celle des Belges, Missionnaires, fonctionnaires, et Entrepreneurs qui crurent au rêve du Roi Léopold II de bâtir, au centre de l’Afrique, un État. Nous voulons rendre hommage à la mémoire de tous ses pionniers ».

La situation de la République démocratique du Congo est aujourd’hui catastrophique. Les instances internationales des droits de l’homme n’en finissent pas de dénoncer le conflit et la crise humanitaire qui ont coûté au Congo la vie à 5,4 millions de personnes depuis 1998. « On a le tableau apocalyptique du plus grand désastre humanitaire contemporain qui s’est déroulé dans l’indifférence du monde pour la raison principale que les intérêts des grandes puissances n’étaient pas en danger écrit Odile Tobner dans la revue Survie en Février 2008. Pendant les massacres, les affaires continuent. Le pillage traditionnel des métaux rares et précieux dont le Congo abonde loin de cesser a été amplifié par la guerre comme source de revenus pour tous les belligérants >> le pillage de ressources minières continuent , selon les auteurs de rapport d’enquête sénatorial rendu public à Kinshasa en octobre 2009: << le secteur minier qui repose portant sur des ressource minérales immenses et variées n’a pas encore du fait de la mauvaise gouvernance, contribué un tant soit peu à trouver les réponses aux cris des populations congolaises vouées à vivre dans des conditions infra humaines >>. Le drame congolais avec l’assassinat du Premier Ministre Patrice Emery Lumumba a eu une répercussion retentissante, non seulement en Afrique mais au sein même du conseil de sécurité de l’ONU. A l’O.N.U monsieur Nikita Kroutchev Secrétaire général et premier Ministre de l’URSS martelât la table du conseil de sécurité avec sa chaussure < mocassin > pour dénoncer ce crime odieux et abominable perpétré sous l’œil complice du Secrétaire général de l’ONU Mr Dag Hammarskjöld en mission à l’ONU.L’assassinat de cette figure emblématique fut pour nous à cette époque une prise de conscience politique. Le 17 janvier 1961 date de son assassinat et sept ans pour moi, d’intégration dans la fonction publique. A New York une gigantesque manifestation des ressortissants du tiers- monde portant des pancartes portant l’écriteau : Hammarskjöld assassin ! Hammarskjöld démission a failli submerger la salle du conseil de sécurité, n’eût été la vigilance de la police onusienne qui a réussi à contenir la colère des manifestants. Que Allah le tout puissant, le Miséricordieux protège la patrie du prestigieux président Barthélémy Boganda du drame congolais. L’ancien Président Ghanéen dans son autobiographie disait je cite qu’il est le seul président de l’Ex AEF qui avait des idées panafricanistes, tout comme moi je considère le Président Hissein Habré comme mon ‘’Leila Toul Khadari’’.

AL HADJ GARONDE DJARMA
(Sources d’information 1 La vérité sur le crime odieux des colonialistes : Patrice Lumumba 2)
(Lumumba où l’Afrique frustrée 3) En cage avec Lumumba 4)
(Le Livre noir du Congo : Patrie Lumumba 5)
(La pensée politique de Patrice Lumumba) 

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