Le week-end dernier à Bangui, la capitale centrafricaine, au moins 30 personnes ont été tuées et 300 autres blessées. Un nouvel incident impliquant les soldats tchadiens qu’un porte-parole de l’ONU aux droits de l’Homme (Rupert Coville) accuse d’avoir tiré « illégitimement » sur la foule. Dans cet entretien accordé à Afriqueinside.com, M. Moussa Faki Mahamat, le ministre des Affaires Etrangères du Tchad répond à ces accusations et nous informe que l’ambassadeur du Tchad à Genève s’est rendu ce vendredi au bureau des Nations Unies pour demander des explications. Le chef de la diplomatie tchadienne a annoncé ce jeudi le retrait du contingent tchadien de la MISCA.

Afriqueinside.com : Le retrait des soldats tchadiens de la MISCA est-il définitif ?

M. Moussa Faki : Absolument. C’est un retrait définitif. Pourquoi revenir sur cette décision. Nous l’avons pris en connaissance de cause. Les contingents tchadiens sont victimes d’une campagne malveillante et cela continue. Un porte-parole de l’ONU aux droits de l’Homme (Rupert Coville) a fait des déclarations tapageuses. Heureusement le général Moukoko, chef de la MISCA a démenti sur France 24. Un porte-parole porte-parole de l’ONU aux droits de l’Homme a déclaré qu’un contingent tchadien est venu spécialement à Bangui pour s’en prendre à la population, vous imaginez? On ne comprend pas.

« NOUS DEMANDONS DES EXPLICATIONS AUX NATIONS UNIES »

 

Afriqueinside.com : Quelles suites allez-vous donner à ces accusations?

M. Moussa Faki : Nous demandons des explications aux Nations Unies. Notre ambassadeur de Genève s’est rendu au bureau de l’ONU en Suisse pour en savoir plus. J’ai parlé au général Moukoko en Centrafrique qui dément totalement les accusations portées à l’encontre du contingent tchadien. Nous sommes en droit de faire tout ce qui est possible pour qu’on ne salisse pas le Tchad et son armée. Une institution des droits de l’homme de l’ONU se doit de vérifier ses informations auprès des gens sur le terrain.

« LA FRANCE DOIT COMPRENDRE »

 

Afriqueinside.com : Comment réagit la France à l’annonce par vos soins du retrait tchadien de la MISCA?

M. Moussa Faki : Nous n’avons pas demandé la permission de qui que ce soit pour intervenir en Centrafrique. Nous sommes allés en RCA parce que la communauté internationale nous l’a demandé. Nous avons informé la présidente de la transition M. Catherine Samba-Panza, la présidente de l’Union Africaine, et le secrétaire général de L’ONU. La France doit comprendre notre position.

Afriqueinside.com : Vous regrettez l’inertie et le silence de la France ?

M. Moussa Faki : Ecoutez, nous, nous sommes responsables des tchadiens. Dans les circonstances actuelles, on ne peut pas laisser l’armée tchadienne sur place.

Afriqueinside.com : Vous n’avez pas le sentiment d’être lâché par la France ?

M. Moussa Faki : Nous sommes allés au Mali en solidarité avec le peuple malien. Nous en sommes fiers. Pour le reste en Centrafrique, nous avons fait de notre mieux nous avons consentie de lourds sacrifices mais nous constatons malheureusement qu’il y a des confusions telles qu’il n’est pas souhaitable pour nous de maintenir un contingent militaire.

Afriqueinside.com : Vous ne craignez pas que ce retrait ne jette un discrédit sur l’action du Tchad à la tête de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), médiateur dans la crise centrafricaine?

M. Moussa Faki : Pas du tout. Nous sommes disposés à aider la Centrafrique, politiquement, diplomatique et financièrement nous allons continuer à soutenir la Centrafrique. Nous avons retiré notre présence militaire mais nous demeurons solidaire de la RCA.

Afriqueinside.com : Et les musulmans centrafricains, craignez-vous pour leur avenir avec le départ des soldats tchadiens?

M. Moussa Faki : La protection de la population civile entre dans le cadre du mandat des forces internationales MISCA et Sangaris Ce mandat implique de protéger toutes les populations sans distinction. Le contingent Tchadien n’a pas pour vocation de protéger exclusivement la population musulmane, tout le monde doit les protéger.

Afriqueinside.com : Le Tchad constitue un acteur clé de la crise centrafricaine avec 850 soldats sur les 6.000 hommes de la MISCA. Est-ce que votre pays est prêt à assumer les conséquences de son retrait militaire ?

M. Moussa Faki : Où vous êtes acceptés et vous faites votre travail mais on ne peut dire que vous êtes indésirables et qu’il faut rester c’est une contradiction monumentale. Nous sommes en discussion avec la MISCA sur les modalités de notre retrait.
 

(EN RCA) « LE PROBLEME EST EMINEMMENT POLITIQUE »

 

Afriqueinside.com : Comment expliquez-vous le cycle de violence qui perdure en RCA ?

M. Moussa Faki : On parle d’un problème d’effectif mais le problème est éminemment politique, il faut que le gouvernement, la classe politique et la société civile se ressaisissent. C’est abord aux centrafricains de prendre leur destin en main.

Afriqueinside.com : Quel bilan faites-vous de la transition en matière de réconciliation nationale notamment ?

M. Moussa Faki : On ne voit aucune évolution sur le plan politique, aucune décision politique. Il devait y avoir une conférence sur la réconciliation nationale sous l’égide de la CEEAC mais encore faut-il un minimum d’apaisement pour cela.

Propos recueillis par Samantha Ramsamy 

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