Le Ministre de l’Assainissement Publique, de la Promotion de la Bonne Gouvernance M. Hinsou Hara a rendu publique les conclusions du rapport de l’opération cobra sur la gestion de la Cotontchad le 5 août dernier à Moundou. Mais, ce rapport qui vise à redresser la gestion au sein de cette société, est loin, sinon très loin de faire la lumière sur la gestion de la société nouvelle. Son PDG M. Mahamat Adoum Ismaël se trouve à la surprise générale entre les crocs de la vipère. Cobra aurait-il raté sa proie à Moundou ?

La nouvelle est tombée tel un couperet : Cobra suspend le PDG de la Cotontchad pour indélicatesse dans la gestion et laxisme. Un déficit de plus de 80 millions lui serait reproché. C’est la désolation au niveau du personnel de la plus grande société nationale. Cadres et ouvriers sont désemparés et estiment que leur patron qui préside aussi aux destinées du Conseil National du Patronat Tchadien (CNPT) n’est pas un homme à se livrer à pareil larcin. A sa grande surprise, ils nous confient qu’un « commerçant s’est procuré des graines de coton, et devrait enregistrer sa facture au niveau du domaine mais ne l’a pas fait et il est inadmissible que l’on assimile cette négligence à un vol orchestré par le PDG ». Pour eux, la sentence de Cobra frise la machination. Tout porterait à croire que le redressement de la Cotontchad entreprise de mains de maître par Ismaël ne plairait pas à quelques caciques du régime. Ces derniers trouveraient en Ismaël un pédantisme qui «lui fait hausser les épaules comme si au Tchad, ce n’est pas la politique qui prévaut mais plutôt la maîtrise des dossiers ».


A qui le Kanembou-blanc fait-il peur ?

Mahamat Adoum IsmaelCet intellectuel qui fait la fierté du Tchad ne serait pas bien vu par certains courtisans du Palais Rose qui le trouverait trop serviable. Autrefois en poste à Bruxelles, cet énarque a été sollicité par le groupe Somdia pour rentrer au Tchad afin de prendre la direction de la Compagnie Sucrière du Tchad. Il était à l’aise à son poste quand le gouvernement fit appel à lui pour venir au chevet de la Cotontchad alors moribonde. En peu de temps, expliquent les cadres de la Cotontchad, Mahamat Adoum Ismaël a redressé la situation. Pour preuve, la production est passée de 35000 tonnes à 88 000 tonnes et le nombre des producteurs de 100.000 à 250.000 tonnes en deux années d’exercice. Un bilan salué par le personnel de la Cotontchad de Moundou qui a exprimé son mécontentement le 8 août dernier devant l’usine de la Cotontchad, suite au rapport du cobra qui livre leur patron à la vindicte populaire. « Il n’est pour rien. C’est un chef qui travaille. Pourquoi l’exposer ainsi », s’interroge le personnel de la société nouvelle.

Son franc parlé et son pragmatisme l’ont amené à rassurer les cotonculteurs qui se sont remis à croire en l’or blanc. Dans une récente interview accordée à la Radio nationale, le PDG démontrait avec force détails que le secteur cotonnier avait des beaux jours devant lui. L’on ne comprend pourquoi donc que le reptile à tête chercheuse s’en prenne avec acharnement à ce haut cadre. La rapidité par laquelle le patron de la Cotontchad société nouvelle s’est retrouvé écroué laisse beaucoup de questions pendantes. A l’heure où nous mettons sous presse, il est à la maison d’arrêt de Moundou.

Le titre honorifique octroyé par la France serait la goûte d’eau qui fait déborder le vase. Mais avant cette décoration, en novembre 2010 il a eu la médaille de l’académie des sciences d’outres mer dans le cadre du cinquantenaire des indépendances africaines. Ismaël est présenté par certains pontes du MPS comme l’homme de la France. Autres analystes et pas les moindres nous laissent comprendre que diriger une entreprise cotonnière en Afrique Centrale c’est marcher sur une corde raide. Pour preuve, au Cameroun, le DG de la SODECOTON, par ailleurs président de la fédération camerounaise de football croupit en prison à Yaoundé pour : « 20 fautes de gestions ». De quelles fautes s’agit-il ? Aucun éclaircissement n’est donné jusque là. Sauf que l’on fait étalage d’un déficit de 9 milliards sans détails. La similitude entre les deux hommes c’est qu’ils sont soutenus par le lobbying français. Or la Chine, autre prédateur dont les opérations prennent d’assaut la sous-région convoite cet or noir. Selon certaines sources dignes de foi, les sous-sols de certaines régions du Sud du Tchad et celles du Nord-Est du Cameroun (Touboro) produisent une des meilleures marques de ce produit en l’occurrence le BLTBF très prisée sur le marché international. En attendant que lumière soit faite sur cette affaire, Mahamat Adoum Ismaël, patron des patrons, file du mauvais coton.

Bruce Djim-Adjim Ouaye, envoyé spécial à Moundou
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Tchad: Mahamat Adoum Ismaël, file du mauvais coton !

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